Le siècle des Lumières, si bien nommé, met en vedette ses philosophes (ex penseurs, sages, et plus tard « intellectuels »). Dans ce siècle relativement pacifique (1715-1789) entre le Siècle de Louis XIV et la Révolution, les têtes d’affiche de l’Histoire se nomment Voltaire et Montesquieu, Rousseau et Diderot.
« Que les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes, ou quand les philosophes seront rois ! »1058
(1713-1784), Encyclopédie, article « Philosophe »
Diderot cite ici l’empereur Antonin. Affichant son humanisme et sa culture, il cite aussi (en latin) : « Je suis homme, et rien d’humain ne me paraît étranger. » Sa morale n’est plus individuelle, mais sociale : la seule qui importe, qui contribue au bonheur de l’espèce, de « la grande famille humaine ».
Philosophie humaniste, très moderne en cela, elle se veut également positive, optimiste à l’image du siècle des Lumières et de ses philosophes. L’avenir sera meilleur.
« Prenons-y garde, nous aurons peut-être un jour à nous reprocher un peu trop d’indulgence pour les philosophes et pour leurs opinions. La philosophie trop audacieuse du siècle a une arrière-pensée. »1246
LOUIS XVI (1754-1793), Lettre à M. de Malesherbes, 13 décembre 1786
Malesherbes, directeur de la librairie (chargé de surveiller la publication des livres et donc responsable de la censure) a voulu la presse plus libre, aidé les philosophes à répandre leurs idées, permis à l’Encyclopédie de paraître, malgré le Parlement hostile. Plusieurs fois disgracié, il reviendra au Conseil du roi en 1787 et sera l’un de ses avocats en 1792.
Louis XVI manifeste ici une prise de conscience tardive : les Lumières sont déjà répandues dans une opinion publique avide de réformes. D’autres contemporains critiquent (et craignent) les philosophes.
« Les philosophes sont plus anatomistes que médecins : ils dissèquent et ne guérissent pas. »996
RIVAROL (1753-1801), Fragments et pensées philosophiques (posthume)
Bel esprit caustique vis-à-vis des beaux esprits de son temps, écrivain politique bientôt défenseur de la monarchie, il voit comme tout lecteur des Lumières la vertu révolutionnaire des idées de ces philosophes - globalement non révolutionnaires.
Bien plus critique, le duc de Castries : « Cela veut raisonner de tout, et n’a pas mille écus de rente. » Le duc (cité par Stendhal dans Le Rouge et le Noir) parle avec dédain de Rousseau (le plébéien) et d’Alembert (le bâtard) – il aurait pu en dire autant de Diderot (le bohème). Leur vocation encyclopédique va de pair avec une curiosité universelle et une culture tout terrain. Quant à de Castries, également marquis, maréchal de France, ministre, gouverneur et député à l’Assemblée des notables (1788), il se fera remarquer à la veille de la Révolution par son hostilité à toute réforme.
La marquise du Deffand, qui tient salon durant quarante ans et aide fidèlement les encyclopédistes, apostrophe Voltaire dans une lettre du 28 décembre 1765 : « Mais, Monsieur de Voltaire, amant déclaré de la vérité, dites-moi de bonne foi, l’avez-vous trouvée ? Vous combattez et détruisez toutes les erreurs ; mais que mettez-vous à leur place ? »
« Les hommes sensés n’imputeront jamais à la philosophie les horreurs commises en son nom sous le régime de la Terreur. »1535
Abbé GRÉGOIRE (1750-1831), Écrits sur les Noirs (1789-1808)
Député, révolutionnaire et républicain, il tient toujours le langage de la raison et de l’humanité. L’Histoire prouve que le destin des idées échappe à leurs auteurs, autant que les inventions scientifiques.
Montesquieu et Voltaire ne sont absolument pas des révolutionnaires. Diderot non plus, mais il remet en question la monarchie absolue de droit divin, fondement de l’Ancien Régime. Rousseau va beaucoup plus loin. Son Contrat social sera le livre de chevet de Robespierre et sa dénonciation du principe de la propriété annonce le socialisme du XIXe siècle, voire le communisme révolutionnaire.
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