Mourir en SOLDAT, dans l’exercice de son métier fatalement risqué, avec le sens de l’honneur, du devoir toujours présent, et parfois le regret de n’être pas allé au bout de son destin.
« Je ne regrette en mourant que de n’avoir pas chassé tout à fait les Anglais du royaume comme je l’avais espéré ; Dieu en a réservé la gloire à quelque autre qui en sera plus digne que moi. »314
(1320-1380), son mot de la fin, le 13 juillet 1380
Histoire de Bertrand du Guesclin (1787), Guyard de Berville.
C’est aussi un chrétien qui parle, mais avant tout un formidable capitaine… Le connétable assiège la place forte de Châteauneuf-de-Randon (Lozère). Victime d’une congestion brutale, il remet son épée au maréchal de Sancerre, pour qu’il la rende au roi dont il demeure « serviteur et le plus humble de tous ». Restent aux Anglais la Guyenne (Aquitaine), Brest, Cherbourg, Calais.
Le gouverneur anglais de la ville avait dit qu’il ne se rendrait qu’à lui : il déposera les clefs de la cité, sur son cercueil. Du Guesclin voulait être enterré dans sa Bretagne natale, mais Charles V ordonne que sa dépouille rejoigne celle des rois de France, en la basilique de Saint-Denis. Insigne et ultime honneur.
« Monsieur, il n’y a point de pitié en moi, car je meurs en homme de bien. Mais j’ai pitié de vous, de vous voir servir contre votre prince, et votre patrie, et votre serment. »452
BAYARD (vers 1475-1524), à l’ex-connétable de Bourbon, 30 avril 1524
Mortellement blessé en couvrant la retraite de l’armée française au passage de la Sesia en Piémont, il reproche à Charles de Bourbon d’être passé lieutenant dans le camp de Charles Quint, le plus grand ennemi de François Ier.
La vie de Bayard sera écrite, entre autres, par son écuyer qui signe le Loyal Serviteur. À cette race de « chevalier sans peur et sans reproche » s’applique bien la phrase de Montaigne : « La plus volontaire mort, c’est la plus belle. » Dans la littérature de ce XVIe siècle qui renaît et rayonne, entre Moyen Âge et période classique, en ce siècle plein de bruits, de fureurs, de guerres, la mort revient comme un thème obsédant et fascinant.
« Allez dire au Premier Consul que je meurs avec le seul regret de n’avoir pas assez fait pour la postérité. »1706
DESAIX (1768-1800), au jeune Lebrun, son aide de camp, mot de la fin à Marengo, 14 juin 1800
Frappé d’une balle, au commencement de la charge de sa division, le général a juste le temps de dire ces mots… Rallié à la Révolution, il se distingua dans l’armée du Rhin. Il accompagnait Bonaparte en Égypte et fut chargé de l’organisation du Fayoum : son gouvernement lui valut le surnom de Sultan juste.
C’était un valeureux compagnon de route pour Bonaparte qui a pu apprécier l’homme et le militaire, dans la campagne d’Égypte. Certains historiens dénonceront son mépris de la vie humaine, mais il ne ménage pas la sienne : « Qu’est-ce qu’un homme après tout ? », dit-il.
« Dieu merci, j’ai bien fait mon devoir. »1806
Amiral NELSON (1758-1805), touché à mort, à bord du Victory, 21 octobre 1805
Napoléon, voulant débarquer en Angleterre, a chargé l’amiral Villeneuve d’attirer la flotte anglaise de Nelson vers les Antilles, avant de revenir en Manche. Ce plan a échoué. Villeneuve se retrouve bloqué à Cadix. Sur ordre de l’empereur, Villeneuve va sortir, mais Nelson fait de même. La Nelson touch, autrement dit le « coup de Trafalgar », manœuvre habile, permettra à l’amiral anglais de triompher, le 21 octobre 1805.
La flotte française est anéantie. Cette victoire navale assure désormais la maîtrise des mers à l’Angleterre. Mais sur terre, Napoléon enchaînera les victoires avec la Grande Armée.
« Vive le roi ! »1796
Georges CADOUDAL (1771-1804), dernier cri du premier des condamnés à être guillotiné place de Grève, 25 juin 1804
Chouan de grand tempérament, que Napoléon aurait bien recruté, mais qui préféra mourir avec ce mot qui est également très politique. Sin vœu sera exaucé sous la Restauration, avec le retour de la monarchie.
Héros de la guerre de Vendée, rallié après la Révolution au comte d’Artois (futur Charles X), Cadoudal fut le chef des deux principaux complots contre Bonaparte sous le Consulat : l’attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, et la dernière conspiration déjouée au début de l’année 1804. Certains condamnés seront graciés, mais pas Cadoudal, leur chef.
« Soldats, droit au cœur ! »1965
Maréchal NEY (1769-1815), commandant lui-même son peloton d’exécution, 7 décembre 1815
Berryer, son avocat, n’a pas pu sauver le « Brave des Braves », coupable de s’être rallié à l’empereur sous les Cent-Jours, alors qu’il s’était engagé à ramener « l’usurpateur dans une cage de fer ». Il est à présent victime désignée de la Terreur blanche, cette réaction ultra qui effraie le roi lui-même.
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