Un appel qu’on n’oublie pas - celui de l’abbé Pierre, dont la popularité survit à certaines polémiques.
On retrouve notre général et sa manière personnelle d’interpeller les « Françaises, Français » par voie de referendum, comme les féministes qui ont toujours une cause à défendre. On voit Chirac, plus ou moins bien conseillé, en appelant aux citoyens pour le pire et le meilleur, et l’on salue un grand talent politique qui n’a pas eu le temps de faire carrière, sur un thème toujours d’actualité, l’Europe.
À feuilleter pour tout savoir.
« Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir de froid sur le trottoir du boulevard de Sébastopol. Elle serrait dans ses mains le papier par lequel on l’avait expulsée de son logement. Chaque nuit dans Paris, ils sont plus de deux mille à geler dans la nuit, sans toit, sans pain. »2887
(1912-2007), Premiers mots de l’appel lancé à la radio dans l’hiver 1954
Emmaüs et l’abbé Pierre (2008), Axelle Brodiez-Dolino.
1er février. Ce soir-là, dans un élan de colère, l’abbé Pierre fonce à Radio Luxembourg et s’empare du micro. Ce prêtre catholique a été résistant pendant la guerre et député MRP jusqu’en 1951, avant de renouer avec sa vocation première de prêtre aumônier, dans le cadre du Mouvement Emmaüs, organisation caritative laïque, créée en 1949.
L’abbé demande que le soir même, dans tous les quartiers de Paris, s’ouvrent des centres de dépannage, qu’on y apporte couvertures, paille, pour accueillir tous ceux qui souffrent quels qu’ils soient, et qu’ils puissent y dormir, y manger, reprendre espoir, savoir qu’on les aime, et qu’on ne les laissera pas mourir. C’est la misère des laissés-pour-compte de la croissance économique. Trente ans plus tard, Coluche lancera ses « Restos du cœur ». Le quart-monde existe toujours et chaque époque crée ses nouveaux pauvres, en dépit des minima sociaux et des secours publics.
« Françaises, Français […] j’ai besoin de savoir ce qu’il en est dans les esprits et dans les cœurs, c’est pourquoi je me tourne vers vous par-dessus tous les intermédiaires. En vérité, qui ne le sait, l’affaire est entre chacune de vous, chacun de vous et moi-même. »2997
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 6 janvier 1961
Guerre d’Algérie. Dernière apparition présidentielle avant le référendum du 8 qui demande au peuple français d’approuver le principe de l’autodétermination du peuple algérien. « Oui » : plus de 75 % des suffrages exprimés. Les électeurs n’ont pas suivi les consignes des partis politiques et, comme de Gaulle, ont négligé ces intermédiaires.
« À “laissez-les vivre”, nous répondons “laissez-nous vivre”, laissez-nous décider par nous-mêmes. »3131
MLF, Déclaration au meeting public de la Mutualité, 5 mars 1971
Un commando MLF interrompt le meeting organisé par le professeur Lejeune et l’association « Laissez-les vivre », contre le droit à l’avortement. « Nous voulons des enfants, mais nous voulons les enfants que nous désirons. » La loi Neuwirth (1967) autorise la contraception. Mais la « pilule » ne règle pas tout et bien des femmes ne la prennent pas.
« Nous disons non à une France vassale dans un empire de marchands, non à une France qui démissionne aujourd’hui pour s’effacer demain […] Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre, avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas ! »3186
Jacques CHIRAC (1932-2019), Appel de Cochin, 6 décembre 1978
On prépare les premières élections européennes au suffrage universel. Victime d’un accident d’auto en Corrèze et soigné à l’hôpital Cochin, Chirac lance cet avertissement hors toute réalité, visant l’UDF et la politique du centre droit prônant une Europe fédérale. Cette bombe est surtout une insulte à Barre, à Giscard, à Simone Veil, à des millions de Français.
« France, réveille-toi ! »3297
Philippe SÉGUIN (1943-2010), première tribune contre le traité européen de Maastricht, Le Figaro, 27 novembre 1991
Enjeu majeur, l’Europe devient l’un des thèmes les plus conflictuels. Entre europhiles et europhobes, eurosceptiques et euroréalistes, on trouve surtout les fédéralistes contre les souverainistes, dont Séguin.
« Nous nous engageons à mettre la préoccupation de l’environnement au centre de nos décisions, et à prendre les mesures qui s’imposent pour conjurer des périls qui menacent la survie même de l’Humanité, en particulier celui du changement climatique. Il est temps d’admettre que nous sommes parvenus au seuil de l’irréversible, et que nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre. »3405
Jacques CHIRAC (1932-2019), Appel qui clôt la Conférence de Paris, 3 février 2007
L’écologie et l’environnement, dernier grand combat géopolitique du président qui lui consacre ses dernières forces et la Fondation à son nom. Au-delà des « affaires » malheureuses ou douteuses, il y gagne une ultime popularité.
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