Les partis, vus et vécus par de Gaulle.
C’est toute une histoire dans l’Histoire, ponctuée de citations très parlantes, mais avec tous les paradoxes passés, présents… et futurs ? En tout cas, l’ennemi déclaré des partis politiques a logiquement créé le sien.
« Le régime des partis, c’est la pagaille. »2842
(1890-1970), entretien télévisé avec Michel Droit, 15 décembre 1965
Discours et messages : pour l’effort, août 1962-décembre 1965 (1970), Charles de Gaulle.
Constat maintes fois répété. La Quatrième République pèche comme la Troisième par ses partis : trop puissants, ou plutôt impuissants, archaïques, aboutissant à un régime d’assemblée tyrannique. Mais il n’y a pas de démocratie sans pluralité des partis.
La « pagaille » de ce régime vient surtout du fait que le gouvernement, piégé entre les oppositions gaulliste et communiste, tente de s’appuyer sur une « troisième force » centriste (MRP, socialistes SFIO). De Gaulle, rappelé au pouvoir, dressera ce bilan en juin 1958. « Le régime des partis […] se montrait hors d’état d’assurer la conduite des affaires. Non point par incapacité ni par indignité des hommes. Ceux qui ont participé au pouvoir sous la Quatrième République étaient des gens de valeur, d’honnêteté, de patriotisme. »
Par la suite, le créateur de la Cinquième République ne changera pas d’avis. Mais les circonstances seront différentes et de Gaulle fera toujours preuve d’un respect (démocratique) des partis, quoiqu’en aient pu dire ses adversaires, Mitterrand en tête.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« Chacun, quelle que fût sa tendance, avait, au fond, le sentiment que le Général emportait avec lui quelque chose de primordial, de permanent, de nécessaire, qu’il incarnait de par l’Histoire, et que le régime des partis ne pouvait pas représenter. »2862
De GAULLE, Mémoires de guerre, tome III, Le Salut (1959)
Le président du Gouvernement provisoire démissionne : désaccord avec le PC sur la Constitution de la Quatrième République et mise en cause du système des partis.
« Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France. »2973
De GAULLE, Interview radiotélévisée, 15 décembre 1965
Incarner la France, c’est aussi pour de Gaulle une façon de s’opposer aux partis qu’il méprise. Il n’est pas centriste, il n’est pas à côté des partis, il est au-dessus.
« Si votre réponse est « non », comme le voudraient tous les anciens partis afin de rétablir le régime de malheur, ainsi que tous les factieux pour se lancer dans la subversion, de même si la majorité des « oui » est faible, médiocre et aléatoire, il est bien évident que ma tâche sera terminée aussitôt et sans retour. »3013
De GAULLE, Discours, 18 octobre 1962
C’en est fini du consensus national né de la guerre d’Algérie. Le « cartel des Non » à de Gaulle regroupe tous les « vieux partis. » Le oui au référendum (élection du président au suffrage universel) fera 62,25 % des suffrages.
« Vous avez scellé la condamnation du régime désastreux des partis. »3014
De GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 7 novembre 1962
Le président prend acte du « oui » et se satisfait d’un taux d’approbation plutôt moyen. Il serait supérieur aujourd’hui, tant les Français se sont approprié cette élection de leur président au suffrage universel.
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