Monarchie de Juillet
Sagesse financière, juste milieu politique, non ingérence prudente en terme géopolitique.
Le pouvoir se sait fragile, pris entre les légitimistes restés fidèles aux Bourbons (de la branche aînée) et les républicains hostiles à toute monarchie. Le « roi des Français » affiche un centrisme de droite qui ne dit pas son nom, mais convient à la majorité silencieuse d’une France essentiellement paysanne et de petite ou moyenne bourgeoisie.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Faites-nous de bonne politique, et je vous ferai de bonnes finances. »2064
Baron LOUIS (1755-1837), à Guizot, au cours d’un Conseil des ministres
Conseiller au Parlement de Paris sous l’Ancien Régime, administrateur du Trésor public sous l’Empire, ministre des Finances sous la Restauration qui lui doit son redressement financier, le baron Louis retrouve à 75 ans le même poste sous la Monarchie de Juillet (…) Il redresse les finances publiques, réforme le ministère, place à la tête de la Banque de France le banquier Laffitte, autre honnête homme soucieux de « bonne politique » et de « bonnes finances ».
« Nous cherchons à nous tenir dans un juste milieu également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal. »2065
LOUIS-PHILIPPE (1773-1850), Discours du trône, 31 janvier 1831. Le Moniteur officiel, 31 janvier 1831
Le « Roi des barricades » doit gouverner au plus près et le régime (libéral) reste fragile jusqu’en 1835 : menacé sur sa gauche par les républicains frustrés de leur république après une révolution pour rien, et sur sa droite par les légitimistes, frappés de stupeur devant la chute si rapide de la branche Bourbon et l’escamotage du pouvoir par la branche Orléans. Dans ces conditions, le « juste milieu » s’impose. Il deviendra le Tiers Parti (…)
« Au-dedans, l’ordre sans sacrifice pour la liberté ; au-dehors, la paix, sans qu’il en coûte rien à l’honneur. »2066
Casimir PÉRIER (1777-1832), Chambre des députés, 18 mars 1831
Programme du nouveau président du Conseil et expression de son « juste milieu ». Avec cette évidence institutionnelle : « La société a besoin d’ordre légal et de pouvoir. » Opposant libéral sous la Restauration (…) le voilà chef incontesté du parti de la Résistance (droite, opposé au mouvement démocratique). Du même coup, le parti du Mouvement (mouvement vers la démocratie, gauche) se trouve rejeté dans l’opposition (…) Le jeu des partis, c’est l’apprentissage de la démocratie.
« La France n’est la patrie que des Français […] Elle est française et comme telle, sans doute, elle est bienveillante et secourable ; mais de sa part, c’est un sentiment, ce n’est pas un système. »2067
Casimir PÉRIER (1777-1832), Chambre des députés, 30 septembre 1831
Et encore : « Nous ne concédons à aucun peuple le droit de nous forcer à combattre pour sa cause. Le sang des Français n’appartient qu’à la France. » Le chef du gouvernement répond aux partisans d’une intervention armée en Pologne, malheureux pays éclaté entre Prusse, Autriche et Russie au Congrès de Vienne (1815) (…) La France veut une politique extérieure pacifique et s’abstient d’intervenir contre les Russes.
« Dors, ô ma Pologne, dors en paix, dans ce qu’ils appellent ta tombe : moi, je sais que c’est ton berceau. »2068
Félicité Robert de LAMENNAIS (1782-1854), Hymne à la Pologne (1833)
La révolution polonaise a tourné court, écrasée dans le sang. Frédéric Chopin, le « Polonais de Paris » dont la famille est restée en Pologne, bouleversé en apprenant la prise de Varsovie par l’armée russe (8 septembre 1831), dédie à son pays martyr l’Étude révolutionnaire, opus 10, n° 12. Un déferlement de notes qu’on pourrait croire signé de Liszt le Hongrois, l’autre grand romantique du piano.
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