« Voluntas Dei. Missus a Deo. »
« Volonté de Dieu. Envoyé de Dieu. »
(1470-1498), devise sur ses étendards entrant dans Rome, fin 1494
Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache.
De 1492 à 1559, la France va se lancer dans 11 guerres d’Italie. Charles VIII est le premier de nos rois qui succombe au mirage italien.
Affichant sa fière devise, le roi de France se prend pour un nouveau croisé, d’ailleurs appelé par l’Italie en plein chaos politique, avec ses cinq États qui se déchirent entre eux, et une poussière de principautés.
Cinq mois de marche triomphale pour traverser l’Italie avec 36 000 hommes, dont 10 000 mercenaires suisses et allemands. Presque sans combattre, le voilà aux portes de Rome, le 31 décembre 1494 : « Le roi entra dans Rome plus triomphalement et mieux accompagné que ne fit aucun prince qui soit en la mémoire de ceux qui sont vivants », selon le témoignage d’un des gentilshommes de Louis d’Orléans – libéré, réconcilié avec Charles VIII, le futur Louis XII fait partie de l’expédition.
« Telle peur que toutes les nuits, il ne cessait de crier qu’il entendait les Français, que les arbres et les pierres criaient France. »
Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (posthume, 1524)
Commynes témoigne ici en historien, mais aussi en envoyé diplomatique du roi de France. Le roi de Naples Alphonse II eut si peur des Français qu’il s’enfuit en Sicile et abdique en faveur de son fils Ferdinand II.
Charles VIII, vêtu en empereur romain, fait son entrée à Naples, le 22 février 1495. Heure de gloire et main basse sur la ville.
L’Italie, tout au long de cette première guerre, tourne la tête aux jeunes conquérants : « La conduite des Français était contradictoire. Ils voulaient tout, arrachaient tout, emplois et fiefs, et, d’autre part, ils ne voulaient pas rester ; ils n’aspiraient qu’à retourner chez eux ; ils redemandaient la pluie, la boue du Nord sous le ciel de Naples » (Jules Michelet, Histoire de France).
« Les Français ne se plaisent qu’au péché et aux actes vénériens. »
Jean BRAGADIN (seconde moitié du XVe siècle), fin février 1495 (…)
Ce patricien fait son rapport devant la seigneurie de Venise, et les griefs sont nombreux, contre les Français : « Ils prennent les femmes de force sans nulle considération, les volent ensuite et leur enlèvent leurs bagues ; et celles qui résistent, ils leur coupent les doigts. Il faut aussi pour eux que la table soit toujours ouverte, ils n’ôtent jamais leur manteau et restent couverts, prennent les meilleures chambres aux propriétaires, se jettent sur le vin et le blé. »
Michelet explique, avec le recul de l’historien : « Telle armée et tel roi, sensuel, emporté… La découverte de l’Italie avait tourné la tête aux nôtres ; ils n’étaient pas assez forts pour résister au charme. Le contraste était si fort avec la barbarie du Nord que les conquérants étaient éblouis, presque intimidés, de la nouveauté des objets. »
Le drame, c’est la syphilis, qui va bientôt se déclarer.
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