Seconde Guerre Mondiale
Préparer l’après-guerre
De Gaulle, identifiant son destin à celui de la France, ne se contente pas de combattre. Il prépare les bases d’un régime nouveau qu’il voudrait sans plus de coalitions d’intérêts ni de privilèges, et cherche déjà à éviter la tutelle militaire des Alliés une fois l’Allemagne vaincue.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Blason de défaites, blason d’indignités, telles étaient les armoiries que le nouvel ordre remettait, pour leur sacre, à ses chevaliers. »2799
(1882-1944), Sans pouvoirs (posthume, 1946)
Diplomate de carrière en même temps qu’auteur de roman et de théâtre, commissaire à l’Information dans le gouvernement Daladier en 1939, il quitte ce poste après la défaite et condamne bientôt le régime de Vichy, ses « chevaliers » et leurs « armoiries » : « Un proche avenir les martèlera, aucune de leurs devises n’a été acceptée par le pays et la leçon des événements est bien loin pour la France des vérités où certains de ses dirigeants ont prétendu la trouver. » (…)
« La France choisit le chemin nouveau […] S’il existe encore des Bastilles, qu’elles s’apprêtent de bon gré à ouvrir leurs portes. »2800
Charles de GAULLE (1890-1970), Discours d’Alger, 14 juillet 1943. Histoire de la IVe République : la République des illusions, 1945-1951 (1993), Georgette Elgey
Il continue de préparer l’après-guerre et des réformes dans le sens de la gauche.
Il élargit les assises politiques de la France libre, devenue France combattante en prenant acte de l’adhésion de la Résistance intérieure, il met en place des institutions, rédige des textes, et tout cela d’Alger qui remplace Londres et se pose, contre Vichy, en vraie capitale (provisoire) de la France.
« L’union nationale ne peut se faire et ne peut durer que si l’État sait distinguer les bons serviteurs et punir les criminels. »2801
Charles de GAULLE (1890-1970), Discours de Casablanca, 8 août 1943. Discours et messages, 1940-1946 (1946), Charles de Gaulle
Toujours cette préoccupation de préparer une France capable de se gouverner et de s’administrer elle-même, pour éviter la tutelle militaire que les Alliés songent à lui imposer. Le temps venu, l’épuration judiciaire frappera les criminels de la collaboration (…)
« Nous vivions dans la crainte, maintenant nous allons vivre dans l’espoir. »2802
Tristan BERNARD (1866-1947), à sa femme, dans le car de la Gestapo qui emmène le couple à Drancy, 1er octobre 1943. Le Nouvel Observateur, n° 1784 (14 janvier 1999), article de Françoise Giroud
(…) À 78 ans, il refuse d’écouter ceux qui l’avertissent du danger : « Comment voulez-vous qu’on fasse du mal à un Français qui est dans le dictionnaire ? »
Le couple sera sauvé par l’intervention de ses amis, Arletty et Sacha Guitry, qui ont des amis allemands. Tristan Bernard meurt en 1947, muré dans le silence – son petit-fils n’est pas revenu du camp de Mauthausen.
« Je vous salue ma France où le peuple est habile
À ces travaux qui font les jours émerveillés
Et que l’on vient de loin saluer dans sa ville
Paris mon cœur trois ans vainement fusillé […]
Ma France d’au-delà le déluge, salut ! »2803Louis ARAGON (1897-1982), « Je vous salue ma France… » (1943). L’œuvre poétique, volume X (1974), Aragon
Aragon s’est engagé, communiste d’abord, résistant ensuite. Ses vers, œuvres de circonstance au meilleur sens du terme, sont cités par le général de Gaulle à la radio de Londres (…)
« Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas, c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent. »2804Robert DESNOS (1900-1945), « Demain », État de veille (1943)
(…) Les Français souffrent plus que jamais en 1943 : l’ordre allemand s’impose avec les SS et la Gestapo, les restrictions, le système des otages, les déportations, les délations. « Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille […] / Âgé de cent mille ans, j’aurai encore la force / De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir. » Desnos mourra en déportation.
« En combattant, la classe ouvrière ne se coupe pas de la nation, au contraire […] La cessation collective du travail, à ce moment-là, devient une action sociale et patriotique. »2805
Appel de la CGT aux ouvriers, manifeste du 12 décembre 1943. Esquisse d’une histoire de la CGT, 1895-1965 (1967), Jean Bruhat, Marc Piolot
Dissoute officiellement le 9 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy, la Confédération générale du travail (CGT) se reconstitue dans la clandestinité en octobre 1943. Dans toute l’Europe occupée, les communistes vont répondre à l’appel de Staline pour aider l’URSS en difficulté (…)
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.