Révolution
1. Assemblée constituante (5 mai 1789, réunion des États généraux - 30 septembre 1791, séparation de la Constituante)
LREM, 1789 - La Révolution en marche.
Première des trois Assemblées révolutionnaires, la Constituante va tout inventer, à commencer par une forme de démocratie représentative exemplaire.
Le chantier est immense, à la démesure des « doléances » et des espérances populaires.
Chronique (1789-1791)
« Voici deux cents ans, un millier d’hommes changeaient la face du monde. Ils n’en voulaient pas tant et c’est comme par défaut que les délégués de la France aux États généraux sont devenus, sans le vouloir, sans le savoir, les artisans du passage de la société d’Ancien Régime, celle de l’obéissance, à la société de la Liberté. »1313
Claude MANCERON (1923-1999), La Révolution française. Dictionnaire biographique (1989)
La dernière réunion des États généraux remontait au 27 octobre 1614, après la mort d’Henri IV (…) Le siècle des Lumières sape les fondements d’une royauté qui s’affaiblit avec Louis XV et Louis XVI se voit contraint de réunir à nouveau les États généraux (…) sans prévoir à quel point la face du monde va en être changée.
« La convocation des États généraux de 1789 est l’ère véritable de la naissance du peuple. Elle appela le peuple entier à l’exercice de ses droits. »1314
Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)
Convoqués le 5 juillet 1788, les États généraux se réunissent pour la première fois le 5 mai 1789 : 1 139 représentants, dont 578 du tiers état, dans la salle des Menus-Plaisirs à Versailles.
« Sire, il n’y a qu’un monarque dans votre royaume, c’est le fisc. Il ôte l’or de la couronne, l’argent de la crosse, le fer de l’épée et l’orgueil aux paysans. »1315
Cahier de doléances de la ville de Marseille. Cité par Marcel Jullian, invité à l’occasion du bicentenaire de la Révolution, matinale sur France Inter en 1989
Superbe style qui contraste avec le ton quotidien, terre à terre et souvent laborieux des quelque 50 000 cahiers rédigés en février-mars 1789, pour exprimer les revendications des Français.
« Nous, députés de la paroisse de Champniers d’Angoulême, avons pris la hardiesse […] de vous faire savoir notre misère et notre pauvreté, que nous souffrons par les grosses impositions qui sont taxées par vos intendants et subdélégués ; en un mot, ils nous mettent à la mendicité. »1316
Cahier de doléances du tiers état (…)
Que veut le tiers ? Égalité devant l’impôt, accès aux emplois civils et aux grades militaires (…) fin des privilèges de la noblesse. La noblesse (…) revendique au contraire la défense de ses droits seigneuriaux et fonciers. Et presque tous les cahiers dénoncent l’arbitraire de « Monseigneur l’intendant » (…)
« Étant démontré, avec raison, qu’un noble ne peut représenter un roturier, ni celui-ci un noble, de même, un homme ne pourrait avec plus d’équité représenter une femme, puisque les représentants doivent avoir absolument les mêmes intérêts que les représentés : les femmes ne pourraient donc être représentées que par des femmes. »1317
Cahier de doléances et réclamation des femmes, signé d’une Madame B.B. (cauchoise restée anonyme)
Les femmes, c’est un peu le « quart ordre » de l’époque. Sous la Révolution va s’exprimer un courant féministe, mais les hommes qui gouvernent n’accorderont pas aux femmes les droits bientôt reconnus aux « nègres » et aux juifs. Elles auront seulement le droit de mourir sur l’échafaud.
« En politique, le nombre seul est respectable […] C’est pourquoi le tiers pose son droit comme incontestable et, à son tour, dit comme Louis XIV : “L’État, c’est moi”. »1318
Hippolyte TAINE (1828-1893), Les Origines de la France contemporaine, tome I, L’Ancien Régime (1875)
Le 17 juin, les députés du tiers état, constatant qu’ils représentent 97 % de la nation, décident de se proclamer « Assemblée nationale » – titre concis et précis, retenu après bien des débats, et qui passera à la postérité. L’idée de nation est toute neuve et belle, en ce printemps 1789 (…)
« Tous les membres de cette Assemblée prêteront serment de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides. »1319
Jean-Baptiste-Pierre BEVIÈRE (1723-1807), Jean-Joseph MOUNIER (1758-1806) et l’abbé SIEYÈS (1748-1836), Serment du Jeu de Paume, 20 juin 1789
Texte écrit sur proposition de Mounier, rédigé par Bevière, aidé de Sieyès. Et lu par Jean-Sylvain Bailly, président de l’Assemblée nationale, premier à prêter ce serment solennel qui sera tenu, dans la tourmente des événements à venir.
(…) La salle du Jeu de paume sert de refuge aux députés, refoulés sur ordre du roi menaçant de casser les délibérations du tiers devenu Assemblée nationale, et qui a fait fermer la salle des Menus-Plaisirs. Ce serment, sans valeur juridique, a une portée symbolique considérable : il bafoue publiquement la volonté du roi (…)
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