Louis XIII et Richelieu. Duo plus que duel ! Le roi et son ministre, parfaitement complémentaires, ne sont rien l’un sans l’autre et cette dépendance n’est pas toujours facile à « gérer ».
Agissant ensemble au nom de la raison d’État et pour le bien de la France, ils déjouent tous les complots du règne et inventent une forme de gouvernement originale, le « ministériat ».
« Appauvri d’âme et de sang, le fils [d’Henri IV] traîna, bâilla sa vie ; et le plus grand service qu’il ait rendu à la France est d’avoir maintenu Richelieu au pouvoir. »679
(1813-1888), Revue des deux mondes (15 août 1876)
Louis XIII a toujours eu besoin d’un second (favori ou ministre), pour gouverner à ses côtés. C’est d’abord Luynes, promu duc, pair, connétable de France, gouverneur de Picardie, qui va co-diriger les affaires du royaume. Belle promotion pour le fauconnier royal – certes, Louis XIII adore la chasse. Mais quand même, tant d’honneurs et de pouvoir !
Après sa mort, le roi trouve le grand conseiller de son règne dans la coterie de ceux dont il se méfie tant : les favoris de la reine mère. Comprenant les vertus politiques de Richelieu, il le soutiendra contre tous les comploteurs voulant sa place et/ou sa peau ! L’ardente amitié du jeune roi devient confiance totale, estime immense. À deux, un roi qui se veut absolu et un ministre fidèle qui agit en son nom et en accord avec lui, ils inventent une forme de gouvernement : le ministériat.
Louis XIII n’est donc pas le roi fantoche parfois dépeint ! Mais il fait partie de la longue liste de « ces malades qui nous gouvernent ». La tuberculose dont il mourra l’épuise presque tout au long de sa vie.
« Les sources de l’hérésie et de la rébellion sont maintenant éteintes. »702
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642), Lettre au roi Louis XIII, août 1629, après la prise de La Rochelle
Quinze mois de siège, les trois quarts des habitants ont péri (22 500 morts) et l’on n’ose pas fêter cette amère victoire des Français contre des Français ! Pour Richelieu, la raison d’État justifie ces moyens contre le dernier bastion protestant.
L’édit de grâce (ou paix) d’Alès, accordé aux rebelles le 28 juin 1629, laisse aux protestants la liberté de leur culte et confirme l’édit de Nantes, mais leur ôte tous les privilèges militaires et politiques. C’est la fin de ce dangereux « État dans l’État ». Le texte de l’édit souligne l’espoir du roi, lui-même très pieux, d’un prochain retour des réformés à l’Église catholique, et les conversions vont se multiplier chez les Grands. D’où le constat de Richelieu.
Ces Grands demeurent malgré tout une source de rébellion. Et le parti dévot, avec la reine mère (ultra catholique), ne peut accepter la paix faite à ces conditions.
« Assurez-vous toujours de mon affection qui durera jusqu’au dernier soupir de ma vie. »703
LOUIS XIII (1601-1643), Lettre à Richelieu, 16 octobre 1629
Vie de Louis XIII (1936), Louis Vaunois
Richelieu sera nommé « principal ministre d’État », le 21 novembre, duc et pair de France le 26. Et quand l’affection ne sera plus ce qu’elle est, la fidélité à cette parole donnée demeure, même si Richelieu craint toujours le brusque revirement pouvant tout réduire à néant : sa mission, sa politique, sa carrière, sa fortune.
Richelieu va avoir plus que jamais besoin de l’appui du roi, dans l’année qui vient et marque un tournant du règne.
« C’est le plus grand serviteur que jamais la France ait eu. »706
LOUIS XIII (1601-1643), défendant le cardinal contre sa mère au lendemain de la journée des Dupes, le 11 novembre 1630
Marie de Médicis a tenté de perdre Richelieu. Elle l’avait introduit auprès du roi, espérant son soutien au parti dévot et à l’Espagne catholique. Et voilà qu’il s’allie aux protestants allemands, pour contrer la puissante maison des Habsbourg.
Avec la reine Anne d’Autriche, elle a profité d’une grave maladie du roi (tuberculeux et de santé fragile) pour l’éloigner de son ministre et obtenir sa future disgrâce, en septembre 1630, à Lyon.
Le 10 novembre, en son palais du Luxembourg, elle presse son fils de tenir parole. Richelieu, craignant le pire, trompant la vigilance des huissiers, entre par une porte dérobée. Elle l’accable de sa colère et ses injures. Le roi, bouleversé, se retire sans un mot, sans un regard pour son ministre. La cour croit à une arrestation imminente, les courtisans se pressent autour de la reine mère. « C’est la journée des Dupes » : le mot de Bautru (protégé du cardinal) fait le tour de Paris.
Le lendemain, le roi est à Versailles. Richelieu, convoqué, se croit perdu et se jette à ses genoux. Louis XIII le relève, le prie de rester, exile Marie de Médicis à Compiègne. C’est la déroute du parti dévot. Richelieu a gagné.
« Comme les femmes n’ont pas de voix en l’Église, je suis de l’opinion des anciens et modernes qui croient qu’elles n’en doivent point avoir en l’État. »707
Cardinal de RICHELIEU (1585-1642)
Vie de Louis XIII (1936), Louis Vaunois
Propos misogyne, certes, mais avis fondé, si l’on songe au rôle de Marie de Médicis et d’Anne d’Autriche, adversaires du cardinal et le plus souvent nuisibles à la France, au temps de leur régence comme de leur règne.
Le « ministériat », couple formé par le roi protégeant son ministre et le ministre régnant sur son roi, triomphe de toutes les oppositions, fait la France plus forte, rayonnante en Europe par ses arts et par ses lettres. Un duo à retrouver dans le tome 2 des Chroniques de citations historiques (Feuilletez les 20 premières pages de notre livre électronique).
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € seulement le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.