« Une guerre interminable, c’est celle du peuple qui veut être libre, et du roi qui veut commander. »1064
(1713-1784), Principes de politique des souverains
Vue prophétique. Chacun à sa façon, tous les philosophes du siècle ont d’ailleurs annoncé la Révolution, sans la vouloir et sans le savoir. C’est dans cet esprit qu’il faut les relire pour mieux les apprécier.
« Le prince tient de ses sujets mêmes l’autorité qu’il a sur eux ; et cette autorité est bornée par les lois de la nature et de l’État. »1061
DIDEROT (1713-1784), Encyclopédie, article « Autorité politique »
Voici la négation formelle de la monarchie de droit divin qui prévaut dans la France de l’Ancien Régime. Et la conséquence est clairement exposée : « Le prince ne peut donc pas disposer de son pouvoir et de ses sujets sans le consentement de la nation et indépendamment du choix marqué dans le contrat de soumission. »
Dans l’article Pouvoir, Diderot reprend la même idée : « Le consentement des hommes réunis en société est le fondement du pouvoir. » Cela renvoie au Contrat social de Rousseau.
« Un despote, fût-il le meilleur des hommes, en gouvernant selon son bon plaisir commet un forfait. C’est un bon pâtre qui réduit ses sujets à la condition des animaux. »1062
DIDEROT (1713-1784), Entretiens avec Catherine II
Paradoxe signé Diderot : une reconnaissance éperdue envers Catherine II de Russie, qui lui a acheté sa bibliothèque – lui en laissant la jouissance – pour lui permettre de doter sa fille. Devenu courtisan de la tsarine, il va perdre son indépendance. Il correspondait avec elle, il va la voir en Russie, entonne les louanges de la « Sémiramis du Nord », lui trouvant tour à tour « l’âme de César […] l’âme de Brutus […] avec toutes les séductions de Cléopâtre ». Il se voit déjà bouleversant tout dans l’empire russe.
La même illusion aveugla un temps Voltaire face au roi de Prusse, Frédéric II. Le despote éclairé est-il un oxymore du Siècle des Lumières ?
« Un État chancelle quand on en ménage les mécontents. Il touche à sa ruine quand on les élève aux premières dignités. »956
DIDEROT (1713-1784), Principes de politique des souverains (1774)
Paradoxe majeur du siècle de tous les paradoxes : les privilégiés luttent contre le régime, s’opposant à toute réforme, et c’est sur eux que le pouvoir s’appuie. Le philosophe est meilleur juge de la situation sociale et politique : « Je vois tant d’illustres fainéants se déshonorer sur les lauriers de leurs ancêtres, que je fais un peu plus de cas du bourgeois ou du roturier ignoré qui ne se gonfle point du mérite d’autrui. » La bourgeoisie du temps est réputée laborieuse, économe et sévère autant que la noblesse est gaspilleuse, jouisseuse et corrompue.
Cette nouvelle classe qui s’enrichit se montre aussi avide de confort matériel que de « Lumières » philosophiques. C’est une nouvelle clientèle pour les artistes et les artisans, un nouveau public pour les théâtres et les concerts. Diderot la donne en exemple, Chardin la peint, Marivaux la met en scène. L’impopularité de la bourgeoisie viendra au siècle suivant, avec son règne économique.
Diderot en citations :
- Diderot : « Dire que l’homme est un composé de force et de faiblesse… »
- Diderot : « Il est très important de ne pas prendre de la ciguë pour du persil… »
- Notre Chronique consacrée au siècle des Lumières (livre électronique)
À ce rythme - 4 citations par jour - les 10 Chroniques de l’Histoire en citations sont à vous dans trois ans. Encore trois ans et vous aurez aussi le Dictionnaire. Mais que de temps perdu !
Faites un tour dans la Boutique, feuilletez les 20 premières pages de chaque volume et voyez si ça vaut le coût (4 € le volume).
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.