« Les royaumes sans la justice ne sont que des entreprises de brigandage. »69
(742-814) faisait sienne cette formule de saint Augustin
Charlemagne et l’empire carolingien (1995), Louis Halphen
Au Moyen Âge existe déjà une justice digne de ce nom. D’après Éginhard, biographe, secrétaire et ministre de Charlemagne : « Si le comte du Palais lui signalait un procès qui réclamait une décision de sa part, il faisait aussitôt introduire les plaideurs et, comme s’il eut été au tribunal, écoutait l’exposé de l’affaire et prononçait la sentence. » On croirait presque voir Louis IX (futur Saint Louis) rendant la justice au bois de Vincennes, adossé au chêne.
« Toute justice émane du roi. »120
Antoine LOYSEL (1536-1617). Dictionnaire de français Littré, au mot « justice »
Loysel, avocat, puis procureur général à Paris, humaniste et disciple de Cujas, est considéré comme le premier penseur de droit français. Il met quarante ans à rédiger son Manuel (1607), recueil de 958 maximes : dans une forme élégante, il fixe les bases du droit français en fusionnant les règles du droit romain et de nombreuses coutumes.
Cet adage fait écho à « Si veut le Roi, si veut la Loi » et reflète la suprématie de la justice royale sur les justices seigneuriales ou municipales. Il devient plus vrai à mesure que des rois comme Louis IX et surtout Philippe le Bel renforcent l’État royal. Mais ce n’est pas toujours gage de bonne justice.
« J’avouerais que j’ai tué Dieu, si on me le demandait ! »256
Frère AYMERI de VILLIERS-LE-DUC (fin XIIIe-début XIVe siècle), 13 mai 1310
Histoire vivante de Paris (1969), Louis Saurel
Pas de justice, au fameux procès des Templiers ! Philippe le Bel « voulait leur peau », en l’occurrence leur argent – un fabuleux trésor. 2 000 arrestations, 138 accusés livrés à l’Inquisition, juridiction ecclésiastique d’exception particulièrement redoutée. Les Templiers ont donc avoué sous la torture en 1307, et vont se rétracter après, au risque du bûcher : « J’ai reconnu quelques-unes de ces erreurs, je l’avoue, mais c’était sous l’effet des tourments. J’ai trop peur de la mort », ajoute Aymeri.
« Les gens de justice sont mon bras droit, mais si la gangrène se met au bras droit, il faut que le gauche le coupe. »646
HENRI IV (1553-1610), Déclaration au Parlement, 7 février 1599
Lettres intimes de Henri IV (1885), Henri IV
Le pouvoir du roi doit s’affirmer face à tous les corps intermédiaires : cours souveraines, états provinciaux, collèges d’officiers, assemblées d’ordres.
Avec les Parlements, Henri IV se montre tour à tour bonhomme et menaçant : « J’ai autrefois fait le soldat ; on en a parlé, et n’en ai pas fait semblant. Je suis Roi maintenant et parle en Roi. Je veux être obéi. À la vérité, les gens de justice sont mon bras droit, mais… » En fait, le roi respectera les institutions (sauf rares exceptions), mais les videra de leur signification.
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