Le Père la Victoire a gagné sa guerre et une popularité qui vaut reconnaissance de toute la nation. Clemenceau est sans conteste le grand homme dont la France avait besoin pour sortir avec honneur de cette Grande Guerre.
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« Il me semble qu’à cette heure, en cette heure terrible, grande et magnifique, mon devoir est accompli […] Au nom du peuple français, au nom du gouvernement de la République française, j’envoie le salut de la France une et indivisible à l’Alsace et à la Lorraine retrouvées. »2612
(1841-1929), Discours écrit et parlé à la Chambre des députés, 11 novembre 1918
Histoire politique de la Troisième République : la Grande Guerre, 1914-1918 (1967), Georges Bonnefous, Édouard Bonnefous.
Le député Paul Deschanel, président de la Chambre, a appelé Clemenceau, qui monte à la tribune sous les vivats, tire de sa poche un long papier. Et cet homme de 77 ans lit d’une voix claire. Avant de conclure…
« Honneur à nos grands morts […] Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours soldat de l’idéal. »2613
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours écrit et parlé à la Chambre des députés, 11 novembre 1918
Pour la France, c’est le Père la Victoire, qui lui a donné le courage de vaincre. Pour les Alliés, la France qui a fourni l’effort de guerre essentiel ressort auréolée d’un immense prestige.
« L’armistice vient d’être signé par Lloyd George qui ressemble à un caniche, par Wilson qui ressemble à un colley et par Clemenceau qui ressemble à un dogue. »2614
Jean GIRAUDOUX (1882-1944), Suzanne et le Pacifique (1921)
Diplomate et romancier, puis auteur dramatique, il fera une longue carrière aux Affaires étrangères de 1910 à 1940. L’armistice est signé le 11 novembre 1918, dans un wagon-salon près de la gare de Rethondes. Il impose à l’Allemagne l’évacuation des territoires envahis, de la rive gauche du Rhin, ainsi que d’une zone de 10 km sur la rive droite ; la livraison de matériel de guerre (canons, mitrailleuses, sous-marins, navires) pour prévenir toute reprise des hostilités ; la restitution immédiate des prisonniers de guerre. Signé pour 36 jours, l’armistice est reconduit jusqu’à la signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919.
« Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée, la liberté du monde. »2615
Maréchal FOCH (1851-1929), Ordre du jour aux armées alliées, 12 novembre 1918
Foch, généralissime, est promu maréchal, en août 1918. Son ordre du jour est rédigé le 11 novembre à Senlis, à l’heure même où Clemenceau parle à la Chambre des députés, et publié le 12 novembre : « Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées, après avoir résolument arrêté l’ennemi, vous l’avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit […] Soyez fiers ! D’une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La postérité vous garde sa reconnaissance. »
« Madelon, ah ! verse à boire,
Et surtout, n’y mets pas d’eau,
C’est pour fêter la victoire,
Joffre, Foch et Clemenceau. »2616Lucien BOYER (1876-1942), paroles, et Charles BOREL-CLERC (1879-1959), musique, La Madelon de la victoire (1918), chanson
Cette chanson à boire, créée en 1919, éclipse presque l’autre Madelon. Clemenceau (ou plutôt l’administration) confond d’ailleurs les deux chansons, quand il décore par erreur Lucien Boyer de la Légion d’honneur, le prenant pour l’auteur de Quand Madelon. Créée par Rose Amy et reprise par Chevalier, La Madelon de la victoire va devenir mondialement célèbre : « Après quatre ans d’espérance / Tous les peuples alliés / Avec les poilus de France / Font des moissons de lauriers […] / Madelon, emplis mon verre / Et chante avec les poilus / Nous avons gagné la guerre / Hein, crois-tu qu’on les a eus ! »
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