Petite histoire de la justice : 6e épisode. Quatrième et Cinquième Républiques.
Justice toujours en question dans un état de droit.
Dans notre démocratie française comme dans tous les régimes équivalents, la parole est libre et l’opinion, (bien ou mal) éclairée, se révèle extrêmement sensible à l’idée de justice.
Les institutions judiciaires sont clairement en progrès au fil de l’Histoire. Mais rien n’est jamais acquis.
Restons vigilants et soyons toujours citoyens.
« Quand l’opprimé prend les armes au nom de la justice, il fait un pas sur la terre de l’injustice. »2899
(1913-1960), « Les raisons de l’adversaire », L’Express, 28 octobre 1955
Né en Algérie, intellectuel resté très populaire, épris de justice autant que de liberté, Camus fut plus qu’un autre déchiré par les événements : « Telle est, sans doute, la loi de l’histoire. Il n’y a plus d’innocents en Algérie, sauf ceux, d’où qu’ils viennent, qui meurent. »
Le 2 avril 1955, l’état d’urgence est voté pour lutter contre la rébellion, les libertés publiques suspendues. Le gouverneur Soustelle tente une politique de réformes, mais l’insurrection dans le Constantinois et les massacres du FLN le 20 août poussent le gouvernement Edgar Faure à appeler les réservistes, le 24. Simples opérations de maintien de l’ordre ? La fiction est vite insoutenable. Il s’agit d’une guerre, une sale guerre.
La France, sa démocratie, ses valeurs, ses institutions, tout était dans le plus grand péril - jusqu’au retour du général de Gaulle, rappelé au pouvoir par le président Coty en mai 1958.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. »2913
CAMUS à Stockholm, 5 octobre 1957
Réponse à un étudiant algérien, partisan du FLN, qui l’interpelle lors de sa remise du prix Nobel. Le mot sera bientôt retourné contre son auteur, non sans injustice.
« La vraie justice serait d’exiger que paient ceux qui cassent les hommes. »3124
Père CARDONNEL, Déclaration au procès de Le Dantec et Le Bris, fin mai 1970
Il témoigne pour les deux jeunes condamnés comme directeurs de La Cause du peuple. Et Sartre riposte dans Le Monde : « Mai 68 n’a pas été une flambée sans lendemain ; ce fut une insurrection trahie, mais non vaincue. »
« J’ai été avocat pendant 28 ans et garde des Sceaux pendant 28 jours. Si je suis le seul ministre de la Justice à ne pas avoir commis d’erreur, c’est parce que je n’ai pas eu le temps. »3257
Michel CRÉPEAU succèdant à Robert Badinter, 19 février 1986
Aveu de modestie rare en politique : le ministre sera nommé pour le prix de l’humour politique – rendez-vous pour amateurs de bons mots et source sérieuse de citations.
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