On parle toujours du « massacre de la Saint-Barthélemy » (nuit du 23 au 24 août 1572). C’est le paroxysme des guerres de Religion.
Mais que s’est-il passé avant, et après ? (Anecdotiquement ET symboliquement, cette tragédie classique (unité de lieu, de temps et d’action) donne les plus sanglantes répliques de l’Histoire en citations. C’est « la messe ou la mort ! ») Commençons par le prologue. Malgré les efforts de tous les responsables politiques au pouvoir (depuis François Ier), malgré les voix des poètes et des philosophes patriotes, la haine oppose les chefs des clans catholiques et protestants. Et les ambitions l’emportent souvent sur la religion.
« Qu’y a-t-il besoin de tant de bûchers et de tortures ? C’est avec les armes de la charité qu’il faut aller à tel combat. Le couteau vaut peu contre l’esprit. »500
(vers 1504-1573), Assemblée de Fontainebleau, 21 août 1560
Nouvelle Histoire de France (1922), Albert Malet.
Après la belle Renaissance - quand même troublée par nos onze guerres d’Italie entre 1492 et 1559 -, le climat politique, social et religieux change du tout au tout, avec l’affrontement des catholiques (tradition chrétienne) contre les protestants (religion réformée).
Le chancelier de France, grand humaniste, tient ce langage de tolérance aussi longtemps qu’il est au pouvoir. Catherine de Médicis va le maintenir sept ans à ses côtés. Mais les haines sont devenues trop vives et la régente veut surtout assurer l’autorité de ses jeunes fils, François II, Charles IX, puis Henri III.
« De là vient le discord sous lequel nous vivons,
De là vient que le fils fait la guerre à son père,
La femme à son mari, et le frère à son frère. »503RONSARD (1524-1585), Discours des misères de ce temps, Remontrance au peuple de France (1562)
Prince des poètes, devenu poète des princes, protégé par Michel de L’Hospital et bientôt au service de Charles IX.
Le conflit religieux, latent depuis 1521, dégénère en guerre civile après le massacre de Wassy en 1562 : c’est la « première Saint-Barthélemy », autrement dit, répétition générale avant la tragédie de 1572.
1er mars 1562, François de Guise et ses gens, revenant de Lorraine, voient des protestants au prêche dans la ville de Wassy – pratique interdite par l’édit de janvier dernier. Ils foncent dans la foule au son des trompettes. Bilan : 74 morts et une centaine de blessés. Après quoi les massacres de huguenots se suivent et se ressemblent dramatiquement à Sens et à Tours, dans le Maine et l’Anjou. Ainsi commence la première des huit guerres de Religion.
Le massacre de Wassy est aussi l’acte I des grandes « misères de ce temps » : elles inspirent à Ronsard ses Discours au patriotisme écorché vif et font de ce fervent catholique un auteur engagé.
« Une guerre étrangère est un mal bien plus doux que la civile. »411
MONTAIGNE (1533-1592), Les Essais (1580, première édition)
En cette fin de siècle, le philosophe prône la « pitié », autrement dit la tolérance, une vertu alors fort mal partagée ! Poètes et philosophes témoignent et se lamentent en vain : le fanatisme est égal des deux côtés. La France, à peine sortie des guerres d’Italie hors de ses frontières, est littéralement déchirée par ces trente-six années de guerre civile sur son territoire, presque sans répit, jusqu’à l’édit de Nantes, signé par Henri IV (1598).
« La fortune, qui ne laisse jamais une félicité entière aux humains, changea bientôt cet heureux état de triomphe et de noces en un tout contraire, par cette blessure de l’Amiral, qui offensa tellement tous ceux de la religion que cela les mit comme en un désespoir. »521
MARGUERITE DE VALOIS (1553-1615), Mémoires
Son mariage, célébré le 18 août avec le futur Henri IV, présentement Henri III de Navarre (protestant de naissance plus que de conviction), devait sceller la réconciliation entre catholiques et protestants. Mais les chefs catholiques ne peuvent admettre qu’un « parpaillot » entre dans la famille royale !
L’occasion est belle : tous les grands du royaume ont été conviés aux festivités, avec les gentilshommes protestants venus escorter leur prince, dans un esprit de réconciliation. Mais Paris est une ville anti-huguenote et ultra-catholique. Les prédicateurs n’ont cessé de condamner ce mariage et le peuple est furieux. Climat explosif ! Premier des protestants visés, l’amiral de Coligny, partisan et artisan du mariage. Il a échappé par miracle à un attentat, le 22 août.
« Mon Dieu, ma sœur n’y allez pas ! »522
Claude de FRANCE (1547-1575) à sa sœur Marguerite, 23 août 1572
La mariée s’apprête à aller rejoindre au lit son mari Henri de Navarre. Mais sa « sœur de Lorraine » (marié au duc de Lorraine) craint pour sa vie, sachant le sinistre projet : le massacre prévu pour cette nuit. Dans la nuit du 23 au 24 août, le tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois appelle les milices bourgeoises et ameute la populace parisienne.
Notre série de citations (sanglantes) sur la Saint-Barthélemy :
- Charles IX : « Tuez-les, mais tuez-les tous… »
- Charles IX : « La messe ou la mort. »
- Catherine de Médicis : « Il valait mieux que cela tombât sur eux que sur nous. »
- Michel de l’Hospital : « Périsse le souvenir de ce jour ! »
- Notre Chronique de citations sur les guerres de Religion
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