Entre-deux-guerres
La crise de Munich
Voulant sauver la paix à tout prix, France et Grande-Bretagne cèdent face à Hitler, abandonnant cette fois un pays allié, en reconnaissant l’annexion des Sudètes, au prétexte d’une minorité allemande dans ce territoire.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« S’ils s’obstinent, ces cannibales, à faire de nous des héros, il faut que nos premières balles soient pour Mandel, Blum et Reynaud. »2697
« À bas la guerre », l’Action Française, numéro saisi le 27 septembre 1938. La Vie politique sous la IIIe République : 1870-1940 (1984), Jean-Marie Mayeur
Le numéro paraît en pleine crise de Munich, avec l’article ainsi titré. Les termes disent la violence de l’opposition d’extrême droite : antisémitisme et appel (nominatif !) au meurtre, ce qui a déjà tué Jaurès, à la veille de la guerre, en 1914.
La situation internationale s’aggrave. Le 12 mars 1938, Hitler a envahi l’Autriche : l’Anschluss est une annexion pure et simple. En septembre, il récidive, prenant prétexte de la minorité allemande des Sudètes pour exiger le rattachement à l’Allemagne de ce territoire de Tchécoslovaquie.
« S’il s’agit de démembrer la Tchécoslovaquie, la France dit non. S’il s’agit de permettre à trois millions de Sudètes qui veulent être allemands de le devenir, nous sommes d’accord. »2698
Édouard DALADIER (1884-1970), président du Conseil, Conférence de Munich (29-30 septembre 1938). 1934-1939 (1968), Michel Ragon
L’accord de Munich est ratifié par la Chambre, 535 voix contre 75. Ont voté non : 73 communistes et 2 non communistes (Jean Bouhey, socialiste, et Henri de Kérillis, républicain national).
L’Humanité dénonce « le brigandage commis à Munich » (…)
« Je sais bien que nous nous réveillerons de cette joie et qu’au-delà de ce grand mur de Versailles abattu par le poing allemand, une route inconnue s’ouvre pour nous, pleine d’embûches. »2699
François MAURIAC (1885-1970), Le Temps présent. François Mauriac (1990), Jean Lacouture
Lucidité au lendemain de Munich d’un romancier célèbre, qui a déjà témoigné contre les cruautés de la guerre civile espagnole aux côtés de l’autre grand romancier chrétien, Bernanos.
Léon Blum dénonce le « lâche soulagement ». Daladier lui-même, en signant, savait sans doute la guerre inéluctable et se résignait au pire, tout en le différant (…)
« J’aime la France comme ma mère, mais ma mère ne voudrait pas que je meure, fût-ce pour elle. »2700
Henri JEANSON (1900-1970). Dictionnaire des citations de l’histoire de France (1990), Michèle Ressi
Mot d’un des plus fameux scénaristes-dialoguistes de films, munichois de gauche comme il y en eut beaucoup. Toutes les familles, tous les partis politiques n’en finissent plus de se diviser sur l’échiquier des pacifistes et des bellicistes.
« On dirait bientôt : les soldats de 38 – comme on disait : les soldats de l’an II, les poilus de 14. Ils creuseraient leurs trous comme les autres, ni mieux ni plus mal, et puis ils se coucheraient dedans, parce que c’était leur lot. »2701
Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Le Sursis (1945)
Bourgeois ennemi de sa classe, philosophe et écrivain de gauche qui s’engagera à l’extrême, Sartre est pensionnaire à l’Institut français de Berlin, quand Hitler prend le pouvoir (1933-1934). Son premier grand roman, La Nausée, est publié l’année même de Munich. Et le climat de Munich sert de toile de fond au Sursis, deuxième tome des Chemins de la liberté (…)
« La France et l’Angleterre doivent désormais résister à toute nouvelle exigence de Hitler. »2702
Avis de 70 % des Français, selon un sondage de décembre 1938. Histoire de la France au XXe siècle, volume II (2003), Serge Berstein, Pierre Milza
Premier fait, de nature politique : le revirement de l’opinion publique. En septembre, 57 % des Français étaient encore favorables aux accords de Munich. Mais la montée de l’hitlérisme est mieux saisie, et la bourgeoisie a moins peur de la révolution, après l’échec syndical de la CGT (mot d’ordre de grève générale non suivi, en novembre).
Autre fait, de société : l’apparition des sondages d’opinion publique en France – nés aux USA, fin 1936, à l’initiative d’un journaliste et statisticien, George Horace Gallup (…)
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