Au XXe siècle, l’enseignement (de masse) est un problème récurrent. De l’école primaire à l’Université, en passant par le collège, le lycée, le bac, on voit les réformes de l’éducation se succéder avec plus ou moins de bonheur. Parfois, « ça explose ». Au-delà du folklore, Mai 68 fera date et sens. Mais rien n’est résolu.
« À travers les étudiants, c’est le problème même de la jeunesse qui est posé, de sa place dans la société, de ses obligations et de ses droits, de son équilibre moral même. »3050
(1911-1974), Premier ministre, Assemblée nationale, 14 mai 1968
Pompidou (1984), Éric Roussel.
Né de parents enseignants, Pompidou fut professeur (de français, latin, grec) avant de s’engager en politique.
L’homme (son caractère et son passé) se révèle fort utile au président de Gaulle, trop militaire pour être diplomate et sans doute trop âgé pour comprendre « les événements ». Pompidou est plus proche de cette jeunesse en action, manifs et slogans. « C’est qu’il ne s’agit pas simplement de réformer l’Université… » Cependant que les ouvriers se mettent en grève : usines et locaux occupés, directeurs et cadres séquestrés. La France est vent debout.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi. »3040
Slogan, murs de Nanterre, 22 mars 1968
Le Mouvement du 22 mars est parti de Nanterre. Avril sera calme, ce sont les vacances. L’agitation reprend à Paris, en mai. Les professeurs, les politiques, les commentateurs sont dépassés… Après « les événements », rien ne sera plus tout à fait comme avant, dans l’Université.
« Au cours de son histoire, la France s’est souvent trompée en matière universitaire car les hommes font les lois, mais ils ne savent pas nécessairement les lois qu’ils font. »3238
Raymond BARRE, citant Jules Ferry, Assemblée nationale, 24 mai 1983
Parole d’universitaire (professeur d’économie) et belle citation référentielle, dans le débat sur la réforme de l’enseignement supérieur. La « loi Savary » veut unifier l’enseignement secondaire et en finir avec la distinction école privée (dite libre) et école publique. Cette guerre scolaire va provoquer la chute du gouvernement.
« Vous avez pris le risque de rallumer la guerre scolaire qui s’était éteinte en France depuis des décennies […] Vous allez maintenant tordre le cou à la liberté des familles de choisir l’école de leurs enfants. »3246
Jacques CHIRAC, Assemblée nationale, 24 mai 1984
Savary, ministre de l’Éducation nationale, a déposé un projet de loi pour créer un « grand service unifié et laïc de l’enseignement public ». Manifestation monstre du 24 juin, un à deux millions de personnes défilent au nom de la défense de l’école libre pour les uns, de la laïcité pour les autres. Savary, désavoué, démissionne, suivi du gouvernement Mauroy. Fabius le remplace, le 17 juillet.
Devaquet au piquet.
Touche pas à ma fac.
Touche pas à mon bac.3269Slogans des manifestations contre la réforme de l’Université, fin novembre et début décembre 1986
Les intentions du ministre (autonomie, sélection, orientation) sont mal comprises. Étudiants et lycéens se mobilisent contre l’inégalité des diplômes (née de l’autonomie des universités), contre la sélection par l’argent (due à l’augmentation des droits d’inscription) et contre le principe de toute sélection (mot tabou). Défilés impressionnants, le folklore devient tragédie, avec la mort d’un étudiant, Malik Oussekine. Projet Devaquet retiré le 8 décembre. Quel gouvernement osera encore réformer l’enseignement supérieur ?
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