Catherine de Médicis et ses fils : duos et duels.
Une situation familiale complexe et un contexte politico-religieux tragique - les guerres de Religion (voir l’indexation).
La reine, épouse effacée du roi Henri II, acquiert à sa mort une autorité souveraine sur ses fils et manœuvre en Florentine. Mais la Saint-Barthélemy était inévitable.
« Dieu m’a laissée avec trois enfants petits et un royaume tout divisé, n’y ayant aucun à qui je puisse entièrement me fier. »499
(1519-1589), Lettre à sa fille Élisabeth, janvier 1561
Le Siècle de la Renaissance (1909), Louis Batiffol.
Fille de Laurent II de Médicis, elle épousa le futur Henri II et faillit être répudiée pour cause de stérilité pendant onze ans, avant de lui donner dix enfants - dont trois vont être rois. François II, Charles IX, Henri III. Ce sont les trois derniers Valois. Les trois frères se ressemblent à tel point qu’on les confond parfois.
Premier souci, assurer le règne de ses trop jeunes fils, minés par la tuberculose et visés par de sombres prédictions astrologiques. La mort prématurée du premier réjouit un célèbre protestant, ennemi de la France catholique.
« Dieu qui avait frappé le père à l’œil a frappé le fils à l’oreille. »496
Jean CALVIN (1509-1564)
Charles IX (1986), Emmanuel Bourassin
Le « pape de Genève », qui est à la tête de la Réforme, fait en ces termes l’oraison funèbre de François II, mort à 16 ans d’une infection à l’oreille (otite ?), 5 décembre 1560 – un an et demi après Henri II, mort d’un œil crevé dans un tournoi.
Charles IX lui succède à 10 ans, sa mère Catherine de Médicis se retrouve régente. Pas facile d’être femme de pouvoir, au XVIe siècle ! Protestants et catholiques semblent d’accord pour regretter que le pouvoir politique échappe aux hommes : « Ceux-là ont sagement pourvu à leur État qui ont ordonné que les femmes ne vinssent jamais à régner », selon Théodore de Bèze, grand théoricien protestant, rappelant la loi salique. Alors que pour Fournier, prédicateur catholique de Saint-Séverin : « Ce n’est pas l’état d’une femme de conférer les évêchés et les bénéfices. La mère de Jésus-Christ se voulut-elle mêler de l’élection de saint Mathias ? » (élu pour être le douzième apôtre, à la place de Judas).
« Divide ut regnes. » « Divise, afin de régner. »498
CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), maxime politique
Cette maxime énoncée par Machiavel fut celle du Sénat romain, mais aussi de Louis XI et de la régente, en 1560. Après presque trente années d’effacement derrière le roi, les favorites et les conseillers, elle gouvernera la France pendant près de trente autres années, marquées par les guerres de Religion. Elle doit manœuvrer entre les partis, intriguer avec les intrigants contre d’autres intrigants, en digne héritière des Médicis : « Diviser pour régner ».
Elle choisit d’abord la tolérance, incarnée par Michel de L’Hospital, promu chancelier et devenu son principal ministre. Mais la haine est trop forte, les Guise (ultra catholiques) l’emportent et vont déclencher la Saint-Barthélemy.
« Tuez-les, mais tuez-les tous, pour qu’il n’en reste pas un pour me le reprocher. »523
CHARLES IX (1550-1574), 23 août 1572, au château du Louvre
Nouvelle Histoire de France (1922), Albert Malet
Le mot d’ordre vient du jeune roi et il le revendiquera devant le Parlement, convoqué le 26 août. Mais c’est assurément Catherine de Médicis qui a persuadé son fils, elle-même conseillée par les Guise, poussant au massacre des « huguenots » (protestants) : venus à Paris pour le mariage de leur roi Henri de Navarre (futur Henri IV), ils ont envahi les rues, réclamant justice au nom de Coligny, l’Amiral protestant qui vient d’être assassiné.
« Il valait mieux que cela tombât sur eux que sur nous. »529
CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), Lettre à l’ambassadeur de Toscane à propos du massacre de la Saint-Barthélemy
La reine mère est responsable - nul n’ignore son influence sur son fils. L’histoire lui reprochera ces ± 4 000 morts, avant de réviser son jugement. Au point de haine où catholiques et protestants sont arrivés, le choc semblait inévitable et la balance pouvait pencher de l’un ou l’autre côté. Cette forte femme a pu aussi être dépassée par la force des événements !
« En France, il ne peut exister deux rois. Mon frère, il est nécessaire que vous quittiez mon royaume pour chercher une autre couronne ; quant à moi, j’ai déjà l’âge de me gouverner. »537
CHARLES IX (1550-1574), à son frère Henri duc d’Anjou, 1573
Jalousie évidente : le roi n’aime guère ce frère, brillant à la guerre et fils préféré de leur mère. La monarchie étant devenue élective en Pologne, elle a intrigué pour qu’il ait la couronne. Le futur Henri III préférerait rester en France et gouverner de loin sa Pologne, mais Charles IX est trop heureux de le voir partir. À 23 ans, il reste sous l’influence de sa mère. Il meurt l’année suivante, de la tuberculose. Mais aussi du remords qui l’accable, suite à la Saint-Barthélemy. On peut dire que le jeune roi en est la dernière victime, 30 mai 1574.
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