De Gaulle-Pétain : suite et fin du duel.
Chacun des deux militaires poursuit sa guerre avec le même entêtement, jusqu’à la fin de ce conflit devenu littéralement mondial. L’équilibre des forces va changer en faveur du général de Gaulle et l’histoire « finit bien ».
« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! »2767
(1890-1970), Affiche placardée sur les murs de Londres le 3 août 1940
La France n’a pas perdu la guerre : discours et messages (1944), Charles de Gaulle.
Cette phrase célèbre ne figure pas dans l’Appel du 18 juin. Elle est l’attaque d’une proclamation rédigée sans doute le même jour, mais affichée le mois suivant dans la capitale du seul pays qui continue la lutte. Signé par le général de Gaulle depuis son QG situé 4 Carlton Garden à Londres, ce nouvel appel s’adresse « À tous les Français », militaires et civils, quelles que soient leur profession, leur origine sociale, et où qu’ils se trouvent.
Tirée à 1 000 exemplaires, l’affiche est placardée sur les murs de Londres et des grandes villes anglaises. Le slogan, surmonté de deux petits drapeaux croisés, devient célèbre. Saint-Exupéry, dans ses Écrits de guerre, se permet de rectifier : « Dites la vérité, Général, la France a perdu la guerre. Mais ses alliés la gagneront. »
« J’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration. »2772
Maréchal PÉTAIN (1856-1951), Annonce faite aux Français, 30 octobre 1940
Rencontre historique à Montoire, entre le chef de l’État français et le Führer du Reich allemand, le 24 octobre. Pétain est-il dupe d’Hitler, ignorant que « la servitude n’engendre jamais qu’une plus grande servitude », comme dira de Gaulle ? Et que devait être cette « collaboration » dans son esprit déjà fatigué ? Simple routine administrative et économique déjà imposée dans les faits depuis l’armistice ? Collaboration plus poussée, politique, diplomatique, un jour même militaire, contre l’Angleterre ? Ou, plus grave, adhésion idéologique à la doctrine nazie dont nul ne peut plus ignorer les fatalités criminelles ? L’histoire ne le dit pas, Pétain non plus.
Deux choses sont sûres. Il prend la responsabilité de son attitude : « Cette politique est la mienne… C’est moi seul que l’histoire jugera. » Et il accentue la division des Français, renforçant les collaborateurs dans la voie de la collaboration (avec le Rassemblement national populaire, créé à Paris le 24 janvier 1941) et les résistants dans celle de la Résistance, encore diffuse, inorganisée, mais diverse, populaire et quotidienne.
« C’est une révolution, la plus grande de son Histoire, que la France trahie par ses dirigeants et ses privilégiés a commencé d’accomplir. »2790
Charles de GAULLE (1890-1970), Discours du 1er avril 1942
Le mouvement de Londres prend le contre-pied du gouvernement de Vichy. Vichy est viscéralement de droite, la France libre se pose naturellement à gauche. À la réaction fasciste de la « révolution nationale » répond la rénovation démocratique de la « révolution républicaine ».
De Gaulle précise : « Il se crée une France entièrement nouvelle dont les guides seront des hommes nouveaux. Les gens qui s’étonnent de ne pas trouver parmi nous des politiciens usés, des académiciens somnolents, des hommes d’affaires ménagés par des combinaisons, des généraux épuisés de grades, font penser à ces attardés des petites cours d’Europe qui pendant la Révolution française s’offusquaient de ne pas voir siéger Turgot, Necker et Loménie de Brienne au Comité de salut public. » Au cœur de la guerre, il prépare la paix et l’avenir.
« Je sais mal ce qu’est la liberté, mais je sais bien ce qu’est la libération. »2810
André MALRAUX (1901-1976), Antimémoires (1967)
La libération de la France (métropolitaine) a commencé par la Normandie. Le général de Gaulle est arrivé le 14 juin à Bayeux, première ville libérée par les Alliés (le 8), pour affirmer sa qualité de chef du gouvernement.
Le mur de l’Atlantique étant percé, les forces alliées, après le raid de Patton en Bretagne, progressent vers la Seine. La division Leclerc débarque le 1er août. La libération de Paris apparaît comme l’urgence numéro un aux yeux des Français. Paris occupé s’impatiente. Jusqu’au 25 août. Toute la France sera libre, début mai 1945.
« Un fou a dit « Moi, la France » et personne n’a ri parce que c’était vrai. »2709
François MAURIAC (1885-1970)
Encyclopædia Universalis, article « France »
En résumé… Simple général de brigade à titre temporaire, Charles de Gaulle en 1940, seul et contre le destin, refuse la défaite entérinée par le gouvernement légal de la France face à l’Allemagne nazie, continue la lutte dans l’Angleterre toujours en guerre, mobilise des résistants, combattants français de plus en plus nombreux à entendre cette autre voix de la France parlant espoir et grandeur, se fait reconnaître non sans peine des Alliés, déchaîne des haines et des passions inconditionnelles et permet à la France d’être présente au jour de la victoire.
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