François Mauriac | L’Histoire en citations
Citation du jour

« Un fou a dit “Moi, la France” et personne n’a ri parce que c’était vrai. »

François MAURIAC (1885-1970). Encyclopædia Universalis, article « France »

Simple général de brigade à titre temporaire, Charles de Gaulle en 1940, absolument seul et contre le destin, refuse la défaite entérinée par le gouvernement légal de la France face à l’Allemagne nazie.

En vertu de quoi, il continue la lutte dans l’Angleterre toujours en guerre, mobilise des résistants, combattants français de plus en plus nombreux à entendre cette autre voix de la France parlant espoir et grandeur, se fait reconnaître non sans peine des Alliés, déchaîne des haines et des passions également inconditionnelles, et permet enfin à la France d’être présente au jour de la victoire finale.

« La Quatrième République doit, pour une large part, la suite ininterrompue de ses désastres et sa ridicule fin à un personnel politique mal préparé qui n’avait pas fait ses classes. »

François MAURIAC (1885-1970), Le Nouveau Bloc-notes, II, 1958-1960

Même constat d’échec que de Gaulle, mais diagnostic inverse : « J’ai toujours eu l’idée que ce ne sont pas les institutions qui corrompent les hommes, que ce sont, au contraire, les hommes qui corrompent les institutions. »

« J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux. »

François MAURIAC (1885-1970). Le Temps d’un regard (1978), Jacques Chancel

Été 1945 : à Berlin, les vainqueurs délimitent quatre zones d’occupation. 1949 : la séparation en deux Allemagnes (RFA et RDA) est consacrée.

12 au 13 août 1961 : dans la nuit, le mur de la honte, symbole de la division du pays, se met en place pour stopper l’exode massif de Berlin-Est (capitale de la RDA) vers Berlin-Ouest (« vitrine du monde occidental »).

22 septembre 1984 : le président Mitterrand et le chancelier Kohl (RFA) se retrouvent sur le site de la bataille de Verdun, pour commémorer le souvenir des soldats français et allemands et sceller l’entente retrouvée.

10 novembre 1989 : le mur de Berlin tombe, la frontière entre les deux Allemagnes s’ouvre. Pour l’opinion publique française et nombre de commentateurs, la réunification, effective en octobre 1990, est l’événement historique le plus important, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

11 novembre 2009 : le président Sarkozy et la chancelière Angela Merkel célèbrent ensemble l’armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale, devant la tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile. « L’amitié de la France et de l’Allemagne est un trésor. Nous le devons à tous les peuples du monde », dit le président français.

« Ils n’osent écrire qu’une police qui torture, si blâmable qu’elle soit, c’est une police qui fait son métier, une police sur laquelle on peut compter. »

François MAURIAC (1885-1970), Bloc-notes, I, 1952-1957

« Ils ne l’écrivent pas noir sur blanc, mais cela court entre les lignes… » En 1952, Mauriac, écrivain catholique, reçoit le prix Nobel de littérature pour « la profonde imprégnation spirituelle et l’intensité artistique avec laquelle ses romans ont pénétré le drame de la vie humaine ». Il n’a pas pris position dans la guerre d’Indochine, mais il s’engage désormais en faveur de l’indépendance du Maroc, puis de l’Algérie, et condamne l’usage de la torture par l’armée française. Dans une méditation douloureuse et brûlante intitulée Imitation des bourreaux de Jésus-Christ, il dénonce l’État tortionnaire, et non plus seulement l’État policier, lors de l’allocution de clôture de la Semaine des intellectuels catholiques, à Florence, en novembre 1954. Il s’investit de plus en plus dans le drame algérien, qu’il commentera jusqu’en 1958. Il est alors convaincu que seul de Gaulle peut dénouer la situation.

« Il ne faut pas beaucoup de mitraillettes pour disperser cent mille citoyens armés de grands principes. »

François MAURIAC (1885-1970), L’Express, 12 juin 1958, Bloc-notes, 1958-1960, II (1961)

Au cours des journées de mai 1958, l’idée s’est répandue d’un dénouement possible de la crise par l’établissement d’une dictature militaire en France. Des parachutistes venus d’Algérie pourraient débarquer, faire jonction avec les réseaux favorables à l’Algérie française en métropole, les putschistes bénéficiant même de complicités dans l’appareil de l’État. Le 28 mai, à Paris, une foule immense et pacifique va défiler de la Nation à la République, conspuant les paras et criant : « Le fascisme ne passera pas ! »

Mauriac qui en rend compte dénonce le danger fasciste dans L’Express, au fil de sa fameuse chronique hebdomadaire. Cette menace va précipiter la solution de Gaulle, recours à l’ultime sauveur. Pour Mauriac, c’est l’homme du destin, l’homme de la grâce, le garant de l’unité du pays. Dès lors, sa vision de la politique se confond avec celle du gaullisme. Ses prises de position passionnées le conduisent à quitter L’Express pour Le Figaro littéraire, trop heureux d’accueillir désormais son Bloc-notes, publié plus tard en quatre recueils.

« Le général de Gaulle se tient sous le regard du général de Gaulle qui l’observe, qui le juge, qui l’admire d’être si différent de tous les autres hommes. »

François MAURIAC (1885-1970), De Gaulle (1964)

Le romancier témoin de son temps est redevenu un fervent gaulliste depuis 1958, sans être jamais du style « godillot », ni dans le fond, ni dans la forme : « Que de Gaulle se voie lui-même comme un personnage de Shakespeare et comme le héros d’une grande histoire, cela se manifeste clairement chaque fois (et c’est souvent) qu’il parle de lui à la troisième personne. »

« Cas sans précédent de suicide en plein bonheur. »

François MAURIAC (1885-1970), à propos du référendum d’avril 1969. De Gaulle, volume III (1986), Jean Lacouture

De Gaulle part en Irlande, pour ne pas être impliqué dans la campagne présidentielle – il votera par procuration. Il retourne ensuite à Colombey, s’enfermer dans sa propriété de la Boisserie pour un dernier face à face avec l’histoire : la rédaction quelque peu désenchantée, quoique sereine, de ses Mémoires d’espoir.

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