Alphonse Karr : « Plus ça change, plus c'est la même chose. »

Citation du jour

« Plus ça change, plus c’est la même chose. »2193

Alphonse KARR (1808-1890), titre de deux recueils d’articles, Les Guêpes, janvier 1849

IIe République. Le journaliste multiplie les pamphlets dans sa revue de satire politique, sans savoir à quel point l’avenir va lui donner raison. La République, volée aux républicains, va déboucher sur le Second Empire.

IIIe République. Clemenceau dénonce la « République des camarades » et ces gouvernements qui se ressemblent tous, faisant appel au même personnel politique.

IVe République. « On prend les mêmes et on recommence. » : la formule salue les changements de gouvernement. Dans un carrousel politique qui rend l’opinion railleuse, sceptique, puis lassée, les mêmes hommes jonglent avec les portefeuilles, les places, les problèmes. Certains, par leur caractère et leur autorité – tels Pinay, Mendès France – ne jouent pas ce jeu politicien, mais le système ne les laisse pas longtemps au pouvoir.

Ve République. Journaliste, créateur de Marianne, Jean-François Kahn en fait un pamphlet : On prend les mêmes et on recommence ? Comme si notre République reproduisait les défauts des précédentes. Plus généralement encore, « L’histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète. » Paul Morand (Fermé la nuit).

« Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique. »2427

Adolphe THIERS (1797-1877), Discours à la Chambre des députés, 24 mai 1873

Contesté pour son parti pris républicain par les monarchistes majoritaires, Thiers réaffirme sa position républicaine.

L’Assemblée vote un blâme contre lui, il offre sa démission – pas obligé, mais sûr qu’on le rappellera, que sa position en sera renforcée. L’Assemblée procède aussitôt à l’élection du nouveau président. La gauche s’abstient et Mac-Mahon, candidat des royalistes, est élu. Thiers a joué, et perdu. Finalement beau joueur.

« C’est bonnet blanc et blanc bonnet. »3111

Jacques DUCLOS (1896-1975), candidat communiste à la présidence, juin 1969

Histoire des présidentielles (2008), Olivier Duhamel

Le Secrétaire général du PC a obtenu un bon score : plus de 21 % des voix. Il parle ici du choix entre Poher et Pompidou, les deux candidats de droite restant en lice au second tour de la présidentielle. Le 2 juin, le PC refuse de choisir « entre Charybde et Scylla » (alias Pompidou et Poher).

L’abstention, massive au second tour (31 %), aura une explication simple pour le PC : les électeurs n’ont pas voulu « avoir à choisir entre la peste et le choléra » - mot de Thorez (en 1934). Troisième façon d’exprimer un choix impossible, ou sans signification. Et Pompidou l’emporte confortablement, avec 58 % des suffrages exprimés.

« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. »3460

Martine AUBRY (née en 1950), citant sa grand-mère, pour critiquer François Hollande, son principal concurrent dans les primaires socialistes, 13 septembre 2011 sur RTL

La candidate à la primaire répond aux questions de Jean-Michel Aphatie. Elle a trouvé du « flou » chez Hollande, lors du débat télévisé qui les opposait la veille. « J’ai bien compris qu’il essayait de passer entre les gouttes quand je lui posais un certain nombre de questions… Ma grand-mère disait : « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup » », a-t-elle poursuivi. « J’ai essayé de mettre le doigt sur certains de ses loups. » Elle l’accuse aussi d’avoir employé « des mots de droite ».

En tout cas, le dicton de la grand-mère court les médias et pimente les discours d’un brin de bon sens populaire. C’est ainsi que naît une vraie citation.

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