La justice et les juges font la une de l’actu, remis en question à propos des « affaires » qui troublent la campagne électorale de la prochaine élection présidentielle.
Nous avons déjà traité des affaires (cf. indexation) : cas autrement plus graves au fil de l’Histoire, à commencer par l’Affaire (Dreyfus).
En six jours et une trentaine de citations, cette petite histoire de la justice explique l’évolution d’une grande institution qui fonde l’état de droit.
1. Au Moyen Âge.
Hors les périodes d’anarchie, d’invasions et de guerre, la justice est déjà codifiée et le sens de la justice très poussé, au Moyen Âge. Le mérite en revient d’abord à quelques grands rois dont l’Histoire retient légitimement le nom, cependant que l’action de l’Église facilite la prise du contrôle royal sur une France en devenir.
« Toute justice émane du roi. »120
(1536-1617)
Dictionnaire de français Littré, au mot « justice ».
Cet adage fait écho à « Si veut le Roi, si veut la Loi » et reflète la suprématie de la justice royale sur les justices seigneuriales ou municipales. Il devient plus vrai à mesure que des rois comme Louis IX et surtout Philippe le Bel renforcent l’État royal.
Loysel est le disciple de Cujas, juriste célèbre. Avocat, puis procureur général à Paris, humaniste comme beaucoup de lettrés à son époque, c’est le premier penseur de droit français. Il met quarante ans à rédiger son Manuel (1607), recueil de 958 maximes : dans une forme élégante, il fixe les bases du droit français en fusionnant les règles du droit romain et de nombreuses coutumes.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Laissez passer la justice du roi ! »121
Inscription sur les sacs où l’on met les condamnés à mort préalablement étranglés, avant d’être jetés à l’eau
La formule remonte au règne de Charles VI le Fol, en pleine guerre de Cent Ans.
« Les royaumes sans la justice ne sont que des entreprises de brigandage. »69
CHARLEMAGNE citant Saint-Augustin
L’empereur (sacré en 800) fait sienne cette devise et veille à son respect, écoutant les plaideurs et prononçant lui-même la sentence, si une affaire le mérite.
« À justice tenir et à droit rendre, sois loyal et raide [droit] à tes sujets […] et soutiens la querelle du pauvre jusqu’à ce que la querelle soit éclaircie. »218
LOUIS IX à son fils aîné Philippe, vers 1255
Particulièrement soucieux d’une justice équitable, le futur Saint Louis rendant la justice assis sous un chêne n’est pas qu’une image d’Épinal pour livres d’école.
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