L’alternance démocratique prouve la souplesse et la solidité des institutions de la Cinquième République, avec un bipartisme tenace : le pays est majoritairement centriste, mais la gauche et la droite s’affrontent en deux grands partis de gouvernement, nouant des alliances éphémères avec les partis minoritaires et offrant des moments de cohabitation originaux, appréciés des Français.
La multiplication des partis centristes et leur désunion est frappante, malgré les efforts et la popularité de Bayrou qui incarne le mieux ce courant.
À feuilleter pour tout savoir.
« Rassembler les centristes, c’est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : elles sautent dans tous les sens. »3450
(né en 1951), mars 2011, avant de déclarer sa candidature à la présidentielle
Le Santini (2011), André Santini.
Sélection du prix Press Club, humour et politique, 2011.
L’image est évocatrice d’une réalité bien connue par Bayrou ! Président de l’ex-UDF (Union pour la démocratie française), il a créé le MoDem (Mouvement démocrate) face à l’UMP, au lendemain de la présidentielle de 2007, cependant qu’il peine depuis 2002 pour rassembler, entre les deux pôles solidement ancrés d’une France plus que jamais bipolarisée. Vocation de troisième homme, ou malédiction ?
Démocrate-chrétien et catholique pratiquant, ancien professeur de français et ministre de l’Éducation nationale sous Balladur (centre-droit), réformateur prudent accusé de gouverner « avec le sondoscope en bandoulière » (selon Roger Fauroux), il bénéficie d’une cote de popularité qui le met en tête de tous les candidats à la présidence. Mais seul Giscard d’Estaing a réussi le pari de gouverner au centre.
« La cohabitation, c’est le jardin des supplices pour le futur Premier ministre, le jardin des malices pour le président, le jardin des délices pour les nostalgiques de la Quatrième République. »3261
François d’AUBERT (né en 1943), député UDF
Dans son analyse sur Les centristes, de Mirabeau à Bayrou (2011), Jean-Pierre Rioux fait le rapprochement qui s’impose entre cohabitation et centrisme : « La cohabitation a répondu à des aspirations consensuelles, à une volonté de gestion conciliatrice et centriste… Un centrisme de troisième voix ou de tiers parti… (ou plutôt) un centrisme de concentration, de troisième force ou de cohabitation, au but affiché, « ni réaction, ni révolution » ».
Édouard Balladur voyait juste, dès 1983 : « Les responsables politiques auront le choix entre deux attitudes : ou bien rechercher l’affrontement, la majorité nouvelle tentant de paralyser le président, le président refusant de tenir compte dans la composition du gouvernement de l’existence d’une majorité nouvelle ; ou bien tenter la cohabitation, ce qui suppose que chacun accepte d’être quelque peu empêché dans la liberté de ses mouvements et de ses choix. »
Faut-il rappeler que les Français (majoritairement centristes) ont adoré la cohabitation en trois épisodes :1986-1988, Mitterrand-Chirac, cohabitation de combat. 1993-1995 : Mitterrand président, Balladur Premier ministre : cohabitation de velours. 1997-2002, Chirac et Jospin, cohabitation au long cours.
« Le ralliement, ça ne marche jamais, ce qui marche, c’est le rassemblement. Derrière le ralliement, il y a le désenchantement, et puis l’effacement. Derrière le rassemblement, il y a le courage et le succès. »3421
François BAYROU (né en 1951), campagne des législatives du MoDem à Paris, 24 mai 2007
Sans atteindre le second tour des présidentielles, le « troisième homme » a réussi sa campagne, son score dépassant 18 %. Sur cette lancée, en vue des législatives de juin, il crée son parti, le MoDem (Mouvement démocrate) qui évite le sigle PD (Parti Démocrate) et remplace l’UDF explosée. Une partie des centristes a rallié la majorité présidentielle et fondé le Nouveau Centre : 21 députés et trois ministres (André Santini, Hervé Morin, Valérie Létard).
« La France attendait une rencontre du troisième type. Le troisième type, c’est François Bayrou. » Azouz Begag, ancien ministre du gouvernement Villepin, Marseille, 12 avril 2007. Le rejet de Sarkozy et de sa droite musclée pousse naturellement à voter au centre. Mais Sarkozy sera président.
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