Petite histoire de la presse. Quatrième épisode : Retour périodique de la censure et résistance républicaine.
Parallèlement à la liberté de la presse et à son essor également irrésistible au XIXe siècle, la censure se manifeste sous diverses formes plus ou moins sévères, au fil des changements de régime et de gouvernement. On retrouve toujours quelques grandes voix pour s’en indigner.
Paradoxe de l’histoire, la Deuxième République ne sera pas plus libérale que la Restauration, la Monarchie de Juillet ou le Second Empire. La preuve ?
« Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or, pour jouir du droit de parler ; nous ne sommes pas assez riches. Silence au pauvre. »2177
(1782-1854), Le Peuple Constituant, 11 juillet 1848
Derniers mots du 134e et dernier numéro du journal qui cesse de paraître, en raison d’un cautionnement imposé à la presse.
Prêtre en rupture d’Église, Lamennais est devenu un démocrate humaniste. Élu député à l’Assemblée constituante, siégeant à l’extrême gauche, il était rédacteur en chef de ce journal né avec la Deuxième République. Il se retire de la vie politique et meurt en 1854. Sa dernière volonté, que son corps soit conduit directement au Père-Lachaise, pour être enterré « au milieu des pauvres et comme le sont les pauvres. »
George Sand, Michelet, Hugo ont dit et répété ce qu’ils doivent aux idées de Lamennais, à son cœur et son courage militants.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« La Cour rend des arrêts, et non pas des services. »2001
SÉGUIER, réponse au garde des Sceaux lui demandant d’arranger les choses, dans un procès contre la presse, janvier 1826
« Autant proposer une loi en un seul article, qui dirait : L’imprimerie est supprimée en France au profit de la Belgique. »2002
PÉRIER à propos du projet de loi sur la police de la presse, Chambre des députés, 29 décembre 1826
Mot également attribué à Royer-Collard, autre député libéral sous la Restauration.
« C’est la leçon d’un père qui laisse toujours percer sa sollicitude à travers sa sévérité ou pour mieux dire sa prévoyance. »2007
Le Moniteur, 24 juin 1827
C’est en ces termes que ce journal officiel parle du rétablissement de la censure, par ordonnance !
« C’est parce que je veux la souveraineté nationale dans toute sa vérité que je veux la presse dans toute sa liberté. »2206
HUGO, Assemblée législative, 9 juillet 1850
Infatigable défenseur des libertés, il s’oppose ici à la loi sur la presse qui va rétablir le timbre et le cautionnement.
« La censure quelle qu’elle soit me paraît une monstruosité, une chose pire que l’homicide ; l’attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. La mort de Socrate pèse encore sur le genre humain. »2225
FLAUBERT, Lettre à Louise Colet (1852)
La répression a touché d’abord la presse républicaine. La plupart de ses journaux ont disparu. Suivent quatre décrets de février et mars 1852, qui enlèvent en fait toute liberté à la presse, placée sous contrôle du ministère de la Police.
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