Siècle des Lumières. Règne personnel de Louis XV.
Fin de règne.
Des ministres tentent de s’attaquer aux abus les plus criants, réformant l’armée dont les chefs sont incapables de conduire une guerre, la fiscalité absurde au point de ne faire payer que les pauvres ! Maupeou réussit même, par édits de 1771, à supprimer les parlements, principaux foyers d’opposition multipliant les remontrances. Cette « révolution royale » voulait la fin des privilèges. L’expérience tourne court, à la mort du roi : après un règne de presque soixante ans, Louis le Bien-Aimé finit haï du peuple, enterré sous les huées.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Les Français sont inquiets et murmurateurs, les rênes du gouvernement ne sont jamais conduites à leur gré […] On dirait que la plainte et le murmure rentrent dans l’essence de leur caractère. »1190
Dauphin LOUIS, futur LOUIS XVI (1754-1793), Réflexions sur les entretiens avec le duc de La Vauguyon
Il s’entretient avec son gouverneur, au lendemain du coup d’État royal de 1770. Après la disgrâce de Choiseul (23 décembre 1770), le « triumvirat » Maupeou-Terray-d’Aiguillon est au pouvoir jusqu’à la mort de Louis XV, qui soutient ses trois ministres, et réaffirme : « Je ne changerai pas. » (…)
« Nos Français sont en pleine paix, et nous n’avons pas le sou. »1191
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Catherine II, 14 janvier 1772, Correspondance (posthume)
La conjoncture économique et agricole des quatre dernières années du règne est difficile – il y aura même des émeutes de la faim, en 1773. La France se refait une armée, une marine, mais les impôts ne cessent d’augmenter. Les affaires de Voltaire sont cependant prospères, dans la région de Ferney.
« Madame, vous avez là deux cent mille amoureux. »1192
Duc de BRISSAC (1734-1792), gouverneur de Paris, à Marie-Antoinette, 8 juin 1773 (…)
Le vieux courtisan lui montre la foule immense venue l’acclamer pour son entrée solennelle à Paris. La Dauphine de France découvre le peuple se pressant dans les jardins de Versailles pour l’entrevoir. Cet excès de popularité a retardé de trois ans son entrée dans la capitale – elle s’est mariée avec le Dauphin le 16 mai 1770, à Versailles (…) Plus dure sera la chute, sous la Révolution (…)
« Si les corps des enfants ne sont plus oppressés par des ressorts de baleine, si leur esprit n’est plus surchargé de préceptes, si leurs premières années du moins échappent à l’esclavage et à la gêne, c’est à Rousseau qu’ils le doivent. »1193
Marquis de CONDORCET (1743-1794), en 1774. Lettres d’un théologien, Œuvres complètes de Condorcet, volume X (1804)
Disciple des physiocrates, auteur de plusieurs articles d’économie politique dans l’Encyclopédie, ce philosophe et mathématicien, qui jouera un rôle politique sous la Révolution, rend ainsi hommage à l’auteur de l’Émile (publié en 1762). Les idées des philosophes parfois ont changé la vie, avant de révolutionner la France.
« Quelque maladie qu’aient les princes, jamais ce qui les entoure, ni les médecins, ne conviennent qu’ils soient mal que lorsqu’ils sont morts. La flatterie et la politique les conduisent jusqu’au tombeau. »1194
Baron de BESENVAL (1721-1791), Mémoires de Besenval (posthume, 1805)
Tout s’est passé comme à la mort de Louis XIV. On cache au roi la gravité de son mal – la petite vérole (variole). Il est d’autant plus crédule qu’il croit l’avoir déjà eue, et sa peur terrible du diable lui fait écarter l’idée même de la mort. Après une semaine d’atroces souffrances (…) la bougie allumée sur le rebord du balcon royal à Versailles est soufflée par son valet : le roi est mort, le 10 mai 1774.
« Ami des propos libertins,
Buveur fameux, et roi célèbre
Par la chasse et par les catins :
Voilà ton oraison funèbre. »1195Chanson à la mort de Louis XV (1774). Vie privée de Louis XV, ou principaux événements, particularités et anecdotes de son règne (1781), Mouffle d’Angerville
« On l’enterra promptement et sans la moindre escorte ; son corps passa vers minuit par le bois de Boulogne pour aller à Saint-Denis. À son passage, des cris de dérision ont été entendus : on répétait « taïaut ! taïaut ! » comme lorsqu’on voit un cerf, et sur le ton ridicule dont il avait coutume de le prononcer » (Lettre de la comtesse de Boufflers).
« Le silence des peuples est la leçon des rois. »1196
Abbé de BEAUVAIS (1731-1790), évêque de Senez, Oraison funèbre de Louis XV, prononcée le 27 juillet 1774 en la basilique de Saint-Denis
Au terme d’un règne de soixante-quatre ans, Louis le Bien-Aimé est mort et enterré dans l’indifférence générale, selon la version officielle – la plus clémente (…) Le discours funèbre est jugé irrespectueux, et le prédicateur doit se retirer dans son évêché – l’un des plus modestes de France. Il sera élu député du clergé, en 1789 (…)
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