21 février 1916, la bataille de Verdun commence. Voici l’occasion de commémorer la Grande Guerre (1914-1918). Nous en ferons le récit la semaine prochaine, en six jours, six chapitres : Prologue – Entrée en guerre – Verdun et Pétain – Clemenceau – Victoire – Épilogue. Un florilège de citations, parfois inattendues ou peu connues.
Vous pouvez télécharger gratuitement le petit volume qui lui est consacré (extrait de la IIIe République), avec la photo de Clemenceau, le « Père la victoire », dans les tranchées.
En attendant, quatre mots à méditer sur la guerre, datés du XVIIIe au XXIe siècle.
« Toutes les guerres sont civiles, car c’est toujours l’homme contre l’homme qui répand son propre sang, qui déchire ses propres entrailles. »841
(1651-1715), Les Aventures de Télémaque (1699)
Précepteur de Louis de France, il écrit pour ce prince destiné au trône (mais qui mourra avant Louis XIV). Théologien rival de Bossuet et archevêque de Cambrai, il apporte plus qu’une nuance à la notion de monarchie absolue, critiquant ce règne autoritaire et belliciste. D’où sa disgrâce et l’exil dans son diocèse.
Fénelon se fait l’écho d’un courant pacifiste nouveau, qui annonce les philosophes du siècle suivant : « La guerre épuise un État et le met toujours en danger de périr, lors même qu’on remporte les plus grandes victoires […] On dépeuple son pays, on laisse les terres presque incultes, on trouble le commerce, mais, ce qui est bien pis, on affaiblit les meilleures lois et on laisse corrompre les mœurs. »
« Le nombre infini de maladies qui nous tue est assez grand et notre vie est assez courte pour qu’on puisse se passer du fléau de la guerre. »1216
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme du Deffand, 27 février 1775, Correspondance (posthume)
L’octogénaire écrit fidèlement à sa vieille amie quasi aveugle, femme de salon qui a reçu chez elle tous les artistes en renom du siècle des Lumières.
Voltaire, de santé fragile depuis toujours, vit une époque de paix relative, mais les exemples de guerre abondent en Europe. Et après la désastreuse guerre de Sept Ans contre l’Angleterre, la France prépare sa revanche. Elle va participer à la guerre d’Indépendance des Treize colonies, futurs États-Unis d’Amérique. Turgot s’y oppose : notre pays n’a pas les moyens d’une guerre lointaine et maritime, forcément coûteuse. Mais Vergennes négocie secrètement, Beaumarchais trafique activement, La Fayette rêve avant de s’embarquer à 19 ans sur une frégate louée à ses frais, et les Insurgents reçoivent de l’argent et des armes, dès 1775.
« Une guerre entre Européens est une guerre civile. »2323
Victor HUGO (1802-1885), Carnets, albums et journaux
Guerre franco allemande, désastre de Sedan (1er septembre 1870), chute du Second Empire.
Le plus célèbre exilé politique du XIXe siècle rentre aussitôt en France. Il demande aux Allemands de faire la paix en des termes… hugoliens. Mais pour le chancelier Bismarck, « la force prime le droit » et sa Realpolitik est claire : « Ce n’est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, mais par le fer et par le sang. » Les Prussiens assiègent la capitale à partir du 19 septembre.
La Troisième République, née sous le signe de la guerre et de la défaite, marquée profondément par l’épreuve de la Première Guerre mondiale de 1914-1918, s’écroulera dans le nouveau désastre de 1940.
« Il faut rappeler inlassablement que la paix n’est ni fatale ni même naturelle en Europe. Ce “machin” à 25 nations qui rend toute guerre impossible entre elles est historiquement déjà miraculeux. »2968
Michel ROCARD (né en 1930), point de vue sur l’Europe, paru dans Le Monde du 28 novembre 2003
Rocard le socialiste, européen convaincu et toujours militant pour dire notre « besoin d’Europe », rappelle certaines évidences : « Ce qui s’est fait sous le nom d’Union européenne ne ressemble à rien de connu jusqu’ici. Sans cohésion politique ni identité commune, c’est essentiellement un espace de paix régi par le droit. Il faut rappeler inlassablement… » Arguments comparables du centriste François Bayrou.
Au-delà de l’intérêt économique qu’on peut éternellement discuter, surtout depuis la crise de 2008, l’argument de la paix demeure indiscutable et doit être sans cesse mis en avant pour les nouvelles générations qui n’ont pas connu la guerre ni appris l’Histoire. Le prix Nobel de la paix attribué à l’UE en 2012 consacre cette évidence.
Le « machin » fait allusion à l’expression du général de Gaulle pour qualifier l’ONU, et non l’Europe, qui compte aujourd’hui 28 États membres.
Lire la suite :
- Prologue : la Grande Guerre, « C’est la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite. »
- Entrée en guerre : « La mobilisation n’est pas la guerre. »
- Verdun et Pétain : « Courage ! On les aura ! »
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Commentaires (1)
bravo a fenelon et merci a ce site !!