1515, date mémorable. Même les cancres, même les nuls, même les « sans culture et sans mémoire » peuvent citer cette date, à égalité avec 1789…
Encore faut-il l’associer avec l’événement : c’est Marignan. Gagné ! Oui… Mais qui sait pourquoi et comment Marignan a fini en victoire ? Un vrai quitte ou double historique pour François et pour la France.
« Je suis votre roi et votre prince. Je suis délibéré de vivre et mourir avec vous. Voici la fin de notre voyage, car tout sera gagné ou perdu. »438
(1494-1547), à ses troupes, avant la bataille de Marignan, 13 septembre 1515
François Ier, le souverain politique (1937), Louis Madelin.
Avec la fougue de ses 21 ans, le roi se lance dans la cinquième guerre d’Italie, allié à Venise pour la reconquête du Milanais perdu par Louis XII. Son armée passe les Alpes, forte des meilleurs capitaines, avec 300 canons et 30 000 hommes : chiffres considérables à l’époque. Le voilà parvenu à Marignan, ville de Lombardie au sud-est de Milan.
1515, date mémorable dans l’histoire de France. Mais… mis à part les historiens, qui sait vraiment ce qui s’est passé en deux jours et une nuit ?
« Et vous promets, Madame, que si bien accompagnés et si galants qu’ils soient, deux cents hommes d’armes que nous étions en défîmes bien quatre mille Suisses et les repoussâmes rudement, si gentils galants qu’ils soient, leur faisant jeter leurs piques et crier France. »439
François Ier (1494-1547), Lettre à sa mère Louise de Savoie, au soir du 13 septembre 1515
Son « César triomphant » conte par le menu à sa maman le premier acte de la bataille. Les Suisses sont les alliés du duc de Milan : redoutables combattants, ils barrent l’accès de l’Italie, en tenant les divers cols. Ces milices paysannes sont redoutées pour leurs charges en masses compactes, au son lugubre des trompes de berger.
À Marignan, dans l’après-midi, ils ont déjà dispersé la cavalerie et vont s’emparer de l’artillerie française, quand François Ier, courageux et bien conseillé, prend le risque de charger. Le combat dure jusqu’au soir, l’épuisement est tel que les combattants qui ne sont pas morts tombent littéralement de sommeil sur place. Le lendemain, appelés en urgence, les alliés vénitiens prennent les Suisses à revers, les obligeant à fuir pour se réfugier à Milan. Victoire totale, mais bataille la plus meurtrière depuis l’Antiquité !
« Sonnez, trompettes et clairons / Pour réjouir les compagnons
Bruyez bombardes et canons / Donnez des horions,
Tous gentils compagnons / Suivez, frappez, tuez. »440Chanson de Marignan, 1515
Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby
Le patriotisme précède le mot même de patrie, sous la Renaissance : il inspire d’innombrables hymnes et odes à la France, signés des plus grands poètes (tel Ronsard), il éclate aussi dans les chansons qui accompagnent chaque haut fait des armées françaises.
« Bataille de géants » selon témoins et chroniqueurs, Marignan est également un carnage (toujours selon les critères de l’époque) : 14 000 Suisses tués, 2 500 Français et Vénitiens. Infatigable épistolier, le « César triomphant » rend compte à sa mère, régente quand il s’en va-t-en guerre : « Et tout bien débattu, depuis deux mille ans, n’a point été vue une si fière ni si cruelle bataille… Au demeurant, Madame, faites bien remercier Dieu par tout le royaume de la victoire qu’il lui a plu nous donner. »
Le traité de Fribourg, dit de la « Paix perpétuelle », est imposé aux cantons suisses de la Confédération helvétique. Les Suisses vont devenir les plus sûrs mercenaires du royaume, au service des rois de France jusqu’à la Révolution.
« Bayard, mon ami, je veux aujourd’hui être fait chevalier par vos mains […]
— Sire, celui qui est couronné, loué et oint de l’huile envoyée du Ciel et est le roi du royaume, le premier fils de l’Église, est chevalier sur tous autres chevaliers. »442François Ier (1494-1547) et BAYARD (vers 1475-1524), au soir de Marignan, le 14 septembre 1515
Dialogue courtois entre le roi et le chevalier, conté par son premier biographe, Symphorien Champier (Vie de Bayard, 1525). Bayard s’est distingué dans toutes les guerres sous Charles VIII et Louis XII. « Chevalier sans peur et sans reproche », il a l’insigne honneur d’armer chevalier le roi de France, au soir de Marignan.
Milan est pris le lendemain. Le rêve italien réussit au nouveau roi de France. Le retentissement de la bataille est immense dans l’opinion, en Italie et dans toute la chrétienté….
Notre portrait de François Ier en citations :
- François Ier : « Car tel est notre plaisir. »
- François Ier : « Tout est perdu, fors l’honneur. »
- Rabelais : « Les nerfs des batailles sont les pécunes. »
- François Ier : « Le soleil chauffe pour moi comme pour les autres… »
Vous aimez François Ier ? Charismatique, associé à la Renaissance, nous lui donnons la parole dans le tome 2 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € seulement le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.