« S’il est bon de faire des lois avec maturité, on ne fait bien la guerre qu’avec enthousiasme. »1287
(1759-1794)
Histoire parlementaire de la Révolution française ou Journal des Assemblées nationales (1834-1838), P.J.B. Buchez, P.C. Roux.
Avocat de métier, orateur des heures tragiques, préoccupé de la Défense nationale du pays, il sera aussi ministre de la Justice. Il incarne cette époque qui pare au plus pressé contre l’ennemi intérieur ou étranger, mais sait en même temps légiférer pour les générations à venir. Même aptitude remarquable chez Napoléon Bonaparte.
« Nul, quand la patrie est en danger, nul ne peut refuser son service sans être déclaré infâme et traître à la patrie. »1426
DANTON (1759-1794), Législative, 2 septembre 1792
Patrie plus que jamais en danger ! La Fayette, accusé de trahison, est passé à l’ennemi. Dumouriez a démissionné de son poste de ministre pour le remplacer à la tête de l’armée du Nord, mais le général ne parvient pas à établir la jonction avec Kellermann, à Metz. Verdun vient de capituler, après seulement deux jours de siège : les Prussiens sont accueillis avec des fleurs par la population royaliste !
L’Assemblée prend peur et veut se replier sur la Loire, mais Danton appelle à la levée en masse : « Une partie du peuple va se porter aux frontières ; une autre va creuser des retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l’intérieur de nos villes. » C’est le grand homme de cette période : substitut de la Commune de Paris et ministre de la Justice, il a tous les pouvoirs. Et le génie du verbe, quand la tragédie l’inspire : « Le tocsin qui sonne n’est point un signal d’alarme, c’est la charge contre les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. »
« Le peuple veut se faire justice lui-même de tous les mauvais sujets qui sont dans les prisons […] Je me fous bien des prisonniers : qu’ils deviennent ce qu’ils pourront ! »1431
DANTON (1759-1794), à Grandpré, collaborateur du ministre de l’Intérieur Roland
La Révolution française (1928), Pierre Gaxotte
La rumeur court d’un complot des prisonniers, prêts à massacrer les patriotes à l’arrivée (imminente, dit-on) des Austro-Prussiens. On arrête 600 suspects qui rejoignent 2 000 détenus en prison. La presse parisienne titre : « Il faut purger les prisons et ne pas laisser de traîtres derrière nous en partant pour les frontières. »
Grandpré, inspecteur des prisons, informe Danton du danger couru par les prisonniers. Danton parle d’un « sacrifice indispensable pour apaiser le peuple de Paris. » Quelques dizaines de sans-culottes font irruption à la Conciergerie, l’Abbaye. À la Force, la princesse de Lamballe, confidente de la reine, est dépecée par les émeutiers, sa tête plantée sur une pique promenée sous la fenêtre de Marie-Antoinette, prisonnière au Temple.
Les massacres du 2 au 6 septembre 1792 font quelque 1 500 morts (sur 3 000 prisonniers). Des « droits commun » sont égorgés en même temps que les « politiques », nobles et prêtres.
« Nous avons le droit de dire aux peuples : vous n’aurez plus de rois. »1444
DANTON (1759-1794), Convention, 28 septembre 1792
La France est toujours en guerre, mais la victoire de Valmy (20 septembre) a changé la donne, la République est proclamée le lendemain. L’orateur ajoute, pour être plus clair encore, que « la Convention doit être un comité d’insurrection générale contre tous les rois de l’univers. » Rien qu’en Europe, cela fait beaucoup d’ennemis en puissance aux nouveaux maîtres de la France ! La guerre de défense se transforme en guerre d’idéologie et bientôt de conquête. Cela provoquera la riposte des rois et empereurs voisins, coalisés contre la France.
Pour certains historiens, la Révolution, forte de ses bonnes intentions, va inventer la « guerre totale », visant la destruction de l’ennemi avec recours à la mobilisation en masse, entraînant le peuple dans une spirale infernale.
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