Europe, nouveau thème institutionnel qui a déjà un petit passé et sûrement beaucoup d’avenir.
« Si grand que soit le verre que l’on nous tend du dehors, nous préférons boire dans le nôtre, tout en trinquant aux alentours. »3023
(1890-1970), Allocution radiotélévisée, 27 avril 1965
Le Général de Gaulle et la construction de l’Europe, 1940-1966 (1967), Edmond Jouve.
Nous retrouvons le général avec plaisir. Premier président de notre Cinquième République, il fait le bilan de son action, sur le thème qui lui est particulièrement cher, l’indépendance nationale : « Le fait capital de ces sept dernières années, c’est que nous avons résisté aux sirènes de l’abandon et choisi l’indépendance. » En février 1966, la France reste membre du Pacte atlantique, mais se retire du dispositif militaire intégré (OTAN).
Rappelons au passage qu’il n’est pas anti-européen, il n’est qu’à se référer au grand Discours de Strasbourg du 23 novembre 1959 : « Oui, c’est l’Europe depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, toutes ces vieilles terres où naquit, où fleurit la civilisation moderne, c’est toute l’Europe qui décidera du destin du monde. »
Mais de quelle Europe s’agit-il ? Un an plus tôt, il écrit à Paul Reynaud : « Vous savez qu’à mon sens, on peut voir l’Europe et peut-être la faire de deux façons : l’intégration par le supranational, ou la coopération des États et des nations. C’est à la deuxième que j’adhère. » Dont acte. Histoire à suivre.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« L’Europe, ça m’en touche une, sans faire bouger l’autre. »3298
Jacques CHIRAC, Dans la peau de Jacques Chirac (2006), Karl Zéro et Michel Royer
Humour chiraquien, expression qui, en privé, lui est familière. Appliqué à l’Europe, cela témoigne d’un engagement européen tardif. Né gaulliste, Chirac fut d’abord sceptique à l’égard de la construction européenne, trop fédéraliste. Mais comme ministre de l’Agriculture (1972-1974), il soutient la PAC, politique agricole commune profitable aux agriculteurs français. Son appel à soutenir le traité de Maastricht en 1992 marque le ralliement d’une majorité de la droite au projet européen.
« C’est une bonne idée d’avoir choisi le référendum, à condition que la réponse soit oui. »3385
Valéry GISCARD d’ESTAING, Le Monde, 6 mai 2005. Prix spécial du jury, décerné par le Press Club, humour et politique, en 2005
Humour sans doute involontaire, mais… VGE parle du projet de Constitution européenne : « C’est un texte facilement lisible, limpide et assez joliment écrit : je le dis d’autant plus aisément que c’est moi qui l’ai rédigé. » Mot également remarqué par le jury. Oui, mais… la réponse est NON, au référendum du 29 mai.
« Dans la tourmente, l’Europe reçoit le prix Nobel de la paix. »3494
Le Monde, dépêche AFP, 10 décembre 2012
L’Union européenne des 27 pays, représentée à Oslo par une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement (dont le couple vedette franco-allemand, Hollande et Merkel) a été couronnée deux mois plus tôt par le Nobel de la paix, pour son rôle dans la transformation « d’un continent de guerre en continent de paix ». Selon la presse internationale, cette récompense intervient alors que l’UE affiche un « état d’effritement évident ».
« On comprend qu’elle [l’Union européenne] n’ait pas reçu le prix Nobel d’économie, tant sa politique aggrave la crise et le chômage. »3497
Jean-Luc MÉLENCHON, coprésident du Parti de gauche et eurodéputé, AFP, 12 octobre 2012 (jour de la proclamation du prix)
L’ironie sied à l’ex-candidat à la présidence, qui reprend les arguments des partis à la gauche de la gauche socialiste : « Certes, l’Union européenne a garanti la paix aux marchés financiers, aux spéculateurs et aux profits bancaires… Mais ne mène-t-elle pas une guerre contre les peuples qui la composent et leurs droits sociaux ? Dans ces conditions, autant lui accorder aussi le prix Nobel de littérature pour la qualité littéraire de ses traités. Le Comité Nobel mérite, quant à lui, le prix Nobel de l’humour noir. »
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