Si respecté soit-il, si impressionnant (et bon acteur) qu’il se montre dans son exercice du pouvoir, de Gaulle président n’en est pas moins objet d’humour, vu par ses opposants et même par ses soutiens les plus illustres ! Rappelons le mot aussi pertinent qu’impertinent de Malraux : « Chez de Gaulle, il n’y a pas de Charles ».
« Le général de Gaulle se tient sous le regard du général de Gaulle qui l’observe, qui le juge, qui l’admire d’être si différent de tous les autres hommes. »2976
(1885-1970), De Gaulle (1964)
Romancier témoin de son temps, redevenu un fervent gaulliste depuis 1958, sans être jamais du style « godillot », ni dans le fond, ni dans la forme : « Que de Gaulle se voie lui-même comme un personnage de Shakespeare et comme le héros d’une grande histoire, cela se manifeste clairement chaque fois (et c’est souvent) qu’il parle de lui à la troisième personne. »
On doit à Mauriac l’une des plus originales et justes définitions de l’homme, dans la situation quasi-désespérée du pays en 1940 : « Un fou a dit « Moi, la France » et personne n’a ri parce que c’était vrai. »
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« La conférence de presse du général de Gaulle est une œuvre d’art. L’orateur survole la planète, rappelle le passé et jette des rayons de lumière sur l’avenir. Il distribue blâmes ou éloges aux uns et aux autres, il couvre de mépris ses adversaires et il ne dissimule pas la satisfaction que lui inspire la France qu’il façonne. »2978
Raymond ARON, Le Figaro, 25 janvier 1963
Comme le bain de foule, c’est une institution du nouveau régime. Cet « exercice de haute voltige politico-historique » a fasciné bien des témoins, dont Jean Lacouture (biographe) : « Toujours derrière un pupitre, sur une chaire, pour nous enseigner sa leçon unique : que, sans la France, le monde n’est pas digne de vivre. Que, sans de Gaulle, la France n’est pas apte à survivre. »
« Le général de Gaulle est-il donc si seul, si peu informé, si mal conseillé ? La Moselle n’est pas l’Algérie, les mineurs ne sont pas l’OAS. »3015
Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER, L’Express, 7 mars 1963
L’Express, créé en 1953 par JJSS pour soutenir Mendès France et très politisé durant la guerre d’Algérie, reste de gauche. Dans un climat de paix sociale relative éclate le 1er mars la grève totale des mineurs (Lorraine et Nord-Pas-de-Calais). Le décret de réquisition du 2 mars n’arrange rien. Même la droite est critique : « On ne s’adresse pas à des mineurs comme à des enfants de troupe. » (Jean Grandmougin, L’Aurore)
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