Louis XIV et la guerre : duo-duel ! Mélange de passion et de raison, puis de remords.
La guerre fait partie du métier de roi au XVIIe s. - guerres de conquêtes ou de défense du territoire. Mais à la fin de sa vie, Louis XIV s’est repenti d’avoir sacrifié tant d’hommes. Son ambition l’a égaré (et son ego, dirait-on aujourd’hui). La comparaison s’impose avec l’autre grand homme de notre histoire, Napoléon.
« Ultima ratio regum. »« Dernier argument des rois. »817
(1638-1715), devise gravée sur ses canons
Concise et précise, une devise est une bonne citation historique. Celle-ci donne une clé de la politique extérieure du règne et du roi. La guerre est l’une des passions, la victoire étant ce qui peut le mieux servir sa gloire. D’où 33 années de guerre sur un règne personnel de 54 ans. Mais ses contemporains pensent comme lui : un roi guerrier fait son métier de roi.
Louis XIV poursuivra trois buts « géopolitiques » : prééminence de la France dans le monde, frontière stratégique assurée au nord-est, visées sur la prochaine succession d’Espagne. Il se donnera les moyens de sa politique : grands diplomates (Lionne, Pomponne, de Torcy - neveu de Colbert), réorganisation militaire conduite par Louvois, effectifs considérables pour une armée de métier (passant de 72 000 hommes en 1667 à 400 000 en 1703), marine de guerre développée par Colbert (La Royale a 18 vaisseaux en 1661, 276 en 1683), places fortes créées ou renforcées par Vauban.
« Toute ville assiégée par Vauban, ville prise,
Toute ville défendue par Vauban, ville imprenable. »913Proverbe du vivant de Vauban
Histoire générale du IVe siècle à nos jours (1901), Ernest Lavisse, Alfred Rambaud
Futur maréchal de France, commissaire général des fortifications en 1678, il entoure le royaume d’une ceinture de villes fortifiées (la fameuse « ceinture de fer ») et d’ouvrages isolés (avec des lignes rasantes, moins vulnérables à l’artillerie). Lille devient avec lui « la reine des citadelles », parmi plus de 30 construites et 300 renforcées. Il crée aussi des ports militaires et commerciaux. Vauban souhaite faire de la France un « pré carré » inviolable : c’est la défense du territoire.
Cet ingénieur de génie s’intéresse aussi aux techniques d’attaque perfectionnées, mais préfère le mortier au canon, plus mobile et moins vulnérable. Pour limiter le nombre de morts, il veut des sièges les plus courts possible. Entre l’attaque et la défense, une anecdote : la seule ville que Vauban n’a pu prendre a été fortifiée par Vauban. C’est peut-être une légende.
« Pour donner du pain aux brigades que je fais marcher, je fais jeûner celles qui restent. »933
Maréchal de VILLARS (1653-1734), 1709
Mémoires du maréchal de Villars (posthume)
1709. Année terrible pour la France. La guerre tourne au désastre après la prise de Lille (1708) et le territoire est menacé. Il y a pire encore. Le Grand Hiver est une catastrophe nationale qui hantera longtemps les mémoires. La Seine a gelé de Paris à son embouchure : transports par eau paralysés, récoltes perdues – même les oliviers dans le Midi – et le prix du blé décuple dans certaines provinces. « Les enfants ne se soutiennent que par des herbes et des racines qu’ils font bouillir, et les enfants de quatre à cinq ans, auxquels les mères ne peuvent donner de pain, se nourrissent dans les prairies comme des moutons » (procureur général du Parlement de Bourgogne). C’est la dernière grande famine de notre histoire.
« Jamais malheur n’a été accompagné de plus de gloire. »935
Maréchal de VILLARS (1653-1734), Lettre à Louis XIV au soir de Malplaquet, 11 septembre 1709
La plus sanglante bataille du siècle de Louis XIV : 30 000 morts. Villars est blessé, mais les troupes royales, inférieures en nombre, ont infligé de lourdes pertes à l’ennemi. La chanson met Marlborough parmi les morts, il fut seulement blessé.
« S’il faut faire la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants. »937
LOUIS XIV (1638-1715), Manifeste au peuple, juillet 1710
Coalisés contre la France, les Alliés exigent que Philippe V (Bourbon, petit-fils de Louis XIV) renonce au trône d’Espagne et, en cas de refus, que Louis XIV le fasse détrôner par ses armées. Le roi de France rend public l’outrage.
Un sursaut national permet un redressement franco-espagnol. Encore quelques années d’une succession de défaites et de victoires (signées Villars). Tous les pays sont épuisés, le pacifisme gagne du terrain en Angleterre, l’issue de cette guerre ne peut être que diplomatique. Les traités d’Utrecht (1713) et de Radstadt (1714) créent un nouvel équilibre européen.
« La plus éclatante victoire coûte trop cher, quand il faut la payer du sang de ses sujets. »941
LOUIS XIV (1638-1715), Lettre à l’intention du Dauphin, août 1715
Écrite peu avant sa mort, confiée au maréchal de Villeroi, ami de toujours, pour être remise à Louis XV à ses 17 ans. Cet arrière-petit-fils n’a que 5 ans, seul héritier survivant après l’hécatombe familiale, malédiction de cette fin de règne.
« Mon enfant, vous allez être un grand roi. Ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour les bâtiments ni dans celui que j’ai eu pour la guerre. Tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis malheureux pour n’avoir pu faire. »943
LOUIS XIV (1638-1715), au futur Louis XV, 26 août 1715
Mémoires (posthume), Saint-Simon
Le roi reçoit le petit Dauphin dans sa chambre. Il lui donne une ultime leçon. La guerre, entreprise et soutenue par souci de grandeur mais aussi par vanité, cause de la ruine des peuples, semble être le grand remords du Roi Très Chrétien.
Louis XIV a une passion pour la guerre et la guerre fait partie de son royal métier. Il se donne les moyens de ses ambitions : grands diplomates, réorganisation militaire menée par son ministre de la Guerre, Louvois, puissante armée de métier, places fortes créées ou renforcées par l’ingénieur Vauban. Une histoire à redécouvrir dans le tome 3 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
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