Sieyès : « Messieurs, nous avons un maître, ce jeune homme fait tout, peut tout et veut tout. »

Emmanuel Macron n’est pas dans l’Histoire en citations (qui s’arrête en 2012), mais l’on y trouve de nombreux repères pour cerner le personnage et sa politique. Journalistes et politologues s’en donnent à cœur joie, lui-même s’offrant un panthéon personnel déjà riche de références (dont Jeanne d’Arc et de Gaulle).

Simplifions et distinguons la forme (bonapartisme) et le fond (centrisme) du nouveau chef de l’État. À vous de juger ce qui définit au mieux le macronisme (déjà qualifié de syncrétisme).

Commentaires des citations en Chroniques (Directoire, Consulat, Empire - Cinquième République).

1. Le bonapartisme du personnage

« Messieurs, nous avons un maître, ce jeune homme fait tout, peut tout et veut tout. »1681

Abbé SIEYÈS (1748-1836), tirant la leçon du coup d’État du 18 Brumaire (novembre 1799) : entrée en scène du BONAPARTISME qui éblouit l’abbé et séduit le pays.

« Voici le second pas fait vers la royauté. Je crains que cet homme ne soit comme les dieux d’Homère, qu’au troisième acte il n’atteigne l’Olympe. »1729

Mme de staël (1766-1817), jugeant l’irrésistible ascension de Bonaparte, Premier Consul. Femme de tête et de lettres, elle sera sa plus fidèle et courageuse opposante.

« Je me regardai pour la première fois non plus comme un simple général, mais comme un homme appelé à influer sur le sort des peuples. Je me vis dans l’histoire. »1662

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), au soir de Lodi, première victoire contre les Autrichiens, 10 mai 1796. La métamorphose frappe les témoins : foi en son destin et son étoile plusieurs fois réaffirmée.

« Gouverner par un parti, c’est se mettre tôt ou tard dans sa dépendance. On ne m’y prendra pas. Je suis national. »1692

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), au Conseil d’État, fin 1799. Autoportrait du futur empereur, attitude qui rappelle aussi le gaullisme.

2. Le centrisme de sa politique

« La France doit devenir un immense chantier de réformes. »3156

Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), Conseil des ministres, 25 septembre 1974. Coup d’envoi en fanfare et au pas de charge d’un CENTRISME résolument réformateur, signé d’un ancien inspecteur des finances, devenu ministre très jeune.

« Nous ne parvenons pas à accomplir des réformes autrement qu’en faisant semblant de faire des révolutions. »2953

Jacques CHABAN-DELMAS (1915-2000), Assemblée nationale, 16 septembre 1969. Contre les « conservatismes » et les « blocages » de l’ancien monde, le Premier ministre proposait sa « nouvelle société ». Espoir déçu.

« Nous avons un objectif qui doit dominer tous les autres : faire de la France une grande nation industrielle […] le reste sera donné de surcroît. »3118

Georges POMPIDOU (1911-1974). « Impératif industriel », idée-force d’un président plus pragmatique que politique, venu du monde des affaires (Banque Rothschild), littéraire assumé, collaborateur d’un président (de Gaulle) avec qui il a pris ses distances.

« L’élection présidentielle, c’est la rencontre d’un homme et d’un pays, d’un homme et d’un peuple. »3410

François BAYROU (né en 1951), Meeting de Caen, 1er mars 2007. Centriste proclamé, il reprend le mythe gaullien, mais en état de paix et sans parti fort, ça ne marche pas. Macron a profité en 2017 d’un paysage politique « en ruine », prenant ses distances avec la gauche et la droite, refusant l’étiquette centriste et créant son propre mouvement : la REM (République en marche).