La guerre « de » Clemenceau commence en 1917. Par son action et sa parole, ses convictions politiques et son habileté politicienne, par son humour et sa longévité historique, c’est l’une des vedettes de l’Histoire en citations.
À 76 ans, le Tigre devient l’homme providentiel, méritant son nouveau surnom de Père la Victoire. Peut-on parler d’issue « heureuse » à la tragédie du siècle ?
« Le Parlement est le plus grand organisme qu’on ait inventé pour commettre des erreurs politiques, mais elles ont l’avantage supérieur d’être réparables, et ce, dès que le pays en a la volonté. »2603
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Sénat, 22 juillet 1917
Discours de guerre (1968), Georges Clemenceau, Société des amis de Clemenceau
Toujours dans l’opposition, le Tombeur de ministères le plus redouté de la Troisième République met en cause Malvy, ministre de l’Intérieur depuis le début de la guerre, accusé de « défaitisme », en l’occurrence de trop de mollesse et de négligence pour réprimer aussi bien des affaires de trahison caractérisées que des menées pacifistes.
Le Tigre s’est tenu à l’écart depuis le début de la guerre, accablant de sarcasmes les chefs civils et militaires : très opposé à la dictature de fait du maréchal Joffre - le grand homme de la France jusqu’en 1916 - comme aux ministres de la Guerre qui se succèdent – Millerand le premier, qui couvrait Joffre sans le contrôler.
Clemenceau se pose quand même en recours et s’impose. Le 16 novembre 1917, le président Poincaré qui ne l’aime guère va se résoudre à appeler l’homme de la dernière chance pour une France fatiguée, divisée, à bout de nerfs et de guerre et devenue défaitiste par lassitude.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »2579
Georges CLEMENCEAU. Soixante Années d’histoire française : Clemenceau (1932), Georges Suarez
Président du Conseil des ministres, il va imposer son autorité à l’armée comme au pays, exerçant une véritable dictature, avec suprématie du pouvoir civil sur le militaire. Il incarne une république jacobine, au patriotisme ardent, animé par la volonté de se battre jusqu’au bout, mais autrement. Payant de sa personne, descendant dans les tranchées, adoré des poilus, le Vieux méritera son nouveau surnom de « Père la Victoire ».
« L’armistice vient d’être signé par Lloyd George qui ressemble à un caniche, par Wilson qui ressemble à un colley et par Clemenceau qui ressemble à un dogue. »2614
Jean GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique (1921)
Romancier, auteur dramatique, il fait carrière aux Affaires étrangères de 1910 à 1940. L’armistice est signé le 11 novembre 1918. Il impose à l’Allemagne l’évacuation des territoires envahis, la livraison de matériel de guerre pour prévenir toute reprise des hostilités, la restitution immédiate des prisonniers de guerre. Signé pour 36 jours et reconduit jusqu’à la signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919.
« Madelon, ah ! verse à boire,
Et surtout, n’y mets pas d’eau,
C’est pour fêter la victoire,
Joffre, Foch et Clemenceau. »2616Lucien BOYER, paroles, et Charles BOREL-CLERC, musique, La Madelon de la victoire (1918), chanson
Chanson à boire qui éclipse l’autre Madelon. Clemenceau (ou plutôt l’administration) confond les deux titres, décorant par erreur Lucien Boyer de la Légion d’honneur. Cette Madelon devient mondialement célèbre : « Après quatre ans d’espérance / Tous les peuples alliés / Avec les poilus de France / Font des moissons de lauriers / Madelon, emplis mon verre / Et chante avec les poilus / Nous avons gagné la guerre / Hein, crois-tu qu’on les a eus ! »
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