Heurs et malheurs de la démocratie.
« Non vote » tragique, entre guerre franco-allemande et répression de la Commune de Paris.
Sous la Troisième République, l’anarchie s’attaque à l’Assemblée et au président, cependant que le jeu politique est faussé par des pratiques peu républicaines.
« Ce n’est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, mais par le fer et par le sang. »2306
(1815-1898), chancelier de la Confédération d’Allemagne du Nord
Bismarck (1961), Henry Valloton.
Ces mots définissent le Chancelier de fer. « Par le fer et par le sang » est une expression qui lui est chère, tout comme « la force prime le droit » – traduction de sa Realpolitik.
Bismarck a pris à l’Autriche sa place en tête de l’ex-Confédération germanique : la défaite autrichienne à Sadowa (1866) fut un « coup de tonnerre » en Europe. Il veut faire l’unité allemande sous l’égide de la Prusse. Pour cela, il lui faut prouver sa force : écraser la France est le moyen le plus sûr. Il manœuvre pour monter contre elle les États du sud de l’Allemagne et les rassembler dans sa Confédération.
Face au futur chancelier du Reich, il y a Napoléon III. « L’empereur est une grande incapacité méconnue », disait Bismarck en 1864. C’est aussi un homme prématurément vieilli, physiquement atteint et devenu maladivement indécis.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« On ne peut faire deux choses à la fois : tenir un fusil d’une main et un bulletin de vote de l’autre. »2350
Général TROCHU, janvier 1871
On lui doit ce mot sur l’impopularité de certains rôles et l’inconfort de certaines situations historiques : gouverneur militaire de Paris et chef du gouvernement de la Défense nationale, dans la capitale assiégée et révoltée d’une France engagée dans la guerre déjà perdue avec la Prusse. Il aurait fallu un homme d’une autre trempe que Trochu !
« Désormais, ces messieurs sauront qu’ils ont toujours une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête, ils voteront peut-être des lois plus justes. »2510
Auguste VAILLANT, Déclaration à la police qui l’interroge, après l’attentat qu’il a perpétré, le 9 décembre 1893
1892-1894. La flambée anarchiste frappe la France. Vaillant s’est lancé dans la lutte pour faire entendre « le cri de toute une classe qui revendique ses droits ». L’inexistence d’un vrai programme social est une des faiblesses de la Troisième République – jusqu’en 1936 et l’avènement du Front populaire.
« Votons pour Carnot, c’est le plus bête, mais il porte un nom républicain ! »2491
CLEMENCEAU en 1887, Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
« Bête » n’est pas le qualificatif le plus approprié, mais le « Tigre » a la dent dure. En fait, il vote pour le plus inoffensif des présidents - élu, le petit-fils du Grand Carnot de la Révolution mourra en 1894, victime d’un attentat anarchiste, le « crime de Lyon ».
« Je vote pour Pams parce que c’est le plus bête ! »2560
CLEMENCEAU, La Légende du siècle : l’Est républicain, 1889-1989 (1989), Michel Caffier
Ça devient une habitude ! Cette fois, la manœuvre échoue et Poincaré l’emporte aux votes, président du Conseil qui succède à Fallières à la tête de l’État. Ces jeux politiques déconsidèrent la (Troisième) République et le vote.
« Nous voterons pour Deschanel en criant « vive Clemenceau ! ». »2636
Exclamation d’un député. La Vie politique sous la IIIe République : 1870-1940 (1984), Jean-Marie Mayeur
Clemenceau, le « Père la Victoire », voulait la place bien méritée. Le voilà victime à son tour du système. La paix revenue, on peut se passer d’un homme fort et la règle du jeu politique éloigne de la présidence tout personnage risquant de porter ombrage au pouvoir parlementaire.
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