« Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »1428
(1759-1794), Législative, 2 septembre 1792
Discours de Danton, édition critique (1910), André Fribourg.
Fin du discours célébrissime, improvisé, avec des mots propres à galvaniser le peuple et ses élus. Il faut rappeler le contexte tragique : la France en guerre, la patrie (et la toute jeune République) plus que jamais en danger.
Ces mots vont malheureusement déclencher les massacres de septembre et Danton en est responsable. Voilà pourquoi le personnage suscite autant d’admiration que de haine.
« L’audace sur le front, le rire de la débauche sur les lèvres, la férocité de son visage dénonce celle de son cœur ; il emprunte inutilement de Bacchus une apparente bonhomie et la jovialité des festins ; l’emportement de ses discours, la violence de ses gestes, la bestialité de ses jurements le trahissent. »
« L’audace sur le front, le rire de la débauche sur les lèvres, la férocité de son visage dénonce celle de son cœur ; il emprunte inutilement de Bacchus une apparente bonhomie et la jovialité des festins ; l’emportement de ses discours, la violence de ses gestes, la bestialité de ses jurements le trahissent. »1298
Mme ROLAND (1754-1793), Mémoires (posthume)
Ce texte, écrit par la condamnée à mort dans la prison de l’Abbaye en 1793, comporte une part de vérité. Cela dit, Mme Roland déteste viscéralement Danton, l’ennemi politique de son mari et de tous les Girondins, emprisonnés en attendant la guillotine. C’est donc un témoignage totalement à charge.
À l’autre bout de l’échiquier politique, Saint-Just fait le reproche inverse dans son réquisitoire contre Danton. Classé parmi les « Indulgents », le voilà accusé de modération, un crime sous la Terreur : « Tes formes robustes semblaient déguiser la faiblesse de tes conseils. »
Danton restera difficile à cerner, très changeant et en cela humain. N’a-t-il pas dit : « Qui hait les vices hait les hommes » et n’est-ce pas là une autre définition de l’indulgence qui l’oppose absolument à Robespierre ?
« Avec un tempérament de boucher, il a un cœur d’homme […] Avec les emportements d’un clubiste, il a la lucidité d’un politique. »1296
Hippolyte TAINE (1828-1893), Les Origines de la France contemporaine (1881)
L’historien a le recul du temps et ne s’en tient pas à la caricature. Il retouche le portrait de Danton et précise : « Il n’est pas dupe des phrases ronflantes qu’il débite, il sait ce que valent les coquins qu’il emploie ; il n’a d’illusion ni sur les hommes, ni sur les choses, ni sur autrui, ni sur lui-même. »
En cela, il diffère de la plupart des révolutionnaires volontiers idéalistes, qu’ils soient de droite ou de gauche – des termes qui prennent un sens, en cette époque tourmentée.
« Danton fut l’action dont Mirabeau avait été la parole. »1295
Victor HUGO (1802-1885), Quatre-vingt-treize (1874)
On l’appelait « le Mirabeau de la populace ». Comme Mirabeau, Danton, c’est une « gueule », un personnage théâtral. Mais contrairement à Mirabeau, « Danton, comme Robespierre et Marat, est une création de la Révolution. Il jaillit de l’immense événement sans aucun préavis » (Mona Ozouf).
Il faut vraiment de tout pour faire la Révolution, et d’abord un extraordinaire « casting », résumé par Hugo dans Les Misérables (1862) : « Pour que la Révolution soit, il ne suffit pas que Montesquieu la présente, que Diderot la prêche, que Beaumarchais l’annonce, que Condorcet la calcule, qu’Arouet la prépare, que Rousseau la prémédite ; il faut que Danton l’ose. »
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