6e jour : stratégies gagnantes ou perdantes des dernières campagnes présidentielles. Malgré tout ce qu’on peut en dire, cela reste l’apogée de la vie politique française, la majorité du pays cherchant toujours l’homme providentiel… adoubé par le suffrage universel.
« L’élection présidentielle, c’est la rencontre d’un homme et d’un pays, d’un homme et d’un peuple. »3410
(né en 1951), Meeting de Caen, 1er mars 2007
Il reprend le mythe gaullien. C’est tout à fait juste, mais… en état de paix, ça ne fonctionne pas aussi bien. L’état de guerre décrété contre le terrorisme islamiste n’est pas comparable à nos dernières guerres historiques (Seconde guerre mondiale, guerre d’Algérie). Et un homme sans un parti puissant pour le porter et le « supporter » (au sens sportif du mot) a peu de chance d’aller au bout. Bayrou le sait.
Première tentative présidentielle en 2002, pour installer au centre de l’échiquier politique l’UDF, créée en 1978 par Giscard, seul président centriste de la Cinquième. La bipolarisation de la France rend la manœuvre difficile. Mais Bayrou bénéficie d’une cote de vraie sympathie. Il le sait, il en joue. Au vu des sondages, il pensait même pouvoir se qualifier au second tour en 2007, d’où victoire assurée. En 2012, son MoDem ne fait pas miracle. En 2017, le maire de Pau a renoncé au rêve présidentiel, pour figurer au côté du nouveau centrisme de Macron.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Faire une élection, c’est raconter une histoire de telle façon que l’enfant qui sommeille en tout électeur croie que le candidat est le seul héros crédible de cette histoire. »3420
Jacques SÉGUÉLA, L’Événement du jeudi, 11 octobre 1990
« Storytelling », avatar du marketing politique et de la com. À présent, le Net et les réseaux sociaux entrent en jeu. Mais Louis XIV et Napoléon maîtrisaient déjà leur image, servis et mythifiés par des artistes de génie !
« J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions, en me retirant de la vie politique. »3373
Lionel JOSPIN, Premier ministre de cohabitation, Déclaration télévisée du 21 avril 2002, au soir du premier tour
La gauche est KO, la présidentielle se jouera à droite toute, Chirac contre Le Pen. Jospin se présente devant ses troupes, livide : « Ma mission à moi était de conduire la gauche à la victoire présidentielle. Et là, on pourrait dire que l’équipage de la gauche a abandonné son capitaine. »
« Pour être président de la République, il faut être calme, et utiliser des mots qui ne sont pas des mots qui blessent, parce que quand on emploie des mots qui blessent, on divise son peuple alors qu’il faut le rassembler… »3419
SARKOZY, débat télévisé de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, 2 mai 2007
Jeu théâtral avec un enjeu considérable : le pouvoir pour cinq ans. Chacun doit placer ses petites phrases et se montrer ferme, sans écraser l’autre. Cette fois, Ségolène Royal perd son sourire et sa sérénité « naturelle ».
« Un président qui donne aux Français confiance, respect et espoir, qui a donc la hauteur nécessaire pour incarner la France et l’humilité indispensable pour être au plus près des citoyens. »3458
HOLLANDE, futur candidat à l’élection, AFP, 16 juillet 2011
Il fait son autoportrait, s’opposant à Sarkozy, président en place, et espérant aller au-devant du désir des Français. Il se positionne aussi parmi les autres prétendants, en vue des primaires socialistes. Qu’il gagne.
« Le président normal ne le sera pas longtemps. Parce que la fonction ne l’est pas. »3486
FILLON, Premier ministre du précédent quinquennat (Sarkozy), dépêche AFP, 29 mai 2012
Le président est un personnage de premier plan, surexposé face aux médias et aux citoyens. Homme de parti, habitué aux synthèses entre courants socialistes et indécis de nature, Hollande peinera à prendre une stature présidentielle.
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