Vieux continent, berceau de la civilisation occidentale, l’Europe regroupe un grand nombre de pays et vit une histoire chaotique depuis l’origine.
Voici quelques repères de l’Europe (vue de France). Une suite de guerres… jusqu’à l’Union européenne aujourd’hui en question. Ce sujet toujours à l’actu mérite bien quelques réflexions…
« Charles, savant, modeste […] maître du monde, bien-aimé du peuple […] sommet de l’Europe […] est en train de tracer les murs de la Rome nouvelle. »70
(vers 740-814) parlant de Charlemagne en 799
Encyclopædia Universalis, article « Europe ».
Poète et historien, ministre, conseiller et ami de Charlemagne, Angilbert finira saint. C’est l’un des principaux acteurs d’une vraie « Renaissance » culturelle au Moyen Âge. À cette époque, la « Rome nouvelle » désigne l’Empire d’Occident reconstitué, soit en gros, au XXe siècle, les six premiers pays du Marché commun, ancêtre de l’Union européenne.
Mais Charlemagne est-il vraiment le « père de l’Europe » ? Les historiens en débattent toujours.
Béni et sacré par le pape en 800, il exerce sur ce vaste territoire une influence personnelle en tout domaine. Son empire, gouverné d’Aix-la-Chapelle, hétérogène, mais avant tout franc, entité politique appuyée sur le christianisme et sur l’équilibre des forces, ne lui survivra pas longtemps.
« Nous ne pourrons être tranquilles que lorsque l’Europe, et toute l’Europe, sera en feu. »1456
Jacques-Pierre BRISSOT (1754-1793), Lettre à Servant, 26 novembre 1792
Sous la Révolution. Brissot est l’un des plus constants partisans de la guerre, parmi les Girondins traditionnellement bellicistes. Les mêmes convictions se retrouvent dans toutes les tendances de l’assemblée, en cet automne combattant.
Hugo rend hommage à cette armée nationale composée (au début) de volontaires : « Ô soldats de l’an deux ! ô guerres ! épopées ! / Contre les rois tirant ensemble leurs épées […] Contre toute l’Europe avec ses capitaines, / Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines, / Avec ses cavaliers, / Tout entière debout comme une hydre vivante, / Ils chantaient, ils allaient, l’âme sans épouvante / Et les pieds sans souliers ! »
Michelet, historien de gauche, se fait tout aussi lyrique : « Par devant l’Europe, la France, sachez-le, n’aura jamais qu’un seul nom, inexpiable, qui est son vrai nom éternel : la Révolution. » Mais pour lui, la Révolution de 1789 aurait dû finir en 1790, sur le Champ de Mars, en son point culminant, le jour de la Fête de la Fédération…
« Il [Napoléon] est le Souverain de l’Europe. »1840
METTERNICH (1773-1859), 1809
Mémoires, documents et écrits divers laissés par le prince de Metternich (1880)
Ambassadeur d’Autriche en France depuis 1806, nommé chancelier et ministre des Affaires étrangères en octobre 1809, il choisit de s’allier à Napoléon – pour mieux l’abattre le moment venu. C’est de bonne guerre. Le jour de son sacre (2 décembre 1804), il avait dit à Pie VII : « Je n’ai pas succédé à Louis XVI, mais à Charlemagne ! »
Cette domination française culmine en 1811 : le Grand Empire comporte 130 départements qui réuniront 45 millions de « Français », plus 40 millions d’habitants des États vassaux (Italie, Espagne, Naples, duché de Varsovie, Confédération du Rhin, Confédération helvétique).
« Il faut que je fasse de tous les peuples de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du monde. »1849
NAPOLÉON Ier (1769-1821), fin 1810, à son ministre Fouché
Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin
C’est le rêve européen, plus tenaillant que jamais. « Ma destinée n’est pas accomplie ; je veux achever ce qui n’est qu’ébauché ; il me faut un code européen, une Cour de cassation européenne, une même monnaie, les mêmes poids et mesures, les mêmes lois… » Les historiens s’interrogent encore aujourd’hui : impérialiste à l’état pur et avide de conquêtes, patriote français voulant agrandir son pays, ou unificateur de l’Europe en avance sur l’histoire ?
Napoléon s’identifie toujours et clairement à Charlemagne, mais le temps n’est plus à ce genre d’empire, les peuples sont devenus des nations, la Révolution de 1789 leur a parlé de Liberté.
L’aventure napoléonienne finira vite et mal : « Les puissances ayant déclaré que l’Empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’Empereur Napoléon, fidèle à ses serments, déclare qu’il renonce, pour lui et pour ses enfants, aux trônes de France et d’Italie, et qu’il n’est aucun sacrifice, même celui de la vie, qu’il ne soit prêt à faire dans l’intérêt de la France. » Abdication du 6 avril 1814, écrite de sa main sur le célèbre guéridon d’acajou de Fontainebleau.
Après les Cent Jours et Waterloo, la seconde abdication sera plus humiliante encore, et définitive.
Notre série de citations sur l’Europe :
- Tocqueville : « [La France] la plus brillante et la plus dangereuse des nations de l’Europe… »
- André Malraux : « Les États-Unis d’Europe se feront dans la douleur… »
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