Dans l’histoire de France, le « gouvernement » est une source d’inspiration pour les dirigeants et hommes politiques. D’Adolphe Thiers à Michel Rocard, en passant par Victor Hugo, tous ont essayé de le définir. Leurs citations révèlent une vision pragmatique du gouvernement, avec d’abord la volonté de coller aux réalités de leurs temps. Heureusement, Aristide Bruant dont la carrière politique fut brève prend la chose avec plus de légèreté !
« La République est le gouvernement qui nous divise le moins. »2201
(1797-1877), Assemblée législative, 13 février 1850
L’Empire libéral : Louis-Napoléon et le coup d’état (1897), Émile Ollivier.
Fin de la IIe République. Mais le parti de l’Ordre est au pouvoir, cette majorité satisfait ou rassure, et Louis-Napoléon Bonaparte va s’imposer avec des moyens plus ou moins légaux.
La République et les républicains devront attendre un quart de siècle : fin du Second Empire, guerre franco-allemande de 1870, Commune de 1871 et maintes péripéties politiques avant que la (IIIe) République ne s’installe et ne soit plus remise en question – sauf sous le régime de Vichy, en 1940.
« Situation grave pour le cabinet. / Que faire ? Comment sortir de là ?
Le bon sens répond : par la porte. / Le gouvernement dit : par une loi. »2207Victor HUGO (1802-1885), Avant l’exil (discours 1841-1851)
Auteur célèbre et homme politique passionné, il combat la loi sur la presse votée le 16 juillet 1850. Ces mots pourraient s’appliquer aux autres lois réactionnaires qu’il fustige et qui passent, mais vont réveiller en lui l’homme de gauche : député d’opposition, exilé suite au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, bientôt empereur Napoléon III – ce « Napoléon le Petit » qu’il combattra jusqu’à sa chute, en 1870.
« D’abord faut pus d’gouvernement, / Pis faut pus non pus d’République,
Pus d’Sénat et pus d’Parlement […] / Pus d’lois, pus d’armées, pus d’église,
Faut pus d’tout ça, faut pus rien ! / Alors c’est nous qui s’ra les maîtres… »2546Aristide BRUANT (1851-1925), Plus d’patrons, chanson
L’Argot au XXe siècle (1901), Aristide Bruant, Léon de Bercy
Reflet d’un certain climat social, à partir de 1905 : effervescence ouvrière et hostilité à tout pouvoir. L’anarchisme révolutionnaire fait la loi dans les syndicats et le désordre dans le pays : « C’est nous qui f’ra c’que nous voudrons, / Y’aura pus d’chefs, pus d’contremaîtres, / Pus d’directeurs et pus d’patrons. »
S’il pose les vraies questions - la condition ouvrière -, cette forme d’anarchisme violent ne permet aucune solution. D’où la réaction de Clemenceau, chef du gouvernement, confronté à une dramatique agitation sociale en 1906-1907.
« “ Savoir au juste la quantité d’avenir qu’on peut introduire dans le présent, c’est là tout le secret d’un grand gouvernement ”, écrivait voici un siècle Victor Hugo. »3288
Michel ROCARD (né en 1930), Premier ministre, Discours à la Convention nationale des clubs « Forum et Convaincre », 27 janvier 1990
Fond et forme tranchent sur les discours politiques trop souvent limités à la « petite phrase ». Rocard cite deux autorités morales, Hugo et le président de la République, socialiste élu en 1981 : « Si l’on veut effectivement changer en profondeur la société, il faut savoir, selon la belle expression de François Mitterrand, « donner du temps au temps ». »
Rocard n’aura malheureusement pas le temps de gouverner pour appliquer « son » socialisme à la fois économique et politique.
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