Restauration
Charles X, ou le retour trop visible de l’Ancien Régime.
Charles X succède à son frère. D’apparence beaucoup plus jeune que son âge (66 ans à son avènement, record français) et en réalité beaucoup plus vieux d’esprit que son feu son frère aîné, le nouveau roi va accumuler les erreurs politiques. Déjà impopulaire sous l’Ancien Régime, il se rend odieux par sa maladresse d’ex-émigré qui « n’a rien oublié ni rien appris ». Il veut un retour radical au passé, rétablit le sacre à Reims, instaure une censure rigoureuse. Entouré de courtisans (souvent d’anciens émigrés comme lui), il ignore tout du pays réel, d’ailleurs mal représenté à l’Assemblée, en raison de la loi électorale (cens élevé).
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« J’aimerais mieux scier du bois que de régner à la façon du roi d’Angleterre. »1996
CHARLES X (1757-1836). Histoire de la Restauration, 1814-1830 (1882), Ernest Daudet
C’est dire sa volonté de s’affranchir de la Charte que Louis XVIII a certes « octroyée » à ses sujets, mais qui comporte des garanties contre les abus de l’Ancien Régime. L’Angleterre reste le modèle de cette monarchie constitutionnelle, chère aux philosophes des Lumières du XVIIIe siècle. Charles X (…) reste un homme de l’Ancien Régime, entouré de courtisans qui font écran entre le roi et son peuple.
« L’époque actuelle sera difficile à expliquer à nos arrière-neveux. »1997
Le Constitutionnel, à propos de la loi sur le sacrilège, avril 1825
Ce journal libéral ne peut qu’être scandalisé par cette loi, proposée le 4 janvier 1825 et votée le 20 avril : les travaux forcés pour le vol d’une œuvre pieuse, la mort si le ciboire contient des hosties, le poing coupé et l’échafaud en cas de profanation. La loi du ministère Villèle passe, malgré l’opposition de fervents catholiques tel Chateaubriand (…)
« Une belle fête costumée à la gothique. »1998
Le mot qui circule dans le pays. Regalia : emblèmes et rites du pouvoir (2012), Bernard Dupaigne, Yves Vadé
À propos du sacre de Charles X à Reims, cérémonie du 29 mai 1825, telle que les tableaux en font foi. Seuls les ultras pavoisent.
« Français que Reims a réunis,
Criez : “Montjoie et Saint-Denis !”
On a refait la sainte Ampoule
Et comme au temps de nos aïeux
Des passereaux, lâchés en foule
Dans l’église volent joyeux […]
Le peuple crie : “Oiseaux, plus que nous soyez sages,
Gardez bien votre liberté !” »1999BÉRANGER (1780-1857), Le Sacre de Charles le simple (1825), chanson
Notre meilleur chansonnier chroniqueur a beau jeu d’ironiser, à l’unisson du peuple, choqué par tant de pompe et par tout ce que cela annonce. Ce sacre reprend tout le cérémonial de l’Ancien Régime (…) Mais le peuple ne peut pas oublier la Révolution et le Code civil. L’opposition va se manifester contre le dernier « roi de France », jusqu’à la prochaine révolution.
« Non seulement Jésus-Christ était fils de Dieu, mais encore il était d’excellente famille du côté de sa mère. »2000
Mgr Hyacinthe-Louis de QUÉLEN (1778-1839), 125e archevêque de Paris (de 1821 à sa mort). Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement (1998), Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière
(…) Membre de la Chambre des Pairs, incarnation de l’Ancien Régime, en plein sermon, il lâcha cette célèbre formule, propre à scandaliser libéraux et républicains. Moins bien vu sous la Monarchie de Juillet qui le considère comme (trop) légitimiste, il demeure archevêque, Dieu merci !
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.