Au siècle des Lumières, la « bande des quatre philosophes » et l’Encyclopédie marquent un progrès de civilisation : critique du régime établi, éclosion des idées nouvelles, formation d’une opinion publique dûment « éclairée ». Dieu n’est plus si Dieu…
Mais un nouveau terrorisme va naître, sous la Révolution : extrémisme de la Terreur (1793-1794), annonciateur d’une extrême gauche forte de ses principes, particulièrement violente. Et les attentats politiques se multiplient, visant le chef de l’État, avec des dommages collatéraux sanglants.
« Le fanatisme est une peste qui reproduit de temps en temps des germes capables d’infester la terre. »1057
(1713-1784), Encyclopédie, article « Christianisme »
Frère de Voltaire par la pensée, il écrit dans l’article Intolérance : « L’intolérant est un méchant homme, un mauvais chrétien, un sujet dangereux, un mauvais politique et un mauvais citoyen. »
Phrase étonnamment prémonitoire du terrorisme fanatique qui frappe le monde au XXIe s. Mais en attendant, deux siècles d’extrémisme politique vont succéder aux Lumières et trahir l’essentiel de cette philosophie tolérante.
« Écrasons l’infâme. »1020
VOLTAIRE (1694-1778)
Dictionnaire de français Larousse, au mot « infâme »
Formule souvent reprise, notamment dans ses lettres à d’Alembert et aux autres encyclopédistes. L’infâme, c’est l’intolérance (religieuse) sous toutes ses formes, la superstition, le fanatisme, ce contre quoi le premier philosophe des Lumières se battra toute sa vie, par la plume et l’action (naturellement non violente). « J’aime le grand Voltaire autant que je déteste le grand Rousseau… Son « Écrasons l’infâme » me fait l’effet d’un cri de croisade. Toute son intelligence était une machine de guerre. » (Flaubert)
« Nous sommes intraitables, comme la vérité, inflexibles, uniformes, j’ai presque dit insupportables comme les principes. »1311
ROBESPIERRE (1758-1794), Discours du 5 février 1794
Dictateur, détenteur de la Vérité absolue, fervent lecteur de Rousseau, voilà le personnage dont l’histoire garde le souvenir, associé à la Terreur. « La Terreur est à l’ordre du jour », par décret du 5 septembre 1793 : politique de salut public et dictature de la Convention montagnarde, pour triompher des ennemis intérieurs et extérieurs. La révolte est écrasée dans le sang en Vendée (guerre civile des Bleus contre les Blancs, 160 000 civils exécutés, début 1794).
La « boucherie de députés » s’emballe, la dictature jacobine frappe à gauche comme à droite et se renforce avec le Tribunal révolutionnaire, la loi des Suspects. « Liberté, que de crimes on commet en ton nom », a dit Mme Roland au pied de l’échafaud. Cependant que Fouquier-Tinville se réjouit, en accusateur public : « Les têtes tombaient comme des ardoises ». Le coup d’État du 9 Thermidor arrête le massacre : « La justice est à l’ordre du jour. »
« L’air est plein de poignards. »1741
Joseph FOUCHÉ (1759-1820), mi-janvier 1804
Fouché (1903), Louis Madelin
Fin du Consulat. Bien que n’étant plus ministre de la Police, Fouché apprend la présence de Pichegru à Paris, général traître, évadé du bagne. Cadoudal est complice, chef chouan charismatique, déjà impliqué dans l’attentat de la rue Saint-Nicaise, fin 1800. Le général Moreau s’est plus ou moins joint au complot, s’estimant mal payé des services rendus au pouvoir, mais refusant de servir les royalistes. Ces hommes ont le projet d’enlever le Premier Consul. Bonaparte informé, la capitale est mise aussitôt en état de siège. Et le duc d’Enghien va le payer de sa vie, alors qu’il n’est pour rien dans le complot. Cet assassinat est « pire qu’un crime, c’est une faute ! »
« Je vis dans une défiance continuelle. Chaque jour, on voit éclore de nouveaux complots contre ma vie. Les Bourbons me prennent pour leur unique point de mire ! »1742
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), à son frère Joseph
Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux
Ce n’est pas une paranoïa de dictateur. De son propre aveu, le comte d’Artois (futur Charles X) entretenait 60 assassins dans Paris ! Et c’est lui qui a nommé Cadoudal, réfugié à Londres, lieutenant général des armées du roi, en 1800.
Le plus grave attentat date du soir de Noël 1800. Au passage du carrosse menant Bonaparte à l’Opéra, explosion de la « machine infernale » – tonneau de 200 livres de poudre et rempli de clous. 22 morts, une cinquantaine de blessés, 46 maisons détruites, tout le quartier Saint-Honoré sens dessus dessous.
Notre série de citations sur le terrorisme :
- Arnaud Amaury : « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens ! »
- Pasqua : « Nous allons terroriser les terroristes. »
- Deniau : « … le 11 septembre 2001 marque l’entrée dans le XXIe siècle. »
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