Les années Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand
Chronique
L’élection présidentielle de 1969 et la victoire de Pompidou
Il était difficile d’imaginer un successeur à Charles de Gaulle, tant les institutions de la Ve République semblaient taillées sur-mesure. L’ancien Premier ministre Georges Pompidou l’emporte lors du second tour de l’élection présidentielle de 1969 face à Alain Poher, et d’entrée de jeu, Pompidou se démarque de son illustre prédécesseur.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Après la décision du général de Gaulle de renoncer à son mandat, et dans l’incertitude que connaît actuellement le pays, j’ai résolu de me présenter aux suffrages des Français. En le faisant, j’ai le sentiment d’obéir à mon devoir, la volonté de maintenir une continuité et une stabilité nécessaire, l’espoir de préparer l’avenir. »3109
(1911-1974), premier candidat à se déclarer, 29 avril 1969
Raymond Aron écrira (Le Figaro, 6 mai) : « Les événements de Mai [68] ont entamé le prestige du général de Gaulle et forgé la popularité de Georges Pompidou […] A partir de juin 1968, les Français connaissaient désormais une réponse probable a la question : “Après de Gaulle, qui ?” » (…)
« Pendant que M. Poher consulte, que M. Mollet complote et que M. Mitterrand suppute, le maire de Marseille se démasque inopinément et bondit dans l’arène. »3110
Roger-Gérard SCHWARTZENBERG (né en 1943), La Guerre de succession (1969)
Gaston Defferre, maire de Marseille, pose sa candidature à la présidence de la République, des le 29 avril. Il donne même le nom de son futur Premier ministre, Mendès France (…) Au soir du premier tour, le 1er juin, Pompidou arrive en tête, devant Poher, Duclos, Defferre, Rocard, Ducatel, Krivine. Les deux principaux candidats aux prochaines élections (Giscard et Mitterrand) doivent attendre leur heure, pour concourir.
« C’est bonnet blanc et blanc bonnet. »3111
Jacques DUCLOS (1896-1975), candidat communiste à la présidence, juin 1969. Histoire des présidentielles (2008), Olivier Duhamel
Le candidat communiste a obtenu un bon score, plus de 21 % des voix. Il parle ici du choix entre Poher et Pompidou, les deux candidats de droite restant en lice pour le second tour de la présidentielle. Le 2 juin, le PC refuse de choisir « entre Charybde et Scylla » (…) Et Pompidou l’emporte confortablement, avec 58 % des suffrages exprimés. D’Irlande ou il s’est volontairement exilé durant ces élections, le général de Gaulle lui envoie ce télégramme : « Pour toutes raisons nationales et personnelles, je vous adresse mes bien cordiales félicitations. »
« La gauche française, c’est Caroline chérie à perpétuité. Chaste et pourtant flétrie, toujours vierge quoique quotidiennement violée, elle ne cesse de perdre son pucelage et de garder ses illusions. »3112
Gabriel MATZNEFF (né en 1936), La Caracole (1969)
Au vu des résultats, il est cependant difficile à la gauche d’espérer un changement rapide de majorité politique.
L’écrivain notoirement de droite (et impliqué dans une enquête pour pédophilie en 2020) prétend ici écrire son premier livre engagé, mais avec toute liberté de caracoler, tantôt a droite, tantôt à gauche. Quant à la référence littéraire, elle concerne un best-seller de Cécil Saint-Laurent (…)
« La guerre des Républiques est terminée. »3113
Jacques CHABAN-DELMAS (1915-2000), présentant son gouvernement le 23 juin 1969. La Guerre de succession (1969), Roger-Gérard Schwartzenberg
L’UDR soutient ce « baron » du gaullisme qui fut en même temps un des piliers de la Quatrième République.
On lui passe même quelques gestes d’ouverture en direction d’anciens adversaires du Général. Mais la guerre n’est pas finie, entre les partis ! Et les tentatives de séduction du très séduisant Premier ministre vont échouer (…)
« Je suis aujourd’hui un Français parmi d’autres. »3114
Georges POMPIDOU (1911-1974), première conférence de presse du président de la République à l’Élysée, 10 juillet 1969. La Vie politique sous la Ve République (1981), Jacques Chapsal
(…) Face à une centaine de journalistes (au lieu des quelques centaines qu’invitait de Gaulle), il paraît seul avec son Premier ministre et le porte-parole du gouvernement (au lieu du gouvernement au grand complet). Il n’en affirme pas moins « la primauté du chef de l’État, qui lui vient de son mandat national et qu’il est de son devoir de maintenir, à la fois arbitre et premier responsable national » (…)
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