80e anniversaire du Front populaire. Des acquis sociaux incontestables, dans un contexte de guerres civile et bientôt mondiale.
Peut-on comparer avec notre actu chaotique ? Loi travail contestée, gauche déchirée, guerre contre le terrorisme, réfugiés aux frontières, Europe en crise, montée des extrêmes (droites)… Que l’Histoire nous serve de repère, sinon de leçon !
« Tout va très bien, Madame la marquise. » « Y’a d’la joie ! »2675
(1908-1979) et (1913-2001), titres et refrains des deux succès de l’année 1936, chansons
Ray Ventura, promoteur de l’orchestre à sketchs avec ses Collégiens, et sur un tout autre registre, Trenet, le « fou chantant », auteur-compositeur-interprète parti pour une très longue carrière, tentent de faire oublier aux Français la « montée des périls ».
Trois dictateurs, trois fascismes sont à nos frontières : Hitler, Mussolini, Franco. Et le Japon d’Hiro-Hito, qui mène une politique impérialiste et expansionniste, s’allie à l’Allemagne et à l’Italie.
Dans ce contexte international tragique, le Front populaire fait se lever un immense espoir : la Politique et les Mots ont soudain un sens et peuvent changer le monde.
« Donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse, et au monde la grande paix humaine. »2671
André CHAMSON (1900-1983), Jean GUÉHENNO (1890-1978), Jacques KAYSER (1900-1963), Serment de la gauche au vélodrome Buffalo à Montrouge, 14 juillet 1935
Deux intellectuels de gauche et un journaliste radical ont signé ce Serment et participent à ce grand rassemblement populaire.
La « grande paix humaine » est bien menacée par la montée des périls (fascisme et nazisme). Le Front populaire va faire face à un climat politique, social, idéologique et un contexte international de plus en plus difficiles, tandis que les divisions de la France entre gauche et droite rappellent les pires heures de l’histoire.
Pain. Paix. Liberté.2676
Léon BLUM (1872-1950), slogan électoral du Front populaire affiché sur tous les murs
Le triptyque programmatique (repris au communiste Maurice Thorez) a été longtemps débattu. D’abord, le pain, contre la crise et la misère du peuple, après la grande crise de 1929 ; ensuite, la paix, contre les ligues violentes et la guerre menaçante ; enfin, la liberté, contre le fascisme et les dictatures.
Le programme du Front populaire est précis dans le domaine politique et social (interdiction des ligues d’extrême droite, affirmation des droits syndicaux, école laïque), mais plus flou en matière économique.
« Nous n’attendrons ni une semaine, ni trois jours, ni même une heure pour le répéter solennellement : nous ne subirons pas la loi de la spéculation internationale. »2670
Léon BLUM (1872-1950), annonçant le programme de la gauche unie
« Nous » : les trois grands partis de gauche ont conclu une alliance électorale. Le Front populaire réunit le parti communiste de Thorez, le parti socialiste de Blum et, plus près du centre, le parti radical-socialiste de Daladier. C’est l’union de la gauche que Mitterrand reconstituera pour gagner la présidentielle, en 1981.
Les élections (26 avril et 3 mai 1936) amènent au pouvoir la coalition des gauches : 358 sièges (contre 222). Blum prend la tête du gouvernement que les communistes soutiennent, sans participer. Vincent Auriol, ministre des Finances, lance la formule quasi-révolutionnaire : « Les banques, je les ferme, les banquiers, je les enferme. » Hollande fera écho en 2012, désignant la finance comme son adversaire.
Une vague nationale de grèves se propage immédiatement et spontanément, de la métallurgie (11 mai, usine Bréguet du Havre) aux industries chimiques, textiles, au bâtiment, aux grands magasins. Grèves sur le tas, occupations d’usines, toujours pacifiques, conflits d’un nouveau style. Sans consignes syndicales, le but des grévistes est d’obtenir sans délai les avantages sociaux promis par le Front populaire.
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.