Siècle de Louis XIV.
Affaire des Poisons, affaires religieuses, affaires culturelles.
Un fait divers devient une affaire d’État qui finit par mettre en cause les plus grands noms, mais Louis XIV va étouffer le scandale. Une guerre religieuse se joue entre le pape et le roi inconditionnellement soutenu par son clergé. Versailles devient la capitale de la France et du monde (civilisé), pour la plus grande gloire du Roi-Soleil, en 1682.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« La duchesse de Bouillon alla demander à la Voisin un peu de poison pour faire mourir un vieux mari qu’elle avait qui la faisait mourir d’ennui. »884
(1626-1696), Lettre, 31 janvier 1680 (posthume)
Le fait divers va devenir affaire d’État – l’affaire des Poisons, première ombre portée au règne du Roi-Soleil. L’infatigable épistolière nous met dans la confidence avec gourmandise (…) Le scandale grandit (…) éclabousse la cour : la duchesse de Bouillon (la plus jeune des nièces de Mazarin), Racine (soupçonné d’avoir empoisonné par jalousie sa maîtresse, la comédienne Du Parc) … et jusqu’à la favorite en titre du roi.
« Toutes les fois qu’elle [Mme de Montespan] craignait quelque diminution aux bonnes grâces du Roi, elle donnait avis à ma mère afin qu’elle y apportât quelque remède. »885
Marie-Marguerite MONVOISIN (1658- ??), belle-fille (et complice) de la Voisin. Le Drame des poisons (1900), Frantz Funck-Brentano
La Voisin (du nom de son mari, le sieur Monvoisin) est connue dans le quartier Saint-Denis (lieu de tous les trafics), comme marchande de beaux effets pour nobles dames, mais aussi avorteuse. Accusée d’avoir pratiqué la sorcellerie et fourni des poisons, elle ne donnera pas le nom de la maîtresse royale, mais sa belle-fille met en cause Mme de Montespan (…)
« S’il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l’est encore davantage de s’y trouver complice d’un grand : il s’en tire et vous laisse payer doublement, pour lui et pour vous. »886
Jean de LA BRUYÈRE (1645-1696), Les Caractères (1688)
(…) L’affaire des Poisons allait compromettre trop de monde. Et Louis XIV est horrifié : sa maîtresse lui aurait donc fait absorber des philtres d’amour, manigancé la mort de Mme de Fontanges (sa nouvelle favorite) et la stérilité de la reine ! Il suspend les interrogatoires, fait brûler les dossiers, Au final, 36 condamnations à mort prononcées et appliquées (…)
« Nous sommes si étroitement attachés à Votre Majesté que rien n’est capable de nous en séparer. »887
Assemblée générale du clergé, Déclaration de 1680 (…)
Cette fois, la guerre est religieuse et se joue entre Louis XIV et le Saint-Siège. Elle a commencé en 1673 et durera vingt ans. Louis XIV, roi de droit divin, tenant son pouvoir de Dieu seul, estime avoir des droits sur les biens de l’Église (…) Innocent XI, 240e pape, s’y oppose, mais le clergé de France (hormis quelques jansénistes) est du côté du roi (…)
« Les papes n’ont reçu de Dieu qu’un pouvoir spirituel. Les rois et les princes ne sont soumis dans les choses temporelles à aucune puissance ecclésiastique. »888
BOSSUET (1627-1704), Déclaration des Quatre Articles, 19 mars 1682
Votée par l’assemblée générale extraordinaire du clergé : l’ingérence du pape dans les affaires de l’Église de France est considérée comme une violation du concordat de 1516 et les libertés de l’Église gallicane sont officiellement proclamées. (…) Il faut éviter l’irréparable, le schisme, la rupture avec Rome, dans une France profondément catholique (…)
« Nous improuvons, déchirons, cassons tout ce qui a été fait dans cette assemblée pour l’affaire de la Régale. »889
INNOCENT XI (1611-1689), Déclaration du 17 avril 1682 (…)
Furieux, il condamne tous les édits relatifs au droit de régale (en cas de vacance et jusqu’à l’installation d’un nouvel évêque, le roi touche les revenus du temporel), avant de refuser l’investiture canonique aux évêques désignés par Louis XIV. Les relations s’enveniment encore en 1688, pour s’apaiser l’année suivante avec Alexandre VIII, le 241e pape, Louis XIV renonçant de son côté à l’application de la Déclaration des Quatre Articles en 1693.
« On nous dit que nos rois dépensaient sans compter,
Qu’ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils.
Mais quand ils construisaient de semblables merveilles,
Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ? »890Sacha GUITRY (1885-1957), Si Versailles m’était conté (film de 1953)
6 mai 1682 : Louis XIV s’installe à Versailles. La ville devient la capitale de la France et le centre du monde civilisé (…) Le roi ne dépense pas sans compter, mais il dépense beaucoup pour les bâtiments en général (…) et particulièrement pour Versailles. L’équipe qui a si bien réussi Vaux-le-Vicomte pour Fouquet est réunie pour réaliser ce chef-d’œuvre de l’art classique à la française (…)
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