Une Constitution est un texte toujours complexe à lire, les politologues et les constitutionnalistes se faisant un malin plaisir à l’interpréter ou la commenter en fonction de leur expérience, de leurs convictions et des événements.
Reste une idée simple à retenir : la Constitution de la Cinquième République est un système bâtard qui s’adapte aux circonstances et aux hommes - jusque dans la fameuse épreuve de la « cohabitation ».
Feuilletez la Chronique sur la Ve République pour en savoir plus.
« Notre Constitution est à la fois parlementaire et présidentielle, à la mesure de ce que nous commandent à la fois les besoins de notre équilibre et les traits de notre caractère. »2934
(1890-1970), Conférence de presse, 11 avril 1961
Les Idées constitutionnelles du général de Gaulle (1974), Jean Louis Debré, Charles de Gaulle.
Conclusion d’un discours politique qui a pour thème la Constitution, à qui certains reprochent de n’être ni parlementaire – type Troisième ou Quatrième République – ni présidentielle comme aux États-Unis.
Les « lectures » de la Constitution par les constitutionnalistes changeront avec les événements, les hommes et la pratique constitutionnelle : c’est un texte qui va se révéler parfaitement adapté et adaptable aux circonstances.
Précisons que l’on peut « changer la Constitution, sans changer de Constitution » : 24 révisions constitutionnelles opérées depuis 1958 prouvent sa souplesse dans les moindres détails. Restent deux révisions majeures : l’élection du président au suffrage universel direct voulue par de Gaulle en 1962 et la durée du mandat présidentiel passant du septennat au quinquennat en 2000, sous la présidence de Chirac (gaulliste depuis 1958).
« Notre système, précisément parce qu’il est bâtard, est peut-être plus souple qu’un système logique. Les « corniauds » sont souvent plus intelligents que les chiens de race. »2935
Georges POMPIDOU (1911-1974), Le Nœud gordien (1974)
Témoignage de président, auparavant Premier ministre de De Gaulle durant six ans, et parole prophétique de la cohabitation, à commencer par celle des années 1986-1988. Il faudra en effet une souplesse certaine pour que coexistent plus ou moins pacifiquement un président de gauche (Mitterrand) et un gouvernement issu d’une Assemblée de droite. Et vice versa. Au total (jusqu’en 2013), il y aura trois cohabitations : 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002.
Faut-il préciser que les Français sont friands de ces arrangements politiciens, se sentant représentés par l’une des deux têtes de l’État.
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