Clemenceau et la guerre : duo-duel historique.
Le Tigre est devenu le Père la Victoire, sans rien perdre de son mordant et de son énergie. En 1917. Il y a tout juste un siècle… Première Guerre Mondiale. Ne l’oublions pas ! Histoire de relativiser notre malaise politique, et même les problèmes internationaux.
« Il ne suffit pas d’être des héros. Nous voulons être des vainqueurs. »2568
(1841-1929), L’Homme libre, 15 juillet 1914
Clemenceau (1968), Gaston Monnerville.
Clemenceau s’exprime dans son propre journal d’opposition, créé en 1913 (rebaptisé L’Homme enchaîné, pendant la guerre). Hostile à la politique de Poincaré et de ses gouvernements successifs, il aura l’occasion de mettre en pratique ses idées, quand le président l’appelle au pouvoir.
« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »2579
Georges CLEMENCEAU (1841-1929)
À 76 ans, il est appelé à la tête du gouvernement et en dernier recours, par le président Poincaré (16 novembre 1917). Jusque-là, le Tigre s’est tenu à l’écart, accablant de sarcasmes les chefs civils et militaires : très opposé à la dictature de fait du maréchal Joffre et aux ministres de la Guerre qui se succèdent – Millerand le premier.
Désormais, plus question de laisser carte blanche au général en chef ! À la tête d’une France divisée, à bout de nerfs et de guerre, devenue défaitiste par lassitude, il va imposer son autorité, à l’armée comme au pays.
« La France est la frontière de la liberté. »2601
Georges CLEMENCEAU (1841-1929) citant ce cri de l’Amérique tant espérée
Le président Wilson, élu en 1912, réélu en 1916, est neutraliste. Le peuple américain aussi, partagé entre une population anglo-saxonne favorable à l’Entente (France et Angleterre), des immigrés d’origine allemande ou irlandaise qui sont contre, et d’autres, juifs et polonais, qui espèrent la défaite de la Russie.
L’Amérique viendra enfin au secours de la France, fin juin 1917, se rappelant sa dette historique au pays qui l’a soutenu dans sa guerre d’Indépendance, en 1783 : « La Fayette, nous voici ! »
« Nous voulons vaincre pour être justes. »2604
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, Déclaration ministérielle du 20 novembre 1917
Appelé le 16 novembre, il forme un gouvernement, accepté le 20 par une très forte majorité de députés. Le « Père la Victoire » exerce une véritable dictature, avec suprématie du pouvoir civil sur le militaire. Il incarne une république jacobine, au patriotisme ardent, animé par la volonté de se battre jusqu’au bout, mais autrement. Il commence, en décembre, par poursuivre les politiciens défaitistes, Malvy, mais aussi et surtout Caillaux, ex-président du Conseil, accusé d’intelligence avec l’ennemi.
« Ma formule est la même partout. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. »2606
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 8 mars 1918
Il s’exprime, à la tribune : « Moi aussi j’ai le désir de la paix le plus tôt possible et tout le monde la désire, il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu’on veut. Ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. » Et la situation est de nouveau grave.
L’Allemagne, sur le front ouest, a reçu le renfort des 700 000 hommes libérés du front russe (après l’armistice des Soviets). Sans attendre que l’Entente (France et Angleterre) reçoive la suite des renforts américains, prévus pour juillet, Hindenburg et Ludendorff vont déclencher la grande bataille de France.
« Je me battrai devant Paris, je me battrai dans Paris, je me battrai derrière Paris ! »2609
Georges CLEMENCEAU (1841-1929), printemps 1918
L’offensive allemande du 27 mai sur le Chemin des Dames (lieu de sanglante mémoire) enfonce en quelques heures les positions franco-anglaises, fait une avancée de 20 km en un jour, franchit bientôt l’Aisne et la Marne.
Foch, un moment contesté, est sauvé par Clemenceau. Les Alliés reçoivent d’Amérique les renforts prévus, en hommes et en matériel. D’où la contre-offensive menée par Foch : seconde bataille de la Marne, déclenchée le 18 juillet. Les chars d’assaut (tanks) sont pour la première fois utilisés à grande échelle. Ils enfoncent les barbelés allemands en un rien de temps. La victoire est plus rapide qu’espéré : la guerre d’usure a physiquement et moralement atteint l’armée allemande, qui commence une retraite générale. Malgré tout, ce ne sera jamais la débâcle, seulement le recul pied à pied, sur le terrain peu à peu reconquis.
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