Cinquième République. Née sous le signe du gaullisme avec la Constitution du 4 octobre 1958, elle est logiquement influencée par le personnage national appelé au secours de la République en péril (en pleine guerre civile algérienne). Elle crée un régime présidentiel et occulte le Premier ministre - jusqu’au départ du général de Gaulle, à partir de 1969.
Feuilletez la Chronique sur la Ve République pour en savoir plus.
« Guide de la France, et chef de l’État républicain, j’exercerai le pouvoir suprême dans toute l’étendue qu’il comporte désormais. »2982
(1890-1970), Déclaration radiotélévisée, 28 décembre 1958
Les Idées constitutionnelles du général de Gaulle (1974), Jean Louis Debré, Charles de Gaulle.
Il vient d’être élu président de la République, le 21 décembre. La nouvelle Constitution, ratifiée par le référendum du 28 septembre avec près de 80 % de oui et promulguée le 4 octobre, fonde le nouveau régime (présidentiel) de la Cinquième République, confiant au chef de l’État les quatre attributions fondamentales, sans aucune obligation de contreseing ministériel : nomination du Premier ministre, dissolution de l’Assemblée nationale, recours au référendum et mise en jeu des pouvoirs spéciaux en cas de crise. « Chèque en blanc », titre Le Monde, journal d’opposition.
« Un des caractères essentiels de la Constitution de la Ve République, c’est qu’elle donne une tête à l’État. »2932
Charles de GAULLE (1890-1970), Conférence de presse, 20 septembre 1962
Cette autorité qui a tant manqué à la précédente République était indispensable pour régler « les trois affaires qui dominent notre situation : l’Algérie, l’équilibre financier et économique, la réforme de l’État », dira de Gaulle à la radio, peu de temps après son arrivée au pouvoir en 1958. Ajoutons qu’il y aura quasi-identification entre cette République et cette tête, aussi longtemps que de Gaulle en sera le président.
Mitterrand, son principal opposant, donne sa version institutionnelle dans un pamphlet ouvertement anti-gaulliste : « Qu’est-ce que la Ve République, sinon la possession du pouvoir par un seul homme dont la moindre défaillance est guettée avec une égale attention par ses adversaires et par le clan de ses amis ? » (Le Coup d’État permanent, 1964).
« Tout de même qu’à bord du navire l’antique expérience des marins veut qu’un second ait son rôle à lui à côté du commandant, ainsi dans notre nouvelle République, l’exécutif comporte-t-il après le président voué à ce qui est essentiel et permanent un Premier ministre aux prises avec les contingences. »2936
Charles de GAULLE (1890-1970), Mémoires d’espoir, tome I, Le renouveau, 1958-1962 (1970)
Division du travail et problème fondamental du fonctionnement de nos institutions, avec l’existence d’un « domaine réservé » au chef de l’État, cependant que le « second », qui n’est plus président du Conseil, mais seulement le Premier des ministres de son gouvernement, gère le quotidien, rôle moins prestigieux et plus ingrat.
« Être, avoir été le premier collaborateur du général de Gaulle est un titre inégalé. »3008
Michel DEBRÉ (1912-1996), Premier ministre, fin de la lettre au général de Gaulle, rendue publique le 15 avril 1962
Il faut tourner la page après la conclusion du drame algérien : « Comme il était convenu, et cette étape décisive étant franchie, j’ai l’honneur, Mon Général, de vous présenter la démission du gouvernement. » Ce à quoi le général de Gaulle répond : « En me demandant d’accepter votre retrait du poste de Premier ministre et de nommer un gouvernement, vous vous conformez entièrement et de la manière la plus désintéressée à ce dont nous étions depuis longtemps convenus. »
Georges Pompidou entre sur la scène de l’histoire : il forme le nouveau gouvernement le 25 avril, essentiellement UNR (Union pour la Nouvelle République, parti gaulliste), avec quelques MRP (Mouvement républicain populaire). Ce n’est pas un parlementaire rompu au jeu politique, mais un « agrégé sachant écrire », parachuté à 33 ans dans le cabinet de Gaulle en 1944. Il restera six ans chef de gouvernement – un record, sur ce siècle !
« Il n’y a eu de France que grâce à l’État. La France ne peut se maintenir que par lui. Rien n’est capital que la légitimité, les institutions et le fonctionnement de l’État. »2974
Charles de GAULLE (1890-1970), Conseil d’État, 28 février 1960
Parole de crise, en pleine guerre d’Algérie (au lendemain des barricades d’Alger), mais idée chère à de Gaulle, grand admirateur de Richelieu qui fit de la France un État moderne. La légitimité était déjà un thème récurrent, durant sa Résistance. L’action et le verbe gaulliens se ramènent à quelques idées-forces, régulièrement martelées par le général s’adressant au peuple ou à ses représentants. Dans Les Chênes qu’on abat, Malraux le cite : « Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples. »
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