Pour finir en beauté cette semaine sous le signe de François Ier, voici quelques citations - parmi un florilège consacré à la Renaissance.
Les contemporains ont compris qu’ils vivaient un temps d’exception, dans un pays béni. Les poètes ont naturellement les mots pour dire, Marot donne le ton et la Pléiade s’en donnera à cœur joie.
« Voyez, voyez tout à la ronde Comment le monde rit au monde, Ainsi est-il en sa jeunesse. »386
(1496-1544), Colloque de la Vierge méprisant le mariage (publication posthume)
La Renaissance fait suite aux dix siècles de Moyen Âge et les historiens parleront du « beau XVIe siècle » : de 1480 à 1560. C’est l’aube des temps nouveaux, saluée par Marot, aimable poète et courtisan, et nombre de contemporains : « Ô siècle ! les lettres fleurissent, les esprits se réveillent, c’est une joie de vivre ! » s’exclame l’humaniste Ulrich de Hutten. Seule règle morale de l’abbaye de Thélème chère à Rabelais : « Fais ce que voudras. »
« Avant moi [François Ier], tout était grossier, pauvre, ignorant, gaulois. »387
FÉNELON (1651-1715), Dialogues des morts (1692-1696)
Cet auteur de la fin du XVIIe siècle met en scène et oppose Louis XII et François Ier. Baptisé par Brantôme « Père et vrai restaurateur des arts et des lettres », il incarne la Renaissance, durant ses trente-deux années de règne.
Ce ne sont plus seulement les couvents et les universités qui diffusent la culture ; les cours donnent l’exemple, pratiquant le mécénat, lançant les modes et cultivant le raffinement. « François Ier, découragé des guerres lointaines, veuf de son rêve d’Italie, se fait une Italie française » (Michelet). Il invite Léonard de Vinci et sa Joconde (achetée 4 000 florins d’or, soit 15 kg), puis d’autres artistes prestigieux, Cellini, le Rosso, le Primatice. Favorable à l’esprit nouveau et bien que peu instruit (il ne sait pas le latin), il protège les savants et les écrivains, secondé par sa sœur Marguerite d’Angoulême (future reine au royaume de Navarre), l’une des femmes les plus cultivées du siècle.
C’est dire que Louis XII se trompait, en parlant de son petit-cousin et successeur : « Ce gros garçon gâtera tout. »
« Le Grec vanteur la Grèce vantera / Et l’Espagnol l’Espagne chantera
L’Italien les Itales fertiles, / Mais moi, François, la France aux belles villes. »388RONSARD (1524-1585), Hymne de France (1555-1556)
Le jeune « écuyer d’écurie » entre dans la carrière des lettres et anime la Pléiade. L’éloge de la France est un thème classique : expression d’un sentiment national profond, sensible en d’autres lieux, mais sans doute plus intense en cette terre bénie des dieux, faite d’équilibre et de charme. Après la Renaissance, le danger revenu avec les guerres étrangères et civiles, Ronsard se fera poète engagé, avec des chansons déjà patriotiques et ses Discours enflammés.
« France, mère des arts, des armes et des lois ! »390
Joachim DU BELLAY (1522-1560), Les Regrets (1558)
Autre poète de la Pléiade, inspiré par l’amour du pays et renonçant à la carrière militaire pour les vers. La trilogie « des arts, des armes et des lois » résume l’histoire de cette époque si riche, si contrastée : « Le dialogue tour à tour sanglant et serein qu’on appela Renaissance » (Malraux, Les Voix du silence). « L’aimable mot de Renaissance ne rappelle aux amis du beau que l’avènement d’un art nouveau et le libre essor de la fantaisie ; pour l’érudit, c’est la rénovation des études de l’Antiquité ; pour les légistes, le jour qui commence à luire sur le discordant chaos de nos vieilles coutumes » (Michelet, Histoire de France).
« Le peuple par la longueur de la paix est tant multiplié. »406
Claude DE SEYSSEL (vers 1450-1520)
Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby
L’économie et la démographie sont également favorables. Malgré les guerres à venir, le nombre jouera pour la France, jusqu’à la fin de la période napoléonienne.
Dans ses frontières du XVIe siècle, le pays compte 15 à 18 millions d’habitants – contre 12 millions pour l’Italie, 8 pour l’Espagne, 5 pour l’Angleterre et l’Écosse réunies, et moins de 15 pour l’Allemagne. « Plusieurs lieux et grandes contrées qui souloient estre [étaient habituellement] inutiles et en friche ou en bois sont à présent tous cultivés et habités de villages et de maisons. » Cette richesse en hommes, en plus du sentiment national très fort qui les unit, va permettre au pays de surmonter bien des épreuves à venir.
La Renaissance est à l’honneur dans le tome 2 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € seulement le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.