Proudhon et le socialisme. Sa théorie vit à l’épreuve des faits et semble dépassée par la violence.
Idée majeure du XIXe s., le socialisme, né utopique (avec Fourier et Saint-Simon), bientôt en concurrence avec le marxisme, se durcit au fil des révolutions (jusqu’à la Commune de Paris), mais aussi dans les grèves et les syndicats ouvriers.
« Nous dont la lampe, le matin, Au clairon du coq se rallume, Nous tous qu’un salaire incertain Ramène avant l’aube à l’enclume […] Aimons-nous et quand nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde, Que le canon se taise ou gronde Buvons, buvons, buvons À l’indépendance du monde ! »2117
(1821-1870), parole et musique, Le Chant des ouvriers (1846)
Muse populaire : chants et poésies (1858), Pierre Dupont.
Proudhon et Marx se sont rencontrés durant l’hiver 1844-45. Ils ne se sont pas vraiment entendus, mais le fait reste historique. Ce chant résonne déjà comme un appel à une conscience de classe. Dupont, ex-apprenti canut, est l’un des premiers chansonniers de la classe ouvrière, remarqué par Hugo pour son talent, ses convictions républicaines. Il va fréquenter le milieu artistique parisien, avant de retourner à Lyon et de finir à la rue, clochard et alcoolique.
« La Révolution, après avoir été tour à tour religieuse, philosophique, politique, est devenue économique […] La Révolution de février a posé le droit au travail, c’est-à-dire la prépondérance du travail sur le capital. »2184
Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865), Toast à la révolution du 17 octobre 1848
Le droit au travail, proclamé au début de la IIe République en février 1848, est reconnu dans la nouvelle Constitution de novembre. La question sociale est définitivement à l’ordre du jour.
« Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle Assemblée nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent. »2164
Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865), Les Confessions d’un révolutionnaire (1849)
Nul mieux que cet homme du peuple ne mérite le titre de « représentant du peuple ». Le plus célèbre socialiste de France critique ses confrères, à commencer par les socialistes, étant lui-même très critiqué, sur le fond et la forme de ses premiers discours, lus à la tribune. Hugo en fait un portrait cruel (Choses vues). C’est pire avec le futur Napoléon III. Paradoxalement, Louis-Napoléon Bonaparte éprouve les mêmes difficultés que Proudhon, en entrant dans cette arène politique. Il s’en sortira bien différemment ! Quant à Hugo, c’est le plus éloquent des orateurs. Ces trois hommes, élus députés aux élections complémentaires du 4 juin 1848, entrent ainsi le même jour à l’Assemblée constituante.
« Si la démocratie ouvrière, satisfaite de faire l’agitation dans ses ateliers, de harceler le bourgeois et de se signaler dans des élections inutiles, reste indifférente sur les principes de l’économie politique qui sont ceux de la révolution, il faut qu’elle le sache, elle ment à ses devoirs et elle sera flétrie un jour devant la postérité. »2239
Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865), De la capacité politique des classes ouvrières (posthume)
Il parle en socialiste dépassé par les événements : le mouvement ouvrier est plus sensible au marxisme qui prêche collectivisme et lutte de classes. La révolution politique devient une étape de la révolution sociale et l’Empire qui soutient le capitalisme est l’ennemi à abattre. En 1860, Proudhon saluera le tournant libéral du régime : « L’Empire a fait un demi-tour à gauche. » Satisfaire les classes populaires permettrait d’échapper aux castes de droite en s’appuyant sur les masses : stratégie conforme aux idées sociales de l’empereur. Mais le « demi-tour à gauche » n’empêche pas la chute du régime.
« Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera célébré à jamais comme le glorieux fourrier d’une société nouvelle. Ses martyrs seront enclos dans le grand cœur de la classe ouvrière. »2385
Karl MARX (1818-1883), La Guerre civile en France (1871)
Hommage du militant révolutionnaire à la Commune de Paris (printemps 1871), même si le théoricien socialiste émet des réserves. Le mouvement ouvrier français restera marqué par les conséquences de la Commune : vide dans le rang de ses militants, haine des victimes contre les bourreaux, force du mythe qui s’attache à jamais au nom de la Commune.
« [La Commune] fut dans son essence, elle fut dans son fond la première grande bataille rangée du Travail contre le Capital. Et c’est parce qu’elle fut cela avant tout qu’elle fut vaincue et que, vaincue, elle fut égorgée. »2384
Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste, 1789-1900, volume XI, La Commune, Louis Dubreuilh (1908)
Jaurès juge en historien et en socialiste. Il sera toujours du côté du Travail et des travailleurs. N’excluant pas le recours à la force insurrectionnelle, il aurait été Communard, malgré son pacifisme. Paradoxes de l’histoire et des idées.
« C’est à la violence que le socialisme doit les hautes valeurs morales par lesquelles il apporte le salut au monde moderne. »2406
Georges SOREL (1847-1922), Réflexions sur la violence (1908)
Penseur socialiste influencé par Marx et Proudhon, mais aussi Nietzsche et Bergson, Sorel oppose au libéralisme et au réformisme démocratique (à la Jaurès) un anarcho-syndicalisme qui mythifie la violence, notamment la grève générale. Il inspire à la CGT son slogan : « La grève générale révolutionnaire et violente pour la révolution sociale intégrale ». Ce syndicalisme anarchique et outrancier coupe le syndicat du pays et n’aide pas la solution des conflits sociaux.
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