Dixième jour de notre série de citations historiques sur le travail. Travail salvateur invoqué en cas de guerre, quand la patrie est en danger. On peut (presque) tout demander aux hommes - hors la grève qui fait aussi partie du jeu.
« Pacifier, réorganiser, relever le crédit, ranimer le travail, voilà la seule politique possible et même concevable en ce moment. »2355
(1797-1877), présentant son ministère et son programme à l’Assemblée, Bordeaux, 19 février 1871
Questions ouvrières et industrielles en France sous la Troisième République (1907), Pierre Émile Levasseur.
Guerre franco-allemande de 1870-1871. Thiers, 73 ans, est élu député (par 26 départements !) aux élections du 8 février. Il fallait un nouveau gouvernement, issu d’une assemblée régulièrement élue, pour ratifier les préliminaires de paix avec le chancelier allemand (suite à l’armistice). Après la défaite, voilà le second choc pour Paris : le pays est monarchiste et veut la paix. Paris seul a voté républicain en masse, étant représenté par Louis Blanc, Hugo, Gambetta.
L’Assemblée se réunit à Bordeaux le 12 février - Paris étant toujours assiégé. Elle accepte la démission du gouvernement de la Défense nationale et désigne à la quasi-unanimité Thiers chef du pouvoir exécutif de la République. C’est encore du provisoire, car les républicains sont minoritaires. La France ayant d’autres priorités, Thiers, en vieux routier de la politique, s’engage à respecter la trêve des partis et à différer toute discussion sur la forme du régime et la Constitution. Son programme prend le nom de Pacte de Bordeaux. La guerre civile va de nouveau bouleverser le pays et déjouer tous les plans politiques. C’est la Commune de Paris.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Habitants de Paris, l’armée de la France est venue vous sauver. Paris est délivré. Nos soldats ont enlevé, à quatre heures, les dernières positions occupées par les insurgés. Aujourd’hui la lutte est terminée ; l’ordre, le travail et la sécurité vont renaître. »2376
Maréchal MAC-MAHON, commandant en chef. Proclamation affichée le 29 mai 1871
Reste le fort de Vincennes aux mains des insurgés, assiégé par une brigade du général Vinoy. Simple formalité pour les Versaillais. La garnison désarmée se rend, les officiers sont passés par les armes. Thiers télégraphie ce même jour aux préfets, à propos des Parisiens insurgés : « Le sol est jonché de leurs cadavres ; ce spectacle affreux servira de leçon. »
« Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront, / Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions / Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros, / De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez la guerre, / Payez-la de votre peau ! »2599La Chanson de Craonne, printemps 1917
Première Guerre mondiale. Interdite pour son antimilitarisme, la chanson dit les souffrances des soldats révoltés contre les attaques inutiles et meurtrières. Tragédie du Chemin des Dames : 30 000 morts en avril 1917. La « grève des attaques » commence le 2 mai. La répression touche quelque 30 000 mutins ou manifestants, d’où 3 427 condamnations, dont 554 à mort et 57 exécutions.
« C’est sous le triple signe du Travail, de la Famille et de la Patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau. »2763
Pierre LAVAL, « Réunion d’information » des députés, 8 juillet 1940
Seconde Guerre mondiale. Le slogan trinitaire hérité de la Révolution - « Liberté, Égalité, Fraternité » - est trop républicain et remplacé par la trilogie : « Travail, Famille, Patrie ». Tout l’esprit de révolution nationale du régime de Vichy est dans ces mots et la loi constitutionnelle du 10 juillet en prend acte : « Cette Constitution doit garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. »
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