De Gaulle et la France : plus qu’un duo, une incarnation. « Je suis France ! » disait déjà Louis XI à la fin du Moyen Âge. Mauriac, gaulliste de la première heure, mêlant passion et raison, confirme : « Un fou a dit « Moi, la France » et personne n’a ri parce que c’était vrai. »
Cela vaut d’abord pendant la IIe Guerre mondiale, mais de Gaulle revient en sauveur sur la scène politique, en pleine guerre d’Algérie. Ce duo avec la France ne va pas sans duels, drames et oppositions. Mais au final, le général reste dans l’Histoire comme une référence nationale, le plus illustre des Français, et pour beaucoup, le plus grand.
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. »2710
(1890-1970), Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)
Premiers mots des Mémoires : six années d’histoire de France et du monde en trois tomes – suite de récits, portraits, méditations et formules – signés d’un personnage historique qui est aussi un écrivain parmi les grands du siècle. Son entrée dans la prestigieuse collection de La Pléiade (Gallimard, 2002) en fait foi.
Le début est devenu page d’anthologie : « Le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. »
« Devant la confusion des âmes françaises, devant la liquéfaction d’un gouvernement tombé sous la servitude ennemie, devant l’impossibilité de faire jouer nos institutions, moi, général de Gaulle, soldat et chef français, j’ai conscience de parler au nom de la France. »2756
Charles de GAULLE (1890-1970), Appel à la BBC, 19 juin 1940
La voix parle et reparle au micro. L’Appel du 18 juin est suivi d’autres qui touchent des Français de plus en plus nombreux à se vouloir libres. Le gouvernement légal ne va pas longtemps tolérer cette « voix de la France » qui lui dispute sa légitimité, mais de Gaulle aura le dernier mot.
« Puisque ceux qui avaient le devoir de manier l’épée de la France l’ont laissé tomber brisée, moi, j’ai ramassé le tronçon du glaive. »2766
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution à la BBC, 13 juillet 1940
Le chef de la France libre commence à être entendu. Le lendemain, 14 juillet, pas de défilé militaire dans Paris occupé, alors que défilent à Londres les premiers « Français libres » (engagés dans les FFL, Forces françaises libres) : première manifestation officielle et symbolique, le général passe en revue 800 soldats. Ses effectifs sont d’environ 3 000 hommes.
Il enchaîne appels et discours à la radio - puissant moyen de communication, avant la télévision que de Gaulle, président de la République, va utiliser avec un art consommé de la médiatisation. Son secret : forme et fond, il combine les deux.
« Je m’adresse à la France. Eh bien, mon cher et vieux pays, nous voici donc ensemble encore une fois, face à une nouvelle épreuve. »2989
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée du président de la République, 29 janvier 1960
Guerre d’Algérie. Omniprésent sur tous les fronts, il excelle dans la communication directe avec la France et les Français. Cette fois, le général s’est mis en tenue militaire, pour traiter du drame national. La semaine des Barricades a commencé à Alger, le 24 janvier. La population de souche métropolitaine refuse l’idée d’autodétermination lancée par de Gaulle et s’oppose au renvoi du général Massu – affirmant dans un journal allemand que l’armée est pour l’Algérie française.
« Françaises, Français […] j’ai besoin de savoir ce qu’il en est dans les esprits et dans les cœurs, c’est pourquoi je me tourne vers vous par-dessus tous les intermédiaires. En vérité, qui ne le sait, l’affaire est entre chacune de vous, chacun de vous et moi-même. »2997
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 6 janvier 1961
Dernière apparition présidentielle, avant le référendum du 8 qui demande au peuple français d’approuver le principe de l’autodétermination du peuple algérien. « Oui » : plus de 75 % des suffrages exprimés. Les électeurs n’ont pas suivi les consignes des partis politiques et, comme de Gaulle adepte fervent du référendum, ils ont négligé ces intermédiaires.
Choc terrible, chez les Européens d’Algérie, également consultés et qui ont répondu majoritairement « non ». Ils ne se savaient pas à ce point coupés de la métropole, abandonnés. Ils vont durcir leur position, mais c’est cause perdue.
« Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France. »2973
Charles de GAULLE (1890-1970), Interview radiotélévisée du président de la République, 15 décembre 1965
Autre combat, « politique politicienne ». Incarner la France, s’identifier à elle, c’est aussi une façon de s’opposer aux partis qu’il méprise. Il n’est pas centriste, ni à côté des partis, il est au-dessus. Pour l’heure, il s’agit de l’élection présidentielle, pour la première fois au suffrage universel (de par sa volonté). Autrement dit, un référendum à l’échelle du pays. Mis en ballottage, il est élu au second tour à 54,5% des voix. Fin du mythe gaulliste ?
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