Les années Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand
Le tournant de la rigueur de 1983
Après une année de gestion économico-financière idéologique et de déclarations politiques successives, les socialistes comprennent que tout n’est pas possible : contraintes intérieures et surtout extérieures limitent l’action gouvernementale. Le plan de relance keynésien est abandonné en 1983 au profit d’un plan de rigueur économique, et ce schéma se renouvellera, à l’avenir.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. »3234
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT (né en 1939), ministre de la Recherche et de l’Industrie, qui démissionne le 22 mars 1983
Le mois dernier, en Conseil des ministres, le président Mitterrand a dénoncé la « bureaucratie tatillonne » du ministère conduit par Chevènement. Par ailleurs, il désapprouve la « parenthèse libérale » qui s’annonce (…)
« L’inflation, impôt pour les pauvres, prime pour les riches, est l’oxygène du système. Regardez-le qui s’époumone. »3235
François MITTERRAND (1916-1996), L’Abeille et l’Architecte (1978)
Après la folle générosité des lois sociales, le franc est attaqué de toutes parts. La première mini dévaluation de 3 % n’a pas suffi (4 octobre 1981), ni la nouvelle dévaluation de 5,75 %, (12 juin 1982), même assortie d’un plan de rigueur. C’est l’échec du Programme commun, vaincu par la force des choses économiques.
Et la situation internationale est grave : fuite massive des capitaux, nouvelle dévaluation inéluctable, tous les indicateurs financiers au rouge (…)
Il faut agir dans l’urgence, mais sans quel sens ? Rompre avec la Communauté économique européenne (…) ou prendre le « tournant de la rigueur » pour sauver le franc et la France, comme souhaité par le Premier ministre, Mauroy, le ministre de l’Économie et des Finances, Delors, et le ministre du Budget, Fabius. Ce sera le choix du président de la République (…)
« Nous ne pouvons pas continuer à consommer plus que nous produisons, à acheter plus que nous ne vendons à l’étranger. Depuis trois, quatre ans, la France est dans cette situation. Il faut que cela change, et vite. Il y va de notre indépendance nationale, de la préservation de notre niveau de vie et de la réussite de l’effort que nous faisons pour moderniser notre appareil de production, afin de demeurer dans le peloton de tête des nations. »3236
Jacques DELORS (né en 1925), « Journal de 20 heures », Antenne 2 (archives de l’INA), 25 mars 1983
Rarement ministre a semblé plus mal à l’aise, récitant ses notes, y jetant parfois un regard, regardant peu le journaliste qui l’interroge (bien gentiment), et chargé de faire passer le message « langue de bois » (…)
« Dans le plan de rigueur, il y a trop de mou dans ce qui est dur et trop de dur dans ce qui est mou. »3237
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT (né en 1939), critiquant le plan de rigueur du printemps 1983. L’Événement du jeudi, nos 282 à 285 (1990)
Il y a augmentation des prélèvements obligatoires (…) afin de ponctionner en deux ans près de 68 milliards de francs sur les consommateurs. A cela s’ajoutent une diminution des dépenses budgétaires et un contrôle renforcé des changes pour limiter la fuite des capitaux.
Ce tournant signifie le ralliement à l’économie de marché : inflexion très nette du socialisme français, marquée par un réalisme bizarrement nommé la « culture de gouvernement » (…)
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.